Après quatre ans à Nuku Hiva, “Komana” Guillaume Audebaud s’en va


Nuku Hiva - Après quatre ans passés à la tête de la subdivision administrative des Marquises, Guillaume Audebaud, l’administrateur d’État basé à Nuku Hiva, et son épouse Brigitte quittent l’archipel avec émotion. Il revient sur les temps fort de sa mission marquisienne.
 
Après de nombreuses années passées à représenter l’État français en Océanie, notamment à Tahiti et à Futuna, Guillaume Audebaud, seul administrateur d’État de Polynésie française à être en poste dans l’archipel dont il a la charge (les administrateurs des autres archipels sont basés à Tahiti), a pris ses fonctions en 2019 à la tête de la subdivision des Marquises basée à Nuku Hiva. Un début de mission qui ne lui a laissé aucun répit. “Dans la chanson de Jacques Brel, il est dit que ‘le temps s’immobilise aux Marquises’”, explique l’administrateur. “Et pourtant, je n’ai pas toujours eu cette impression, puisque quand je suis arrivé, il y a eu l’affaire du malheureux décès du jeune enfant de Ua Pou, Hoane Kohumoetini, lors d’une évacuation sanitaire. Un triste souvenir qui a conduit à la reprise des vols en hélicoptère.”
 
Cet événement, entre autres, a amené le représentant de l’État et les élus marquisiens à réfléchir plus généralement sur les transports interinsulaires, aussi bien au niveau aérien que maritime. Une réflexion qui a suscité beaucoup d’interrogations, de travail et d’actions pour essayer de rétablir ces liaisons en faveurs de toutes les îles des Marquises. Une tâche qui a dû être échelonnée sur plusieurs années puisqu’à peine deux mois après l’installation de Guillaume Audebaud aux Marquises, l’épidémie de Covid-19 et le confinement relatif à celle-ci ont débuté.
 
“Une rude épreuve également”, se souvient l’administrateur. “Même si je dois dire que son impact a été limité grâce à la mobilisation que nous avons mise en œuvre avec les maires et l’ensemble de la population. Je rappelle que les Marquisiens ont été les champions du monde de la vaccination avec 96% de la population vaccinée. Je crois que dans aucun endroit du monde, un tel record n’a pu être établi. Et ça nous a protégés.”

Des “grands moments”

Pendant son séjour aux Marquises, “Komana”, comme l’appellent les Marquisiens, aura eu l’occasion de recevoir le président Emmanuel Macron puis le ministre des Outre-mer. “Ça a été de grands moments pour les Marquises”, indique-t-il. “Recevoir le président de la République pour la première fois de l’histoire, ici aux Marquises, c’est tout de même quelque chose qui n’est pas simple, mais avec le maire de Hiva Oa, Joëlle Frébault, et le soutien des autres maires de l’archipel, nous avons réussi à en faire un événement majeur qui, je le crois, a laissé un souvenir éclatant à tout le monde. À tel point que les plus hautes personnalités veulent maintenant venir aux Marquises dès lors qu’elles se rendent en Polynésie.”
 
Guillaume Audebaud et son épouse Brigitte garderont également un souvenir ému des festivals des arts à Ua Pou et Fatu Hiva, même si l’organisation de telles manifestations nécessite un important travail en amont. “L’action de l’État et de l’administrateur est très importante dans le cadre des festivals. Non pas au niveau culturel bien sûr, mais au niveau de la sécurité des biens et des personnes. J’ai donc pu, à ces occasions, exercer les missions de l’État et en même temps assister à ces très beaux moments de cohésion culturelle.”
 
Enfin, l’administrateur a eu l’occasion de travailler sur le classement des Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco, une belle opportunité pour la population de l’archipel, qui va devoir organiser son développement économique.
 
“Le classement à l’Unesco est un sujet important”, explique Guillaume Audebaud. “Non pas parce qu’il va apporter plus de touristes, mais surtout parce que cela va permettre aux Marquisiens de prendre conscience de la richesse de leur pays, même s’ils sont déjà très chauvins et convaincus de la beauté des paysages de leur archipel, je pense surtout à la nécessité de prendre conscience de l’importance de protéger cet environnement, de prendre conscience que pour développer les Marquises, il vaut mieux passer par des actions liées au développement durable.”
 
Une réflexion que “Komana” a partagée avec les maires de l’archipel. L’avenir dira si l’ensemble des élus marquisiens saurons prendre en compte cette notion de développement durable, vertueux et écologique.

Rédigé par Marie-Laure le Lundi 2 Octobre 2023 à 16:16 | Lu 1855 fois