GENÈVE, lundi 19 décembre 2011 (Flash d’Océanie) – Après l’archipel de Vanuatu qui a rejoint l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), c’est au tour de Samoa d’obtenir le feu vert de l’OMC pour rejoindre son sein, a annoncé cette organisation ce week-end à l’issue de sa dernière conférence ministérielle tenue à Genève.
Dans un communiqué, l’OMC a annoncé samedi que ses ministres venaient juste d’entériner sur le principe l’accession de ce petit État polynésien, aux côtés de cette du Monténégro.
Cette approbation, enclenche ainsi un processus qui place désormais la balle dans le camp de Samoa : son parlement aura une fenêtre allant jusqu’au 15 juin 2012 pour ratifier l’ensemble des textes nécessaires à l’accession officielle à l’OMC.
Comme le veut la procédure, une fois cette ratification effectuée, le statut de membre est acquis trente jours après.
Selon le Vice-premier ministre samoan Fonotoe Lauofo, qui se trouvait à Genève pour défendre son dossier, l’accession de Samoa à l’OMC constituera « une date historique dans l’histoire du développement » et que cette accession va « bénéficier à l’économie nationale ».
Les premiers dossiers de demande émanant de Samoa concernant l’OMC remontent à mi-juillet 1998, avec la mise en place d’un groupe de travail chargé de ce dossier, rappelle cette organisation.
Fin octobre 2011, l’archipel de Vanuatu, avant même que son Parlement ne ratifie le paquet de textes relatifs à son adhésion à l’OMC (sur fonds de vives protestations de la part de plusieurs organisations non gouvernementales), avait été officiellement accueilli au sein de l’Organisation.
Lors du Conseil Général de l’OMC, à Genève, l’accord avec Vanuatu concernant l’ensemble des textes régissant cette adhésion avait été approuvé.
À cette occasion, le Directeur Général de l’OMC, Pascal Lamy, a souligné, devant le vice-Premier ministre (et ministre du commerce) Ham Lini (qui menait la délégation de son pays,) la valeur d’une adhésion d’un pays tel que Vanuatu qui rapproche, selon lui, l’OMC d’une liste « universelle » de membres.
Vanuatu a ensuite finalement ratifié aux forceps l’ensemble de textes liés à son adhésion (via son Parlement) d’ici au 31 décembre 2011 pour devenir le 154ème Membre de l’OMC 30 jours après la ratification.
Néanmoins, le Président de Vanuatu, Iolu Abbil, qui doit promulguer cette ratification en dernier recours, fait toujours l’objet de vives sollicitations de la part des membres de ce collectif « Say No to WTO » (Dites non à l’OMC) rassemblant à la fois dirigeants religieux -le Conseil des Églises Chrétiennes de l’archipel- et associatifs) et qui s’opposent toujours farouchement à ce statut de 154ème membre, bénéficiant ainsi du soutien de mouvements régionaux d’ONG comme la PIANGO (Pacific Islands Association of Non-Governmental Organisations).
« Say No to WTO » avait fait circuler ces derniers mois une pétition et projetait ensuite de manifester dans les rues de la capitale.
Mais le permis ne leur a pas été délivré, le gouvernement invoquant des notions telles que l’ordre public et l‘intérêt national.
Vanuatu, depuis 2006, se taille régulièrement la part du lion dans un classement altermondialiste qui tente de dresser un index des pays « les plus heureux du monde ».
L’accession de Vanuatu à l’OMC a été décrite par le Directeur Général Pascal Lamy comme un « signe de confiance » en cette organisation « et dans le système de commerce multilatéral, à un moment de turbulences pour le cycle (de Doha) et l’OMC ».
http://www.wto.org/english/news_e/news11_e/acc_vut_02may11_e.htm
Sela Molisa, prédécesseur de M. Ham Lini au poste de ministre du commerce de Vanuatu, s’exprimant en mai 2011à Genève à l’occasion d’une cérémonie, avait voulu voir en cette prochaine accession à l’OMC un facteur « de modernisation, de croissance rapide et d’intégration à l’économie mondiale ».
Du point de vue de l’OMC, les principaux atouts de l’économie de Vanuatu sont agricoles : coprah, café, caco et kava, avec un marché émergent pour sa viande de bœuf, réputée de haute qualité.
En-dehors de ce secteur primaire, le tourisme est aussi considéré comme en phase de rapide expansion et l’un des moteurs de l’économie locale en devises avec une part estimée de trois quarts du produit intérieur brut (environ 647.000 dollars US pour environ 240.000 habitants, selon les chiffres de la Banque Mondiale).
