Arnaque internationale Get Easy : une centaine de victimes en Polynésie


Le procureur de la République José Thorel et le chef d'escadron Thierry Damerval ont exposé le résultat d'une enquête de quelques mois sur le système de placement financier pyramidal Get Easy.
PAPEETE, le 12 février 2015. Le Parquet et la gendarmerie lancent une alerte vigoureuse contre les systèmes de vente pyramidale et de placement financier qui sévissent sur Internet. La promesse de rendements à 200% ou 300% de la mise étant fictive.
En quelques mois à peine, une centaine de Polynésiens se sont faits délester de 205 millions de Fcfp et ce sont les banques locales, qui alertées par des volumineux virements bancaires à destination de l'étranger, ont prévenu les autorités judiciaires. 600 à 700 millions de Fcfp de virements internationaux ont ainsi pu être bloqués dans le cadre d'une saisie conservatoire du Parquet.

Car pour les personnes qui ont "investi" ces millions de francs, les espoirs de retrouver ne serait-ce que sa mise initiale, sont extrêmement ténus selon le procureur José Thorel. En cause, cette fois une société de vente pyramidale nommée Get Easy. Contre le versement de liquidités monétaires via Internet au Portugal ou en Espagne pour faire fonctionner sa société de traceurs GPS, cette organisation promettait des rendements estimés entre 200 et 300% à ses contributeurs. Il n'y avait pas grand-chose à faire, juste à verser de l'argent et convaincre d'autres participants. De fait, les investisseurs ayant versé des sommes au capital de Get Esay, consultaient en ligne des comptes bancaires à leurs noms affichant des sommes colossales. "Mais ces rendements mirifiques n'ont jamais été versés. L'escroquerie tient à ce que l'on fait croire aux personnes qu'elles ont gagné des millions, mais les écritures des comptes sont factices" poursuit José Thorel.

Parmi les victimes polynésiennes de cette organisation pyramidale, certaines sont même allées jusqu'à investir leurs économies, cassant des comptes-épargnes pour contribuer jusqu'à hauteur de 5 millions de Fcfp à Get Easy. Cette société ayant été démantelée et ses comptes bloqués dans plusieurs pays européens, de nouvelles structures apparaissent néanmoins. Aussi, procureur et gendarmes mettent désormais en garde contre d'autres organisations nommées I Get Mania, ainsi que l'association Unasim "une résurgence de Get Easy" ou encore le Collectif des souscripteurs Get Easy qui proposent aux anciens contributeurs bernés "d'adhérer moyennant finance" à une nouvelle organisation avec la promesse de récupérer ce qui a été perdu ! "Il faut se méfier comme de la peste de toute proposition financière faite par Internet où l'on vous dit que vous allez gagner beaucoup d'argent si vous m'en donnez un peu" explique encore José Thorel et se rapprocher de la gendarmerie ou de son conseiller financier lorsqu'on est approché par ce genre d'organisation.


Comme dans d'autres affaires d'escroquerie pyramidale internationale -il y avait eu GTC (Global telecom connect) l'an dernier, "le but de ces organisations internationales est de drainer le maximum de capitaux en un minimum de temps avant que les autorités judiciaires ne puissent intervenir" indique le procureur de la République. Les sommes récoltées par les créateurs de ces réseaux se situant ensuite dans des pays où la coopération judiciaire internationale est faible, ne sont jamais retrouvées. Le procureur de la République rappelle aussi qu'en Polynésie française, les ventes pyramidales sont interdites par une Loi du Pays, ce qui n'est pas le cas en France où les poursuites judiciaires ne sont possibles que dans le cadre d'une escroquerie avérée.

Dans le système Get Easy, le parquet de Papeete a déjà mis en examen une personne localement, trois autres seront prochainement entendues. "Les poursuites pénales dans ces escroqueries sont toujours très complexes car souvent les auteurs sont de bonne foi. Ils n'admettent pas que l'organisation est une arnaque et font eux-mêmes des victimes" indique encore José Thorel. Quant aux cerveaux de ces structures internationales, ils ont souvent pris la fuite avec l'argent avant d'être réellement inquiétés par la justice des pays où ils ont sévi. Néanmoins lorsqu'ils sont identifiés, ils peuvent être jugés en leur absence -ils encourent jusqu'à 5 ans de prison- et être condamnés par défaut. C'est alors seulement qu'un mandat d'arrêt à leur encontre pourra être délivré.


Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 12 Février 2015 à 18:14 | Lu 21520 fois