Aquaculture un projet «gagnant-gagnant» avec les investisseurs chinois


Tearii Alpha détaille le projet d'aquaculture sino-polynésien en conférence de presse à l'issue du conseil des ministres ce mercredi.
PAPEETE, mercredi 5 juin 2013. Tearii Alpha, le ministre des ressources marines est revenu visiblement enthousiaste de sa mission en Chine à la rencontre des investisseurs de la Jingmin Fisheries. Aussi le projet de ferme aquacole dans les lagons polynésiens initié par le précédent gouvernement a de fortes chances d’aboutir, même si la forme de cette «association» sino-polynésienne a quelque peu évolué. La mission polynésienne en Chine n’est pas terminée et si le ministre des ressources marines est rentré à Tahiti, Michel Paoletti conseiller du président Flosse est encore sur place. Enfin, d’ici quelques semaines, à la fin du mois de juin, ce seront les émissaires chinois de la Jingmin Fisheries qui viendront en Polynésie pour une «mission technique de validation économique du projet avec une équipe de scientifiques et d’investisseurs, pour définir le site et arrêter un engagement formel avec le gouvernement polynésien» précisait Tearii Alpha.

A Shangai, où Tearii Alpha a signé le 29 mai derrnier une convention avec la Shangai Ocean University pour former des techniciens polynésiens de l’aquaculture, mais aussi dans les fermes aquacoles de l’île de Hainan, le ministre des ressources marines s’est forgé une conviction profonde. «En matière d’aquaculture les Chinois ont une longueur d’avance sur les Européens (…) Ceux qui connaissent le mieux l’aquaculture ce ne sont pas les Européens, mais les Chinois» répète à plusieurs reprises Tearii Alpha citant des chiffres : 95% de la production aquacole mondiale est asiatique dont 70% revient à la seule Chine. Quant aux critiques que l’on peut entendre sur les méthodes de l’aquaculture chinoise qui ont pu conduire à l’appauvrissement des milieux naturels, il ne s’agissait que «d’erreurs de lancement. Aujourd’hui ils se corrigent». Et il précise : «c’est un projet gagnant-gagnant que nous souhaitons (…) Ce projet doit être une vitrine de l’aquaculture de demain».

Le ministre apporte enfin quelques précisions sur la forme de ce projet de fermes aquacoles. Ainsi «les aquaculteurs seront à 100% polynésiens, la recherche sera mixte, les Chinois seront chargés de fournir les alevins». Ainsi les fermes de production aquacole seront portées par des Polynésiens qui disposeront de concessions maritimes qui ne sortiront donc pas du giron polynésien. Les investisseurs chinois se sont engagés également à étudier pour ces projets en Polynésie, les seuls poissons polynésiens pour ne pas introduire d’autres espèces, et en respectant la législation locale en matière de protection de l’environnement. La technique de la pisciculture sera transmise aux Polynésiens d’où l’intérêt de la convention signée avec la Shangai Ocean University qui va permettre de former quelques dizaines d’ingénieurs halieutiques polynésiens.

Les projets d’aquaculture de ces investisseurs chinois en Polynésie porteraient essentiellement sur les poissons «groupers» à savoir les mérous et les loches, mais aussi sur certaines algues et tout autre produit de la mer aux vertus médicinales. «Ils recherchent des produits à haute valeur ajoutée d’abord pour leur propre marché : vous savez, il y a 300 millions de détenteurs de la carte Gold en Chine». Et Tearii Alpha de rassurer sur la protection des eaux territoriales de la Polynésie : «ceux qui viennent pour l’aquaculture ne s’intéressent pas aux thons. Notre ZEE (zone économique exclusive) sera gérée en bon père de famille».

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 5 Juin 2013 à 16:30 | Lu 2642 fois