Les États océaniens à faire partie de la famille des 153 membres actuels de l’OMC sont peu nombreux : après une première vague d’accessions de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (janvier 1995), vinrent Fidji (janvier 1996), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (juin 1996) et les îles Salomon (juillet 1996).
Le dernier état insulaire du Pacifique en date à avoir rejoint cette organisation est le royaume de Tonga, en juillet 2007.
Tonga, avant de franchir le pas, avait, tout comme Vanuatu, jugé nécessaire de faire une pause de douze mois, le temps pour ce royaume océanien d'adapter son arsenal législatif et de passer en revue les implications de cette adhésion, y compris sur les recettes et les frais de fonctionnement de l'État.
Mais l’entrée de Tonga à l’OMC avait été précédée d’une polémique persistante : Oxfam, organisation caritative internationale, s’était déclarée « horrifiée » par cette accession car, selon elle, elle met désormais en péril la petite et fragile économie de ce royaume, déjà confronté à de graves problèmes financiers et budgétaires.
Barry Coates, directeur d’Oxfam Nouvelle-Zélande, estimait alors en substance que cette adhésion coûtait beaucoup plus à Tonga qu’elle ne lui bénéficiera et que les sacrifices demandés à Tonga ont été épargnés à beaucoup d'autres pays membres de l'OMC.
Cet État insulaire a en effet dû réduire de manière significative (de quinze à vingt pour cent) ses recettes en droits à l’importation, qui jusqu’ici finançaient une bonne partie des salaires de sa fonction publique, dans les secteurs de l'éducation et de la santé.
Au plan de ses recettes à l'export, Tonga ne peut compter que sur une faible palette de produits agricoles, ont en tête la citrouille squash (essentiellement destinée au marché japonais), un peu de coprah, de la vanille et es bananes.
Voisin proche de Tonga, la Nouvelle-Zélande, quant à elle, se déclarait à l'époque « consciente des défis auxquels se trouve maintenant confronté Tonga, face à la libéralisation du commerce et à son adhésion à l’OMC » et par conséquent « prête à lui venir en aide », selon les termes du ministre du commerce de l’époque, le travailliste et ancien chef de la diplomatie néo-zélandaise Phil Goff.
Un autre pays océanien à avoir fait avancer son dossier de candidature est Samoa, mais le dossier n’a pas encore abouti.
La polémique, similaire à celle au moment de l’accession de Tonga, a aussi fait rage ces derniers mois à Port-Vila, concernant les avantages et les inconvénients de l’entrée de l’archipel dans un système mondialisé.
Dernière sortie en date : celle du bureau régional du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés qui mettait en parallèle l’accession de petits pays océaniens à l’OMC, ou encore leurs entrée dans des accords régionaux et internationaux de libre-échange (les nouveaux accords dits de partenariat économique avec l’Union Européenne, ou encore les accords PACER-Plus avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande), comme autant de facteurs pouvant impacter leur capacité à honorer leurs devoirs de respects des droits humains, sociaux, économiques, voire culturels de leurs populations.
Au plan local, l’opposition à l’accession de Vanuatu à l’OMC s’est notamment appuyée sur le puissant conseil chrétien de l’archipel et sur plusieurs organisations non gouvernementales, qui arguaient du fait que Vanuatu n’avait pas grand chose à gagner de cette accession mais devait en revanche lever la plupart de ses barrière commerciales.
M. Lini pour sa part, avait insisté, en août 2011, sur le fait que son pays serait bien avisé de rejoindre l’OMC maintenant, sous les conditions actuelles que l’organisation lui consent, plutôt que d’attendre et de risquer de se voir offrir un paquet de contions moins favorables.
Les arguments de M. Lini venaient en réponse à une pétition lancée par un groupe d’ONG et qui, entre autres, reprochaient au processus d’adhésion d’être assorti d’une note de frais de l’ordre de vingt millions de vatu (155.000 euros).
La pétition demandait alors au Parlement de ne pas ratifier l’actuelle enveloppe d’accession du Vanuatu à l’OMC, arguant du fait que « aucun mandat n’a été donné par la population au gouvernement pour que Vanuatu rejoigne l’OMC. Depuis 2008, aucun programme d’aucun des partis politiques ne mentionne l’adhésion à l’OMC. Aucun Gouvernement de coalition ne peut se réclamer d’avoir le mandat de la majorité de la population du Vanuatu en vue d’une adhésion à l’OMC » et que, selon les pétitionnaires, « la même économie traditionnelle qui a permis de qualifier Vanuatu comme étant le pays le ‘plus heureux de la planète’ va disparaître, si Vanuatu devient membre de l’OMC ».
