Arrêt du Twin Otter aux Marquises : c'est la panique à Ua Huka et à Ua Pou


Le Twin Otter qui dessert Ua Pou, Ua Huka, Nuku Hiva et Hiva Oa est en arrêt.
MARQUISES, le 8 août 2018 - Le Twin Otter qui dessert Ua Huka, Ua Pou, Nuku Hiva et Hiva Oa est en arrêt, depuis lundi soir, pour des raisons techniques. Les vols devraient être suspendus jusqu'en début de semaine prochaine.

À quelques jours de la rentrée scolaire, la tension est palpable aux Marquises et plus particulièrement à Ua Pou et à Ua Huka.

En effet, depuis l'arrêt du Twin Otter, en début de semaine, la colère gronde chez les passagers, mais aussi au sein des conseils municipaux.

Ce mercredi matin, par exemple, à Ua Pou, le tāvana Joseph Kaiha a réuni son conseil municipal pour échanger avec les parents, inquiets. "Il faut qu'Air Tahiti trouve une solution au plus vite", souligne-t-il. Rien que sur cette île, ce sont près de 180 élèves qui quitteront Ua Pou pour se rendre à Nuku Hiva, Hiva Oa, Tahiti ou en France, pour leurs études.

Avec l'arrêt du Twin Otter, tout le monde s'interroge sur le devenir de ces étudiants. Et ce n'est pas tout, "il y a aussi les professeurs qui reviennent de leurs vacances, les touristes également. Sans oublier les habitants de l'île", prévient le tāvana de Ua Pou. "Pourquoi n'affrètent-ils pas un nouvel Twin Otter en attendant ?", s'interroge le premier magistrat. Selon Joseph Kaiha, ce n'est pas la première fois que ce cas de figure se présente.

La seule solution qui est opérée, actuellement, ce sont les bateaux. "Nous en avons deux ici", indique Joseph Kaiha. "Mais ils ne peuvent transporter que 12 passagers. Il y a aussi nos cinq poti marara, mais ils ne peuvent pas transporter de passagers, sauf s'il y a une urgence. Et là, ils ne pourront prendre que 6 à 7 personnes", rajoute-t-il. Et les conditions météorologiques ne sont pas très favorables ces jours-ci. "Actuellement, la mer est forte", prévient le tāvana de Ua Pou.

Et de poursuivre : "Nous nous posons beaucoup de questions au sujet de ce Twin Otter. On ne peut pas oublier ce qui s'est passé à Moorea. Qu'en sera-t-il pour nous ? Qu'attendent-ils pour nous mettre un moyen plus fiable ?"

Selon le tāvana, le Twin Otter reste, cependant, le seul appareil adapté à Ua Pou et à Ua Huka.

Du côté de Nuku Hiva, les passagers de Ua Pou se débrouillent pour arriver à bon port. "Certains ont profité de prendre un bateau qui acheminait un malade sur Nuku Hiva pour rejoindre ensuite Papeete par avion. Ceux de Ua Huka, par contre, ils n'ont pas pu bouger parce que c'est un peu plus loin que Ua Pou", explique Hina, habitante de Nuku Hiva. "Ça fait pitié parce que les gens payent eux-mêmes le bateau et le taxi pour venir jusqu'à l'aéroport. Et je sais qu'ils sont prioritaires", poursuit-elle.

Joint par téléphone, le directeur général de la compagnie aérienne locale, assure que ses équipes mettent tout en œuvre pour trouver les solutions adéquates. En envoyant sur les Marquises, par exemple, le deuxième Twin Otter, actuellement en visite technique sur Papeete. "Air Archipels est en train de travailler d'arrache-pied sur le Twin Otter qui est actuellement en visite technique, pour qu'on soit en mesure de le remettre en service le plus rapidement possible. Après, il y a un protocole de maintenance qui doit être respecté. On voit ce qu'on peut faire, on met un maximum de personnes dessus parce que c'est devenu notre priorité", souligne Manate Vivish.

La compagnie négocie actuellement avec la Codim, la Communauté des Îles Marquises. "Il y a le bateau de l'administration qui est basé à Atuona, je crois, pour desservir la population de Fatu Hiva. Nous essayons de voir avec la Codim si ce bateau peut éventuellement, être affecté à des rotations entre le Nord et le Sud. De manière, à faire en sorte que les passagers touchés par cet arrêt du Twin Otter puissent finalement voyager, dans les conditions les meilleures."

Face à cet arrêt technique, la direction d'Air Tahiti présente ses excuses envers ses passagers touchés par ces désagréments. "Nous essayons de trouver les solutions les plus appropriées dans leurs intérêts", confie Manate Vivish.

Le directeur général d'Air Tahiti espère que cette situation sera réglée dès le début de la semaine prochaine.


L'interview de

Manate Vivish
Directeur général d'Air Tahiti

"Nous faisons le maximum pour récupérer le Twin Otter sur Papeete"


Que se passe-t-il pour le Twin Otter qui est aux Marquises ?
"Il est aujourd'hui indisponible pour des raisons techniques, et nous attendons un technicien de l'extérieur qui est le seul habilité à intervenir sur cette partie de l'avion, pour procéder aux réparations nécessaires. D'après les éléments que nous avons, l'intervention de ce technicien ne pourra pas se faire avant le milieu de la semaine prochaine."

Quelle solution alternative pouvez-vous proposer à vos passagers ?

"Nous faisons le maximum pour récupérer, assez rapidement, le Twin Otter qui est en visite technique sur Papeete, pour assurer les rotations inter-Marquises, en début de semaine prochaine."

Le tāvana de Ua Pou pense à l'acquisition d'un nouveau Twin Otter. Qu'en pensez-vous ?

"C'est une excellente idée, sauf que ça coûte beaucoup d'argent et nos lignes sont très déficitaires. On a beaucoup de difficultés à équilibrer la situation. Nous sommes, sur le cas de l'inter-Marquises, dans le cadre du service public, et ce n'est pas rémunéré. Donc, nous faisons ce que nous pouvons. On essaye de réfléchir à des solutions de remise en place de moyens maritimes. Cette solution ne règle pas tout le problème, mais ça va aider à résoudre pas mal de cas."

Vous procèderez par priorité ?
"Chaque passager est une priorité. Après, notre attention se porte particulièrement sur la situation des enfants qui doivent reprendre l'école. C'est la raison pour laquelle, nous faisons en sorte de récupérer le Twin Otter sur Papeete, le plus rapidement possible. Quand on le récupèrera et qu'on arrivera à le positionner aux Marquises, on prévoit de doubler les équipages sur place. De manière à ce que cet avion fasse des rotations supplémentaires par rapport à ce qui est normalement prévu."

Est-ce que les passagers pourront se faire rembourser ?
"Les passagers qui souhaitent demander le remboursement sur le tronçon Nuku Hiva-Ua Pou ou Ua Huka, ou alors, Atuona-Ua Pou, Ua Huka, peuvent le faire. S'ils envisagent un transport maritime, ils s'organisent entre eux, généralement. Nous, de notre côté, nous essayons de mobiliser le moyen administratif de la Codim, pour que nos passagers soient transportés sur un vecteur autre que nos avions, en toute sécurité. Nous ne pouvons pas nous adresser à un pêcheur de poti mārara pour transporter nos passagers."



Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 8 Aout 2018 à 15:39 | Lu 11232 fois