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Après 37 ans d'amnésie, elle affirme se souvenir avoir été violée en 1973


Après 37 ans d'amnésie, elle affirme se souvenir avoir été violée en 1973
LYON, 29 février 2012 (AFP) - Après 37 ans d'amnésie consécutive à une violente agression, une Lyonnaise de 56 ans affirme se souvenir, à la suite d'une anesthésie, avoir été violée en 1973 et mène un combat acharné pour "obtenir justice", les experts médicaux restant toutefois "circonspects".

"C'est un phénomène parfois constaté qu'une anesthésie peut provoquer une résurgence de la mémoire", a déclaré à l'AFP son avocat, Me Jean Sannier.

Une analyse confirmée par le professeur Alain Vighetto, chef de service de l'hôpital neurologique de Lyon, selon lequel "des phénomènes de mémoire peuvent ressurgir" après une anesthésie.

Paralysée du côté gauche du visage à la suite d'une agression à coup de barre de fer en 1973 et opérée pour la 11ème fois, le 4 août 2010, à l'hôpital Sainte-Anne de Toulon, "Zahia Hameurlaine a vu apparaître, quelques jours plus tard, le visage de son agresseur et pu revivre la scène de viol", a-t-il dit.

"Au début, elle n'a pas compris, car sa mère, aujourd'hui décédée, le lui avait toujours caché, assurant qu'elle avait été victime d'un accident de balançoire", selon Me Sannier.

Progressivement, au prix d'"efforts acharnés" et de multiples recherches, cette ouvrière, de confession musulmane, est parvenue à reconstituer, comment, à l'âge de 17 ans, elle a été "violée par un jeune homme qui voulait l'épouser de force", "violemment frappée" et "laissée pour morte en tombant du camion" où son agresseur l'avait emmenée.

Elle retrouve son "dossier hospitalier de 1973, censé être détruit", ainsi que plusieurs témoins de l'époque et notamment l'homme qui a accompagné sa mère lors de son dépôt de plainte au commissariat. Avec l'aide d'un détective privé, elle retrouve la maison où aurait eu lieu le viol et parvient à identifier son agresseur et à le localiser, souligne l'avocat.

"Convaincue que son histoire reste peu crédible", elle consulte alors le professeur Daniel Malicier, directeur de l'institut médico-légal de Lyon, qui va l'examiner "pendant plus de six mois" ainsi qu'un psychiatre lyonnais, le Dr Philippe Ciadella et un neurologue, le Pr Guy Chazot.

"On reste assez circonspects et on est plus qu'étonnés, car on n'a jamais vu une amnésie se révéler au bout de 37 ans", a déclaré à l'AFP le Pr Malicier.

"On n'a pas d'explications, alors il faut être d'une grande prudence. Tout est possible! La patiente a un ton de véracité, mais sur la réalité des faits qu'elle allègue c'est du domaine de la justice", a souligné cet expert près la Cour de cassation.

"Il n'y a pas de doute qu'il existe un lien de causalité entre les troubles qu'elle a et l'accident, tout est plausible", a-t-il dit, soulignant que "son histoire était corroborée par son dossier hospitalier sur les éléments médicaux".

"Ma cliente ne cherche pas une indemnisation, elle veut être écoutée et crue, elle est en quête de vérité pour faire la lumière sur ce qui s'est passé", assure Me Sannier, qui va déposer plainte vendredi.

Il concède que les faits sont désormais prescrits. Mais, assure-t-il, "face à l'extraordinaire énergie qu'elle a déployée, j'ai un devoir de tenter de convaincre que quand quelqu'un a l'impossibilité absolue de déposer plainte, cela puisse effacer la prescription".

Rédigé par Par Nicole DESHAYES le Mercredi 29 Février 2012 à 06:30 | Lu 1601 fois