Les ONG craignent aussi que cette adhésion à un système largement mondialisé et libéralisé entraîne « la privatisation de la plupart des services publics tels que celui de la santé et celui de l’éducation, (ce qui) se traduira par une absence de service auprès de la majorité de la population ».
pad
Dans un communiqué, l’OMC a annoncé samedi que ses ministres venaient juste d’entériner sur le principe l’accession de ce petit État polynésien, aux côtés de cette du Monténégro.
Cette approbation, enclenche ainsi un processus qui place désormais la balle dans le camp de Samoa : son parlement aura une fenêtre allant jusqu’au 15 juin 2012 pour ratifier l’ensemble des textes nécessaires à l’accession officielle à l’OMC.
Comme le veut la procédure, une fois cette ratification effectuée, le statut de membre est acquis trente jours après.
Selon le Vice-premier ministre samoan Fonotoe Lauofo, qui se trouvait à Genève pour défendre son dossier, l’accession de Samoa à l’OMC constituera « une date historique dans l’histoire du développement » et que cette accession va « bénéficier à l’économie nationale ».
Les premiers dossiers de demande émanant de Samoa concernant l’OMC remontent à mi-juillet 1998, avec la mise en place d’un groupe de travail chargé de ce dossier, rappelle cette organisation.
Fin octobre 2011, l’archipel de Vanuatu, avant même que son Parlement ne ratifie le paquet de textes relatifs à son adhésion à l’OMC (sur fonds de vives protestations de la part de plusieurs organisations non gouvernementales), avait été officiellement accueilli au sein de l’Organisation.
Lors du Conseil Général de l’OMC, à Genève, l’accord avec Vanuatu concernant l’ensemble des textes régissant cette adhésion avait été approuvé.
À cette occasion, le Directeur Général de l’OMC, Pascal Lamy, a souligné, devant le vice-Premier ministre (et ministre du commerce) Ham Lini (qui menait la délégation de son pays,) la valeur d’une adhésion d’un pays tel que Vanuatu qui rapproche, selon lui, l’OMC d’une liste « universelle » de membres.
Vanuatu a ensuite finalement ratifié aux forceps l’ensemble de textes liés à son adhésion (via son Parlement) d’ici au 31 décembre 2011 pour devenir le 154ème Membre de l’OMC 30 jours après la ratification.
Néanmoins, le Président de Vanuatu, Iolu Abbil, qui doit promulguer cette ratification en dernier recours, fait toujours l’objet de vives sollicitations de la part des membres de ce collectif « Say No to WTO » (Dites non à l’OMC) rassemblant à la fois dirigeants religieux -le Conseil des Églises Chrétiennes de l’archipel- et associatifs) et qui s’opposent toujours farouchement à ce statut de 154ème membre, bénéficiant ainsi du soutien de mouvements régionaux d’ONG comme la PIANGO (Pacific Islands Association of Non-Governmental Organisations).
« Say No to WTO » avait fait circuler ces derniers mois une pétition et projetait ensuite de manifester dans les rues de la capitale.
Mais le permis ne leur a pas été délivré, le gouvernement invoquant des notions telles que l’ordre public et l‘intérêt national.
Vanuatu, depuis 2006, se taille régulièrement la part du lion dans un classement altermondialiste qui tente de dresser un index des pays « les plus heureux du monde ».
L’accession de Vanuatu à l’OMC a été décrite par le Directeur Général Pascal Lamy comme un « signe de confiance » en cette organisation « et dans le système de commerce multilatéral, à un moment de turbulences pour le cycle (de Doha) et l’OMC ».
http://www.wto.org/english/news_e/news11_e/acc_vut_02may11_e.htm
Sela Molisa, prédécesseur de M. Ham Lini au poste de ministre du commerce de Vanuatu, s’exprimant en mai 2011à Genève à l’occasion d’une cérémonie, avait voulu voir en cette prochaine accession à l’OMC un facteur « de modernisation, de croissance rapide et d’intégration à l’économie mondiale ».
Du point de vue de l’OMC, les principaux atouts de l’économie de Vanuatu sont agricoles : coprah, café, caco et kava, avec un marché émergent pour sa viande de bœuf, réputée de haute qualité.
En-dehors de ce secteur primaire, le tourisme est aussi considéré comme en phase de rapide expansion et l’un des moteurs de l’économie locale en devises avec une part estimée de trois quarts du produit intérieur brut (environ 647.000 dollars US pour environ 240.000 habitants, selon les chiffres de la Banque Mondiale).
Les États océaniens à faire partie de la famille des 153 membres actuels de l’OMC sont peu nombreux : après une première vague d’accessions de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (janvier 1995), vinrent Fidji (janvier 1996), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (juin 1996) et les îles Salomon (juillet 1996).
