Beaucoup de Polynésiens mettent des annonces sur Internet pour avoir des dollars pas chers. Avant de donner une somme d'argent à quelqu'un pour changer de l'argent, vérifiez qu'elle est bien déclarée pour cette activité.
PAPEETE, le 5 mai 2017. Des Polynésiens ont confié des sommes importantes, de 200 000 Fcfp à un million de Fcfp, à une personne qui leur promettait de changer leurs Francs en dollars US à un taux de change jusqu'à 26% moins cher que dans les banques. Mais ces Polynésiens, après plusieurs semaines voire plusieurs mois, n'ont toujours pas récupéré leur argent.
Avant de partir aux Etats-Unis en vacances, de nombreux Polynésiens laissent des messages sur les réseaux sociaux pour trouver des dollars pas chers. En juillet 2016, Vaihere (*) prévoit de partir aux Etats-Unis. "Je m'y suis prise un peu tard pour changer des Fcfp en dollars à la banque. J'ai donc laissé une annonce sur Facebook disant que je cherchais des dollars". Une femme qu'elle ne connaissait pas, Valérie (*), la contacte alors par le biais d'internet. Vaihere lui confie 300 000 Fcfp. Mais le change ne se fait pas tout de suite. Vaihere demande alors à être remboursée. Valérie lui redonne 200 000 Fcfp mais il manque encore 100 000 Fcfp. "Elle m'a dit qu'elle avait déjà donné l'argent à sa collaboratrice. Quelques jours après, j'ai eu mes 100 000 Fcfp convertis en dollars, à 95 Fcfp le dollar."
En novembre, Vaihere la recontacte pour changer 200 000 Fcfp en dollars pour un membre de sa famille. "J'ai attendu deux à trois semaines, elle m'a reversé cette somme en dollars". Pour Vaihere, Valérie est digne de confiance : malgré quelques inquiétudes, elle a récupéré son argent lors de ces deux premières transactions. Pour rassurer Vaihere sur la provenance de l'argent, la "faiseuse de dollars" lui explique dans un message comment elle obtient des billets verts à un prix si avantageux : "Je travaille sur des bateaux de croisière et je fais des tournées de deux semaines. (...) Je vends des bijoux ainsi que des produits d'artisanat. Il me faut l'argent avant car lorsque les clients achètent mes produits je garde les dollars et je mets les Fcfp qu'on m'a donnés dans la caisse comme ça je n'ai pas de trou. C'est ce qui me permet de vendre les dollars au taux d'achat soit 98 Fcfp. Par contre quand les dollars vont dans ma caisse, ils sont enregistrés et alors je suis obligée de les vendre au taux de vente qui est de 112 Fcfp suivant le taux imposé par les banques." Alors que la confiance s'installe, le piège est en fait en train de se refermer.
109 FCFP LE DOLLAR EN BANQUE
En début d'année, une cousine confie à Vaihere qu'elle souhaiterait convertir 200 000 Fcfp en dollars. "Je lui ai dit que je connaissais quelqu'un qui vend des dollars". Valérie précise alors à Vaihere que si elle lui donne une somme plus importante, elle pourra baisser le taux : "Si tu trouves 300 000 Fcfp pour demain c'est 80 Fcfp le dollar", lui dit-elle. Un taux incroyablement bas quand on sait que dans une banque il faut aujourd'hui débourser environ 109 Fcfp pour un dollar US. Cela représente un dollar 26.6 % moins cher que dans un établissement de crédit !
Mais là, après quelques semaines, Vaihere n'a plus de nouvelles. Silence radio. "Quand j'appelais sur son portable. C'était le répondeur. Elle a aussi supprimé son compte sur Facebook", constate-t-elle.
Voulant remettre la main sur ces 200 000 Fcfp, Vaihere met une annonce la semaine dernière sur Facebook pour retrouver cette personne. Elle récupère alors son nouveau numéro de téléphone et prend conscience que Valérie a abusé de la confiance d'autres personnes. Tania (*) a ainsi confié un million de Fcfp à cette "changeuse de dollars" début 2016, elle a récupéré 500 000 Fcfp mais l'autre moitié de la somme donnée est toujours dans la nature. "Nous avons une connaissance commune. Je lui ai donc fait confiance. Trois mois après lui avoir donné la somme d'argent, elle m'a dit que sa collaboratrice était dans un pays étranger et qu'elle avait des soucis à cause d'un cyclone", se souvient Tania. "Quelque temps après, elle m'a dit que cette copine était décédée. Mais elle s'était engagée à me rembourser. Entre nous, c'est un contrat oral car je lui faisais confiance."
