Après deux séismes en six mois, nombre d'habitants de Christchurch partent


CHRISTCHURCH, 6 mars 2011 (AFP) - Le séisme du 22 février, le deuxième en six mois à avoir secoué Christchurch, a entraîné le départ, définitif pour certains, de milliers d'habitants, soulevant des questions sur l'avenir de la deuxième ville de Nouvelle-Zélande.

Les autorités de la ville estiment qu'un sixième des 390.000 habitants ont quitté Christchurch, à cause de la fermeture de nombreuses entreprises et des fréquentes répliques qui secouent encore le sol près de deux semaines après le tremblement de terre.

La question qui hante les autorités est de savoir combien, sur ces départs, seront définitifs.

"Je m'en vais", déclare Tyra Yeabsley, qui était la veille du séisme dans l'immeuble CTV, un bâtiment dont l'effondrement a tué plusieurs dizaines de personnes. "J'y pensais depuis un certain temps mais là, je suis convaincue".

Le séisme du 22 février a tué au moins 166 personnes et détruit, entre autres, un tiers du centre-ville, où sont concentrés les bureaux.

Quelque 10.000 personnes n'ont plus de logement.

Cette catastrophe est survenue six mois après un autre séisme, qui n'avait fait aucune victime, mais avait endommagé les infrastructures et les bâtiments.

Le maire Bob Parker a prévenu que la réouverture du quartier des affaires ne pourrait avoir lieu avant des mois.

Le gouvernement a garanti les salaires des employés de ce quartier pendant six semaines afin de protéger les emplois, mais l'avenir des 52.000 emplois abrités dans cette zone est incertain.

"Je sais que la population dans d'autres villes de l'île du sud a fortement augmenté, avec l'arrivée des gens d'ici qui peuvent se reloger là-bas, grâce à des amis ou une maison secondaire", déclare le maire à l'AFP.

Les gens "ont besoin de s'arranger pour la scolarité de leurs enfants, ils doivent pouvoir voir à long terme", reconnait-il.

Des centaines d'étudiants de l'université de Christchurch ont été envoyés en Australie pour terminer leur année et des milliers d'écoliers ont été inscrits dans des établissements d'autres villes, car plusieurs écoles ne rouvriront pas avant un an.

Après le séisme de septembre, des sociétés avaient mis à l'abri leurs serveurs informatiques et les employés peuvent continuer de travailler de chez eux. Mais d'autres entreprises ont tout perdu.

Dans certaines banlieues, toutes les maisons d'une rue doivent être démolies et les autorités s'efforcent de trouver des espaces libres pour établir des logements provisoires avant l'arrivée de l'hiver.

Des bateaux de croisière sont même envisagés pour accueillir les habitants de Lyttelton, le port proche de Christchurch et épicentre du séisme, a indiqué le contrôleur de la défense civile Steve Brazier.

Mais beaucoup décident tout bonnement de partir. "Nous partons pour une période indéterminée", déclare Kerry Kinsman. "J'en ai assez d'avoir un tremblement de terre tous les jours. Là où nous vivons, nous sentons vraiment" les répliques.

Les grandes sociétés peuvent se relocaliser ailleurs dans le pays mais cela risque d'être plus dur pour les plus petits, estime Maarten Loeffen, traiteur.

"Je crois que l'économie et la structure de Christchurch vont changer. Les gens vont partir vers les banlieues", dit-il.

Cet exode pourrait cependant n'être que temporaire, selon des experts, qui soulignent les atouts géographiques de la ville, située au centre d'une région agricole très prospère et à proximité du port de Lyttelton.

La ville est tirée par "un secteur agricole dynamique et la croissance du secteur manufacturier qui trouve les coûts de production à Christchurch moins élevés qu'à Auckland", souligne Ward Friesen, géographe et démographe à l'université d'Auckland.

"Et je pense que cela restera ainsi. En espérant que le sol cesse un peu de trembler".

ajc/th/fmp/dfg

Rédigé par Par Amy COOPES le Samedi 5 Mars 2011 à 20:33 | Lu 1369 fois