Après la Martinique, la Guadeloupe secouée par l'ouragan Maria


Pointe-à-Pitre, France | AFP | mardi 18/09/2017 - L'ouragan Maria, "potentiellement catastrophique" selon les spécialistes américains, secouait mardi matin la Guadeloupe toujours confinée, après avoir touché la Martinique et fait des ravages en Dominique, une dizaine de jours après le passage destructeur d'Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

L'ouragan, qui avait atteint la catégorie maximale 5 lundi soir, était dans la nuit revenu à la catégorie 4 mais restait "extrêmement dangereux", selon le Centre national des ouragans (NHC) américain. La Dominique a "perdu tout ce qui pouvait être perdu", a déclaré mardi matin le Premier ministre Roosevelt Skerrit sur sa page Facebook, affirmant que les vents, soufflant à quelque 260 km/h, "ont emporté les toits de presque toutes les personnes auxquelles j'ai parlé ou été en contact". Aucune victime n'est signalée jusqu'à présent dans l'île qui compte environ 70.000 habitants, a-t-il ajouté. 

Maria a touché auparavant la Martinique, où 33.000 foyers ont été privés d'électricité, selon la préfecture, mais le bilan des dégâts restait difficile à établir, du fait de la nuit et de la violence des vents. Le préfet a maintenu mardi l'arrêt de l'activité économique et la fermeture des écoles, et ordonné à la population de rester confinée, seuls les services de sécurité étant habilités à se déplacer. Selon Météo-France, l'oeil du cyclone est passé à 50 km des côtes du nord de la Martinique et son sillage, qui concentre des vents très forts, n'a pas touché l'île.

L'ouragan a touché mardi matin la Guadeloupe, placée comme la Martinique en alerte maximale violette, entraînant le confinement des populations. Le préfet a ordonné l'évacuation des zones à risque. "Tout tremble autour de moi", a raconté sur BFMTV l'ancien ministre des Outre-mer Victorin Lurel, confiné dans sa maison à Vieux-habitants (sud de Basse-terre). "Si on devait faire une comparaison, c'est le cyclone Marylin, en 95, qui a suivi la même trajectoire, et qui était aussi mouillé, avec autant de pluies torrentielles et carrément infernales, avec un vent qui n'arrête pas depuis plusieurs longues heures, avec un ciel zébré (…), des éclairs partout", a-t-il décrit. 

Le pic du phénomène en Guadeloupe a commencé vers 03H00 du matin (09H00 à Paris). Selon le préfet, Eric Maire, interrogé par Guadeloupe 1ere, "il est très difficile de faire le point puisque les forces de secours sont confinées". Mais il a évoqué "des précipitations très importantes, des inondations et des toitures envolées", notamment celles de "quelques casernes de pompiers". 

"On vient de perdre le portail"
 
"L'événement n'est pas terminé, il faut rester confiné", a-t-il affirmé. Ecoles, administrations et entreprises sont fermées dans toute l'île.  Sur RCI, le maire de Terre-de-Haut, aux Saintes, Louis Molinié, a décrit une "situation très difficile". "On n'a que peu d'éléments car on ne peut pas sortir, mais elle est catastrophique".

L'oeil de l'ouragan devait passer à moins de 50 km du sud de la Basse-Terre et encore plus près des Saintes, selon Météo France, qui prévoyait des rafales à 200 km/h.

Certains ont choisi de se regrouper plutôt que de rester isolés pendant l'ouragan, comme ces six amis réunis à Sainte-Anne qui tentaient d'évacuer leur inquiétude en partageant un bon repas et en échangant sur les réseaux sociaux, a constaté une correspondante de l'AFP. Un peu avant 01H00 (07H00 à Paris), un énorme bruit s'est fait entendre: "On vient de perdre le portail". 

Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les deux îles des Petites Antilles où Irma a fait 11 morts et des centaines de millions d'euros de dégâts au début du mois, ont été placées en alerte rouge. Le gouvernement, accusé par une partie de l'opposition et des habitants sur place d'avoir tardé à envoyer secours et renforts policiers, a dépêché des renforts aux Antilles, notamment 668 personnels de la sécurité civile.

La ministre des Outre-mer Annick Girardin a déclaré depuis la Guyane qu'elle restait "en lien permanent" avec les élus des Antilles. "Toutes les mesures de sécurité sont au rendez-vous", a-t-elle assuré. "Nous aurons des difficultés importantes", a reconnu le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, rappelant que "la Guadeloupe était le centre logistique à partir duquel nous pouvions alimenter l'île de Saint-Martin et organiser l'ensemble des rotations aériennes et des approvisionnements".

Tous les vols ont été annulés dans les deux aéroports de Guadeloupe et Martinique.

Des alertes ouragan ont également été déclenchées dans les îles de Saint Kitts et Nevis, Montserrat (Royaume-Uni), les Iles Vierges britanniques et américaines, Antigua-et-Barbuda, Sainte-Lucie, ainsi que Saint-Eustache et Saba (Antilles néerlandaises).

le Mardi 19 Septembre 2017 à 01:14 | Lu 389 fois