Tahiti, le 14 juin 2021 – Après l'envol du prix du fret, c'est au tour des matériaux de constructions de faire grand bruit dans les milieux du bâtiment et des travaux publics du fenua. En tête des matières premières devenues rares, on cite l'acier, le cuivre, le bois et le ciment, avec une crainte de voir les coûts se répercuter sur l'immobilier… déjà hors de prix.
Acier, bois, ciment, cuivre : l'envol mondial du coût des matériaux de construction rattrape la Polynésie. “On s'y attendait depuis deux à trois mois, mais on le ressent depuis un mois”, reconnaît Olivier Loux, gérant chez GLConstructions. “Le prix du bitume a explosé, c'est une réalité ici aussi”, renchérit le président de la chambre syndicale du BTP, Heirangi Nouveau. En fonction des adjuvent qu'il contient pour la préparation du mortier, le ciment affiche selon le responsable des hausses de 10 à 15%. A cela viennent s'ajouter de nouvelles hausses du fret, parfois de plus de 100 %, appliquées par certaines compagnies maritimes basées en Nouvelle-Zélande. Dans les rangs des fournisseurs généralistes du fenua, on affiche dès lors la couleur afin de s'assurer que les clients du BTP sont en mesure d'honorer les nouveaux tarifs avant d'engager de nouvelles commandes.
Si le phénomène est intimement lié à la hausse du fret maritime dans un contexte de pénurie mondiale de navires et de conteneurs, il s'explique également par la reprise de l'activité à la sortie Covid et par un décalage temporel entre l'offre et la demande sur les matériaux de constructions. “Il y a eu des ruptures de stock dans les aciéries”, rappelle Olivier Loux.
Après l'effondrement de la demande en mars 2020 du fait de l'arrêt des chantiers à l'échelle mondiale, la lenteur de redémarrage de production dans la sidérurgie en Europe, notamment au niveau du traitement du minerai de fer en hauts-fourneaux, a entraîné un épuisement des stocks, un retour en puissance de la demande et donc, une raréfaction des produits. En témoigne la hausse des cours des métaux d'alliage comme le fer, le cuivre ou le nickel. Ainsi le fournisseur en matériel électrique, Capelec, a vu le prix du cuivre doubler en l'espace de quelques mois. “De 540 000 Fcfp la tonne de cuivre, le prix est monté à 1,2 million avant de redescendre à 1 million la tonne récemment”, rapporte un cadre de direction.
Une aubaine pour les scieries locales
Constat partagé par Technibois. “Entre 2020 et 2021, on constate une hausse de 30% à 35% sur la globalité des achats et sur certains matériaux comme la ferraille on atteint 60 à 70%” confie le patron, Julien Declercq. L'entreprise qui fabrique des maisons en kit sur mesure note également la montée en flèche du prix du bois à l'étranger, soit 60% de hausse depuis novembre, liée à une mise sous tension du marché, mais aussi comme on l'a déjà vu, aux coûts du fret. “On a dû augmenter nos prix de 5% sur le trimestre, on va appliquer progressivement cette hausse tous les trois mois, sinon les clients ne vont pas comprendre”, déplore le responsable. Face à ce constat, certains professionnels préfèrent commander directement à l'étranger, mettant en doute la bonne foi des fournisseurs locaux sur la fixation de leurs marges.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la raréfaction du bois a permis à la scierie de Papara de booster ses ventes. “On n'arrive pas à fournir tout le monde, mais on est en train de se rééquiper en matériel, on a commandé un camion, des tracteurs forestiers et on a recruté un deuxième scieur pour produire plus”, indique le gérant Emmanuel Gabriel. “Et on a gardé les mêmes prix, ce qui est super positif pour la Polynésie”. De quoi permettre selon lui d'augmenter la production d'un tiers dans l'immédiat. Du côté de Hiva Oa, le directeur de la scierie, David Fabre, note pour sa part une “nette augmentation des clients” depuis le boom du prix du bois. “Ceux qui boudaient mon bois trop cher avant, viennent de valider plus de 100 m3 car notre prix est resté stable contrairement à l’international”.
+3,3 % pour l'index général des travaux publics
Au-delà de la matière première, les professionnels de l'immobilier craignent une répercussion à termes sur le coût des constructions. “Il faudra ajouter le prix de la main-d'œuvre, ça va incontestablement faire encore monter les prix de l'immobilier, (...) les tarifs de la matière brute vont peut-être redescendre, mais ceux des produits manufacturés une fois qu'ils sont montés, c'est rare qu'ils redescendent…” glisse le directeur de l'agence immobilière, Imagine promotion, Franck Zermati.
Pour autant, le point de conjoncture du BTP diffusé en avril dernier par l'ISPF ne reflète pas un tel emballement des prix. Soit une hausse de 3,3% sur douze mois pour l'index général des travaux publics, de 1% pour l'index général du bâtiment, et de 0,8% pour l'index du gros œuvre qui s'établit à 111,93.
Il faut dire que les dernières statistiques douanières de l'ISPF s'arrêtent à avril, soit avant la hausse escomptée que les acteurs du secteur disent ressentir depuis peu. “Ce sont des statistiques à date, les professionnels commandent aussi des volumes qui sont livrés plusieurs mois après” fait-on remarquer à l'institut. “Il faut le temps que ça arrive dans les magasins et qu'on les voit augmenter. Ce qu'ils vivent aujourd'hui ne va pas rentrer immédiatement dans l'économie polynésienne”. Question de temporalité, tout comme l'explosion du prix du fret et l'inflation attendue.
