Ardent critique de Trump, Romney revient dans l'arène politique


Washington, Etats-Unis | AFP | vendredi 16/02/2018 - Prétendant républicain malheureux à la Maison Blanche, Mitt Romney a annoncé vendredi sa candidature au Sénat en novembre, lançant son retour sur la scène politique nationale avec un message de défiance envers sa bête noire, Donald Trump. 

"L'Utah a beaucoup à apprendre aux politiciens de Washington", lance, dans un message vidéo, celui qui a été battu par Barack Obama en 2012. 
"L'Utah accueille les immigrés légaux venus du monde entier. Washington envoie aux immigrés un message d'exclusion. Et au Capitole de l'Utah, les gens se traitent avec respect", assène encore Mitt Romney, 70 ans, dans une allusion claire aux positions du président Trump. 
Populaire dans l'Utah, où vit une importante population de confession mormone, comme lui, Mitt Romney est considéré comme le directeur général "sauveur" des jeux Olympiques de Salt Lake City, capitale de cet Etat de l'Ouest américain, en 2002, et y possède une vaste demeure.  
Sortant de sa retraite politique, cet ancien homme d'affaires né à Detroit, dans le Michigan, en 1947 part donc avec de bonnes chances. En lice: le siège laissé vacant par le républicain Orrin Hatch, 83 ans, qui avait annoncé début janvier qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat. 
Un sondage portant alors sur une hypothétique candidature Romney lui octroyait un large soutien, avec 64% des voix pour le républicain face à 19% pour sa probable opposante démocrate Jenny Wilson.
Selon cette enquête du journal The Salt Lake Tribune et de l'université Hinckley Institute of Politics, 85% des républicains de l'Etat soutenaient alors Mitt Romney, 55% des électeurs non-affiliés et même 18% des démocrates. 
  - 'Pas pro-Trump' -   
Mais ce diplômé de Harvard aux manières policées, parfois jugé un peu trop rigide, souffre aussi d'un handicap de taille dans cet Etat du grand Ouest américain: son passé de gouverneur du Massachusetts entre 2003 et 2007, à des milliers de kilomètres de là sur la côte Est. 
Et sa guerre ouverte avec Donald Trump, à peine apaisée après la victoire de l'homme d'affaires en novembre, pourrait aussi peser contre lui. 
Durant la campagne des primaires, en mars 2016, Mitt Romney l'avait dénoncé comme un "charlatan, un imposteur" dans un discours cinglant très remarqué... mais finalement sans effet sur la victoire du New-Yorkais. 
Pour la base des électeurs de Donald Trump, le mormon représente l'archétype du candidat de l'establishment, héraut de la droite libérale et pro-entreprises. Il se veut plus responsable que les insurgés novices et ultra-conservateurs ayant nourri la révolution Trump.
Donald Trump avait même ouvertement appelé Orrin Hatch à se représenter, mais le sénateur, un ancien boxeur, avait estimé qu'il était temps de "raccrocher les gants" après 40 ans de mandat.
"Il n'a jamais été un supporteur de Trump", a déploré jeudi le chef du parti républicain de l'Utah, Rob Anderson, à la veille de l'annonce officielle par Mitt Romney. "Je veux juste quelqu'un qui soutienne les vues du parti", a-t-il poursuivi, étoffant cette critique rare venant d'un chef d'un même parti d'un tacle en direction des origines de M. Romney. 
"Il empêche d'autres candidats de se présenter qui je pense feraient un meilleur choix pour l'Utah car, soyons clairs, Mitt Romney n'habite pas ici, ses enfants ne sont pas nés ici, il ne fait pas ses courses ici", a martelé Rob Anderson. 
Et sa probable opposante démocrate, Jenny Wilson, de renchérir: "les familles de l'Utah méritent qu'un autre habitant de l'Utah soit leur sénateur, pas un gouverneur du Massachusetts qui prend notre Etat pour son lieu de villégiature", a-t-elle déclaré selon la chaîne CNBC. 
Le mormon a donc pris soin vendredi de souligner son sentiment d'appartenance à l'Utah: "Nous sommes connus pour être un peuple au service des autres, qui fait attention aux autres, et qui se montre à la hauteur de toutes les occasions. En tant que fonctionnaire et homme d'affaires expérimenté, je suis particulièrement qualifié pour représenter les habitants de l'Utah".  

le Vendredi 16 Février 2018 à 07:34 | Lu 481 fois