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Après Copenhague et avant Paris, les défenseurs du climat se mobilisent


PARIS, 20 septembre 2014 - Le choc de l'échec de la conférence de Copenhague digéré, les défenseurs de la lutte contre le réchauffement climatique espèrent bien faire la démonstration de leur mobilisation, à la faveur du sommet de l'ONU sur le climat mardi.

La réunion, censée encourager les Etats à s'engager avant la grande conférence de Paris fin 2015, sera précédée dimanche de "marches pour le climat", à New York mais aussi Londres, Berlin, Paris, Rio ou Melbourne, à l'appel d'une nuée d'ONG.

C'est à New York que les organisateurs espèrent réunir la plus forte affluence, à quelques encablures du siège des Nations unies.

Ce sommet est "une fenêtre qui s'ouvre, pour mobiliser les citoyens; on est en train de relancer la machine", explique Sébastien Blavier pour Greenpeace.

Il y a cinq ans, l'échec de la conférence de Copenhague et l'incapacité des Etats à s'entendre sur les objectifs espérés de réduction des émissions de gaz à effet de serre laissaient les militants désemparés.

Mais le temps est venu de faire repasser le sujet climat en tête des priorités, préviennent-ils.

Nicolas Hulot, dans le journal Le Parisien samedi, appelle à "la mobilisation générale": "La crise climatique est déjà là et nourrit la crise économique. C'est une tragédie silencieuse qui tue déjà des centaines de milliers de personnes chaque année." Des ONG devaient être reçues samedi matin à l'Elysée par François Hollande.

"Il s'agit de faire comprendre que le climat est un enjeu essentiel", explique à l'AFP Mark Kenber, président du Climate Group à Londres. "Parce qu'il amplifie les problèmes, parce que beaucoup de conflits sont liés au climat et à l'énergie et parce qu'il demande une réponse urgente", si l'on veut encore parvenir à limiter à 2°C l'augmentation de la température en 2100 par rapport à l'ère pré-industrielle.

Pour lui, le timing s'y prête: "On sort peu à peu de la récession, et les preuves et la science sont chaque jour plus solides."

"A l'époque de Copenhague, beaucoup de gens parlaient du climat, mais peu en ressentaient les effets", ajoute Jamie Henn, de l'organisation américaine 350.org. "Aujourd'hui, des millions de personnes commencent à se mobiliser, qui ont éprouvé son impact", comme aux Etats-Unis l'"ouragan Sandy sur la côte Est, la sécheresse en Californie".

- Leçons tirées

Depuis 2009, de nombreuses ONG ont revu leurs attentes et leurs stratégies, moins concentrées sur les grandes arènes internationales, aidées aussi par l'essor des réseaux sociaux.

"Les gouvernements jouent toujours un rôle crucial, et nous continuerons à pousser pour qu'ils agissent nationalement et internationalement, mais nous n'attendons plus qu'ils mènent le jeu", résume Jamie Henn. "Partout, des gens se battent contre des projets à énergie fossile afin d'empêcher des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre et commencent à trouver les solutions nécessaires localement."

"Le secteur des énergies fossiles a dépensé des dizaines de millions de dollars chaque année pour tenter de bloquer les avancées (sur le climat) dans les capitales. Nous avons peut-être sous-estimé leur influence à Copenhague, et je ne pense pas que nous referons cette erreur", ajoute le responsable de cette ONG, à l'origine par exemple de campagnes pour dissuader le financement de ce secteur.

"Des leçons ont été tirées: notamment, la clé du changement est aussi au niveau national", analyse-t-on du côté de Greenpeace France, qui s'intéresse aux engagements de Paris en matière de transition énergétique. "Il y a tout un faisceau d'actions à différents niveaux."

Ainsi, le Climate Group s'emploie à convaincre entreprises ou collectivités des opportunités existant dans la transition énergétique.

Pour Lidy Nacpil, coordinatrice aux Philippines de la Global Campaign to Demand Climate Justice, le mouvement monte en puissance "car beaucoup d'efforts ont été faits pour expliquer aux communautés que cet enjeu va au-delà de l'écologie, mais est social, économique et de développement, au moment où des gens ordinaires en éprouvent eux-mêmes les effets, comme les +super typhons+".

Lutte contre les projets miniers ou de centrales à charbon, manifestations contre les grands pays pollueurs... les initiatives se multiplient.

"L'idée est de renforcer notre influence, ce n'est pas facile, mais plus que jamais, nous nous sentons confortés", dit-elle.

Rédigé par AFP le Samedi 20 Septembre 2014 à 01:00 | Lu 320 fois