Acier, bois, ciment, cuivre : l'envol mondial du coût des matériaux de construction rattrape la Polynésie. “On s'y attendait depuis deux à trois mois, mais on le ressent depuis un mois”, reconnaît Olivier Loux, gérant chez GLConstructions. “Le prix du bitume a explosé, c'est une réalité ici aussi”, renchérit le président de la chambre syndicale du BTP, Heirangi Nouveau. En fonction des adjuvent qu'il contient pour la préparation du mortier, le ciment affiche selon le responsable des hausses de 10 à 15%. A cela viennent s'ajouter de nouvelles hausses du fret, parfois de plus de 100 %, appliquées par certaines compagnies maritimes basées en Nouvelle-Zélande. Dans les rangs des fournisseurs généralistes du fenua, on affiche dès lors la couleur afin de s'assurer que les clients du BTP sont en mesure d'honorer les nouveaux tarifs avant d'engager de nouvelles commandes.
Si le phénomène est intimement lié à la hausse du fret maritime dans un contexte de pénurie mondiale de navires et de conteneurs, il s'explique également par la reprise de l'activité à la sortie Covid et par un décalage temporel entre l'offre et la demande sur les matériaux de constructions. “Il y a eu des ruptures de stock dans les aciéries”, rappelle Olivier Loux.
Après l'effondrement de la demande en mars 2020 du fait de l'arrêt des chantiers à l'échelle mondiale, la lenteur de redémarrage de production dans la sidérurgie en Europe, notamment au niveau du traitement du minerai de fer en hauts-fourneaux, a entraîné un épuisement des stocks, un retour en puissance de la demande et donc, une raréfaction des produits. En témoigne la hausse des cours des métaux d'alliage comme le fer, le cuivre ou le nickel. Ainsi le fournisseur en matériel électrique, Capelec, a vu le prix du cuivre doubler en l'espace de quelques mois. “De 540 000 Fcfp la tonne de cuivre, le prix est monté à 1,2 million avant de redescendre à 1 million la tonne récemment”, rapporte un cadre de direction.
Une aubaine pour les scieries locales
Constat partagé par Technibois. “Entre 2020 et 2021, on constate une hausse de 30% à 35% sur la globalité des achats et sur certains matériaux comme la ferraille on atteint 60 à 70%” confie le patron, Julien Declercq. L'entreprise qui fabrique des maisons en kit sur mesure note également la montée en flèche du prix du bois à l'étranger, soit 60% de hausse depuis novembre, liée à une mise sous tension du marché, mais aussi comme on l'a déjà vu, aux coûts du fret. “On a dû augmenter nos prix de 5% sur le trimestre, on va appliquer progressivement cette hausse tous les trois mois, sinon les clients ne vont pas comprendre”, déplore le responsable. Face à ce constat, certains professionnels préfèrent commander directement à l'étranger, mettant en doute la bonne foi des fournisseurs locaux sur la fixation de leurs marges.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la raréfaction du bois a permis à la scierie de Papara de booster ses ventes. “On n'arrive pas à fournir tout le monde, mais on est en train de se rééquiper en matériel, on a commandé un camion, des tracteurs forestiers et on a recruté un deuxième scieur pour produire plus”, indique le gérant Emmanuel Gabriel. “Et on a gardé les mêmes prix, ce qui est super positif pour la Polynésie”. De quoi permettre selon lui d'augmenter la production d'un tiers dans l'immédiat. Du côté de Hiva Oa, le directeur de la scierie, David Fabre, note pour sa part une “nette augmentation des clients” depuis le boom du prix du bois. “Ceux qui boudaient mon bois trop cher avant, viennent de valider plus de 100 m3 car notre prix est resté stable contrairement à l’international”.
+3,3 % pour l'index général des travaux publics
Au-delà de la matière première, les professionnels de l'immobilier craignent une répercussion à termes sur le coût des constructions. “Il faudra ajouter le prix de la main-d'œuvre, ça va incontestablement faire encore monter les prix de l'immobilier, (...) les tarifs de la matière brute vont peut-être redescendre, mais ceux des produits manufacturés une fois qu'ils sont montés, c'est rare qu'ils redescendent…” glisse le directeur de l'agence immobilière, Imagine promotion, Franck Zermati.
Pour autant, le point de conjoncture du BTP diffusé en avril dernier par l'ISPF ne reflète pas un tel emballement des prix. Soit une hausse de 3,3% sur douze mois pour l'index général des travaux publics, de 1% pour l'index général du bâtiment, et de 0,8% pour l'index du gros œuvre qui s'établit à 111,93.
Il faut dire que les dernières statistiques douanières de l'ISPF s'arrêtent à avril, soit avant la hausse escomptée que les acteurs du secteur disent ressentir depuis peu. “Ce sont des statistiques à date, les professionnels commandent aussi des volumes qui sont livrés plusieurs mois après” fait-on remarquer à l'institut. “Il faut le temps que ça arrive dans les magasins et qu'on les voit augmenter. Ce qu'ils vivent aujourd'hui ne va pas rentrer immédiatement dans l'économie polynésienne”. Question de temporalité, tout comme l'explosion du prix du fret et l'inflation attendue.