Selon Tania, une autre de ses connaissances a aussi demandé à ce que la "changeuse en série de dollars" lui change un millions de Fcfp. Celle-ci n'a toujours pas revu cette somme. Parmi les personnes que nous avons rencontrées, aucune n'envisage de porter plainte pour le moment. "Elle promet qu'elle va rembourser bientôt. Si je dépose plainte cela va prendre des mois…", s'inquiète Vaihere. "Je pars du principe que c'est un peu de ma faute", confie-t-elle avant d'ajouter : "J'ai du mal à penser que quelque qu'un soit aussi malsain. Je lui laisse encore jusqu'à juillet pour me rembourser."
Pour rappel, lorsqu'une personne dépose une plainte : une enquête est ouverte pour déterminer la responsabilité de chacun. Si la plainte est justifiée, la victime sera convoquée à l'audience lorsque le prévenu comparaîtra au tribunal. La victime peut alors faire valoir ses droits. Ensuite une fois qu'il y a un jugement, si l'auteur des faits ne rembourse pas, la victime peut faire appel au fonds de garantie pour être indemnisée.
Il existe une réglementation précise pour encadrer l'activité de change manuel (lire encadré ci-contre). Toute personne qui souhaite exercer cette activité doit se déclarer si elle ne le fait pas, elle risque jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 3.6 millions de Fcfp d'amende. Nous avons contacté ce vendredi Valérie. Au téléphone, elle a reconnu avoir été en contact avec une "douzaine de personnes" pour réaliser des activités de change sans être déclarée. Se mettant en larmes, elle assure avoir "tout arrêté et être en train de rembourser". Vendredi, elle a remboursé une des personnes que nous avions rencontrées.
(*) Les prénoms ont été changés.
Avant de partir aux Etats-Unis en vacances, de nombreux Polynésiens laissent des messages sur les réseaux sociaux pour trouver des dollars pas chers. En juillet 2016, Vaihere (*) prévoit de partir aux Etats-Unis. "Je m'y suis prise un peu tard pour changer des Fcfp en dollars à la banque. J'ai donc laissé une annonce sur Facebook disant que je cherchais des dollars". Une femme qu'elle ne connaissait pas, Valérie (*), la contacte alors par le biais d'internet. Vaihere lui confie 300 000 Fcfp. Mais le change ne se fait pas tout de suite. Vaihere demande alors à être remboursée. Valérie lui redonne 200 000 Fcfp mais il manque encore 100 000 Fcfp. "Elle m'a dit qu'elle avait déjà donné l'argent à sa collaboratrice. Quelques jours après, j'ai eu mes 100 000 Fcfp convertis en dollars, à 95 Fcfp le dollar."
En novembre, Vaihere la recontacte pour changer 200 000 Fcfp en dollars pour un membre de sa famille. "J'ai attendu deux à trois semaines, elle m'a reversé cette somme en dollars". Pour Vaihere, Valérie est digne de confiance : malgré quelques inquiétudes, elle a récupéré son argent lors de ces deux premières transactions. Pour rassurer Vaihere sur la provenance de l'argent, la "faiseuse de dollars" lui explique dans un message comment elle obtient des billets verts à un prix si avantageux : "Je travaille sur des bateaux de croisière et je fais des tournées de deux semaines. (...) Je vends des bijoux ainsi que des produits d'artisanat. Il me faut l'argent avant car lorsque les clients achètent mes produits je garde les dollars et je mets les Fcfp qu'on m'a donnés dans la caisse comme ça je n'ai pas de trou. C'est ce qui me permet de vendre les dollars au taux d'achat soit 98 Fcfp. Par contre quand les dollars vont dans ma caisse, ils sont enregistrés et alors je suis obligée de les vendre au taux de vente qui est de 112 Fcfp suivant le taux imposé par les banques." Alors que la confiance s'installe, le piège est en fait en train de se refermer.