Le dernier état insulaire du Pacifique en date à avoir rejoint cette organisation est le royaume de Tonga, en juillet 2007.
Tonga, avant de franchir le pas, avait, tout comme Vanuatu, jugé nécessaire de faire une pause de douze mois, le temps pour ce royaume océanien d'adapter son arsenal législatif et de passer en revue les implications de cette adhésion, y compris sur les recettes et les frais de fonctionnement de l'État.
Mais l’entrée de Tonga à l’OMC avait été précédée d’une polémique persistante : Oxfam, organisation caritative internationale, s’était déclarée « horrifiée » par cette accession car, selon elle, elle met désormais en péril la petite et fragile économie de ce royaume, déjà confronté à de graves problèmes financiers et budgétaires.
Barry Coates, directeur d’Oxfam Nouvelle-Zélande, estimait alors en substance que cette adhésion coûtait beaucoup plus à Tonga qu’elle ne lui bénéficiera et que les sacrifices demandés à Tonga ont été épargnés à beaucoup d'autres pays membres de l'OMC.
Cet État insulaire a en effet dû réduire de manière significative (de quinze à vingt pour cent) ses recettes en droits à l’importation, qui jusqu’ici finançaient une bonne partie des salaires de sa fonction publique, dans les secteurs de l'éducation et de la santé.
Au plan de ses recettes à l'export, Tonga ne peut compter que sur une faible palette de produits agricoles, ont en tête la citrouille squash (essentiellement destinée au marché japonais), un peu de coprah, de la vanille et es bananes.
Voisin proche de Tonga, la Nouvelle-Zélande, quant à elle, se déclarait à l'époque « consciente des défis auxquels se trouve maintenant confronté Tonga, face à la libéralisation du commerce et à son adhésion à l’OMC » et par conséquent « prête à lui venir en aide », selon les termes du ministre du commerce de l’époque, le travailliste et ancien chef de la diplomatie néo-zélandaise Phil Goff.
Un autre pays océanien à avoir fait avancer son dossier de candidature est Samoa, mais le dossier n’a pas encore abouti.
La polémique, similaire à celle au moment de l’accession de Tonga, a aussi fait rage ces derniers mois à Port-Vila, concernant les avantages et les inconvénients de l’entrée de l’archipel dans un système mondialisé.
Dernière sortie en date : celle du bureau régional du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés qui mettait en parallèle l’accession de petits pays océaniens à l’OMC, ou encore leurs entrée dans des accords régionaux et internationaux de libre-échange (les nouveaux accords dits de partenariat économique avec l’Union Européenne, ou encore les accords PACER-Plus avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande), comme autant de facteurs pouvant impacter leur capacité à honorer leurs devoirs de respects des droits humains, sociaux, économiques, voire culturels de leurs populations.
Au plan local, l’opposition à l’accession de Vanuatu à l’OMC s’est notamment appuyée sur le puissant conseil chrétien de l’archipel et sur plusieurs organisations non gouvernementales, qui arguaient du fait que Vanuatu n’avait pas grand chose à gagner de cette accession mais devait en revanche lever la plupart de ses barrière commerciales.
M. Lini pour sa part, avait insisté, en août 2011, sur le fait que son pays serait bien avisé de rejoindre l’OMC maintenant, sous les conditions actuelles que l’organisation lui consent, plutôt que d’attendre et de risquer de se voir offrir un paquet de contions moins favorables.
Les arguments de M. Lini venaient en réponse à une pétition lancée par un groupe d’ONG et qui, entre autres, reprochaient au processus d’adhésion d’être assorti d’une note de frais de l’ordre de vingt millions de vatu (155.000 euros).
La pétition demandait alors au Parlement de ne pas ratifier l’actuelle enveloppe d’accession du Vanuatu à l’OMC, arguant du fait que « aucun mandat n’a été donné par la population au gouvernement pour que Vanuatu rejoigne l’OMC. Depuis 2008, aucun programme d’aucun des partis politiques ne mentionne l’adhésion à l’OMC. Aucun Gouvernement de coalition ne peut se réclamer d’avoir le mandat de la majorité de la population du Vanuatu en vue d’une adhésion à l’OMC » et que, selon les pétitionnaires, « la même économie traditionnelle qui a permis de qualifier Vanuatu comme étant le pays le ‘plus heureux de la planète’ va disparaître, si Vanuatu devient membre de l’OMC ».
Les ONG craignent aussi que cette adhésion à un système largement mondialisé et libéralisé entraîne « la privatisation de la plupart des services publics tels que celui de la santé et celui de l’éducation, (ce qui) se traduira par une absence de service auprès de la majorité de la population ».
pad