Assemblée : Le RMA pourrait laisser deux commissions législatives à l’opposition


La répartition des commissions intérieures de l'assemblée doit avoir lieu au plus tard lors de la deuxième séance de la session administrative, le 21 avril. Le RMA est en position de rafler la mise.
PAPEETE, 5 avril 2016 - La répartition des présidences de commissions intérieures de l’assemblée doit être faite au plus tard le 21 avril prochain, lors de la deuxième séance de la session administrative. En dépit de sa confortable majorité, le groupe RMA pourrait laisser deux commissions à l’opposition.

Avec l’ouverture de la session administrative de l’assemblée, le 14 avril prochain, se jouera aussi la répartition des présidences à la tête des commissions intérieures de la 3e institution polynésienne. Un comité de majorité du groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA) doit statuer, en début de semaine prochaine, sur la ligne de conduite qu’adoptera le groupe des pro-Fritch vis-à-vis de ce partage.

La présidence de deux commissions pourraient être abandonnée à l’opposition : celle de l’Equipement au Tahoera’a et celle de l’Agriculture à l’UPLD qui perdrait ainsi la commission de l’Education au bénéfice du RMA. Pour le reste, une consultation en interne au sein du RMA a validé la reconduction parmi les pro-Fritch de chaque élu actuellement en poste.

L’UPLD aurait manifesté son intention de conserver une présidence. Au Tahoera’a Huiraatira, on semble résigné : "On n’a pas trop le choix", a commenté mardi la présidente du groupe. "On est dans l’opposition ; c’est eux qui décident. Pour l’instant on est devant un grand point d’interrogation". Quant à la légitimité pour le RMA de conserver un maximum, voire toutes les commissions législatives : "Il suffit de regarder l’historique de l’assemblée", déclare Teura Iriti. "Quand on a la majorité, il est de bonne guerre de tirer un maximum vers soi".

Le RMA dispose aujourd’hui, avec son effectif de 30 représentants sur les 57 que compte l’assemblée, de l’assurance d’être majoritaire dans toutes les commissions législatives, c’est-à-dire aussi de la possibilité d’en prendre toutes les présidences.

Histoire de gros sous

En avril 2015, la répartition des présidences de commissions avaient été le fruit d’ententes entre les groupes, les élus pro-Fritch ne disposant que d’une majorité relative. Résultat, le RMA n’est actuellement majoritaire que dans quatre des neuf commissions législatives (Ressources marines ; Logement ; Equipement ; et Agriculture). Mais avec sa majorité absolue, le groupe peut dorénavant compter sur au moins cinq représentants sur neuf, dans chaque commission législative. Une situation qui offre pour l’exercice à venir au RMA la certitude de délibérations favorables au sein ces instances. Et à la clé, cette majorité lui permet également de disposer des présidences de commissions à sa guise, et des 12,67 millions Fcfp annuels de crédits collaborateurs alloués à chacune d’entre elles.

Car, en plus de l'influence qu’une telle maîtrise apporte sur les travaux parlementaires de la représentation polynésienne, s'ajoute cette donnée économique non négligeable. Chaque présidence de commission donne droit à une allocation mensuelle en crédits collaborateurs de 1,056 million Fcfp à son titulaire. Cette somme vient en plus des 528 000 Fcfp déjà versés au même titre à chacun des 57 représentants élus de Tarahoi, dont les présidents de commissions sont nécessairement issus.

En 2013, avec sa majorité de 38 représentants, le groupe Tahoera’a Huiraatira avait fait main basse sur les 177,4 millions Fcfp de dotations annuelles complémentaires prévues à ce titre par le règlement intérieur de l’assemblée. Soit, en plus des neuf présidences de commissions législatives, la présidence de la commission permanente, celle de la Commission de contrôle budgétaire et financier (CCBF), ainsi que sur les trois postes de vice-présidents de l’assemblée, ouvrant également droit aux 12,67 millions Fcfp annuels de crédits collaborateurs à leur titulaire.

Avec la nouvelle répartition des forces, favorable au RMA, dans quelques jours les deux groupes d’opposition de l’assemblée pourraient ainsi se voir retirer les trois présidences de commission qu’ils tiennent encore, sans que cela surprenne. Mais "Edouard Fritch est favorable à l’ouverture", nous fait-on observer à la présidence. "Il l’a montré à plusieurs reprises depuis son élection". Aussi, le RMA devrait-il prendre beaucoup, mais pas tout.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 5 Avril 2016 à 13:52 | Lu 1101 fois