109 FCFP LE DOLLAR EN BANQUE
En début d'année, une cousine confie à Vaihere qu'elle souhaiterait convertir 200 000 Fcfp en dollars. "Je lui ai dit que je connaissais quelqu'un qui vend des dollars". Valérie précise alors à Vaihere que si elle lui donne une somme plus importante, elle pourra baisser le taux : "Si tu trouves 300 000 Fcfp pour demain c'est 80 Fcfp le dollar", lui dit-elle. Un taux incroyablement bas quand on sait que dans une banque il faut aujourd'hui débourser environ 109 Fcfp pour un dollar US. Cela représente un dollar 26.6 % moins cher que dans un établissement de crédit !
Mais là, après quelques semaines, Vaihere n'a plus de nouvelles. Silence radio. "Quand j'appelais sur son portable. C'était le répondeur. Elle a aussi supprimé son compte sur Facebook", constate-t-elle.
Voulant remettre la main sur ces 200 000 Fcfp, Vaihere met une annonce la semaine dernière sur Facebook pour retrouver cette personne. Elle récupère alors son nouveau numéro de téléphone et prend conscience que Valérie a abusé de la confiance d'autres personnes. Tania (*) a ainsi confié un million de Fcfp à cette "changeuse de dollars" début 2016, elle a récupéré 500 000 Fcfp mais l'autre moitié de la somme donnée est toujours dans la nature. "Nous avons une connaissance commune. Je lui ai donc fait confiance. Trois mois après lui avoir donné la somme d'argent, elle m'a dit que sa collaboratrice était dans un pays étranger et qu'elle avait des soucis à cause d'un cyclone", se souvient Tania. "Quelque temps après, elle m'a dit que cette copine était décédée. Mais elle s'était engagée à me rembourser. Entre nous, c'est un contrat oral car je lui faisais confiance."
Selon Tania, une autre de ses connaissances a aussi demandé à ce que la "changeuse en série de dollars" lui change un millions de Fcfp. Celle-ci n'a toujours pas revu cette somme. Parmi les personnes que nous avons rencontrées, aucune n'envisage de porter plainte pour le moment. "Elle promet qu'elle va rembourser bientôt. Si je dépose plainte cela va prendre des mois…", s'inquiète Vaihere. "Je pars du principe que c'est un peu de ma faute", confie-t-elle avant d'ajouter : "J'ai du mal à penser que quelque qu'un soit aussi malsain. Je lui laisse encore jusqu'à juillet pour me rembourser."
Pour rappel, lorsqu'une personne dépose une plainte : une enquête est ouverte pour déterminer la responsabilité de chacun. Si la plainte est justifiée, la victime sera convoquée à l'audience lorsque le prévenu comparaîtra au tribunal. La victime peut alors faire valoir ses droits. Ensuite une fois qu'il y a un jugement, si l'auteur des faits ne rembourse pas, la victime peut faire appel au fonds de garantie pour être indemnisée.
Il existe une réglementation précise pour encadrer l'activité de change manuel (lire encadré ci-contre). Toute personne qui souhaite exercer cette activité doit se déclarer si elle ne le fait pas, elle risque jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 3.6 millions de Fcfp d'amende. Nous avons contacté ce vendredi Valérie. Au téléphone, elle a reconnu avoir été en contact avec une "douzaine de personnes" pour réaliser des activités de change sans être déclarée. Se mettant en larmes, elle assure avoir "tout arrêté et être en train de rembourser". Vendredi, elle a remboursé une des personnes que nous avions rencontrées.
(*) Les prénoms ont été changés.
Qui a le droit de changer des dollars en Fcfp ?
Les établissements de crédit sont habilités à réaliser des opérations de change manuel. Les personnes physiques ou morales qui veulent exercer cette activité doivent adresser, avant de commencer leurs opérations, une déclaration d'activité à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution et doivent être enregistrées au registre du commerce et des sociétés, quelle que soit leur nature juridique.
Il est donc impossible d’exercer la profession de changeur manuel sans effectuer la déclaration prévue par le code monétaire et financier et sans respecter la réglementation, notamment en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux, imposée aux changeurs manuels.
Ainsi, on peut voir à Tahiti, des commerçants effectuer des opérations de change. Pour le faire, ils doivent respecter les conditions d’exercice de la profession de changeur manuel.
Il est donc impossible d’exercer la profession de changeur manuel sans effectuer la déclaration prévue par le code monétaire et financier et sans respecter la réglementation, notamment en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux, imposée aux changeurs manuels.
Ainsi, on peut voir à Tahiti, des commerçants effectuer des opérations de change. Pour le faire, ils doivent respecter les conditions d’exercice de la profession de changeur manuel.