Apple se met à rémunérer ses actionnaires, prudemment


Apple, l'une des entreprises les plus riches au monde, a annoncé lundi qu'elle allait recommencer à rémunérer ses actionnaires en leur versant des dividendes et en rachetant des actions, cinq mois après la disparition de son fondateur Steve Jobs.

Au total, le groupe californien prévoit de dépenser 45 milliards de dollars sur trois ans, dont environ 10 milliards de dollars par an en dividendes et 10 milliards de dollars de rachat d'actions.

Comme l'a souligné la direction, cela laisse une marge confortable pour faire tourner l'entreprise, qui avait environ 98 milliards de dollars de liquidités à la fin 2011 et en génère encore beaucoup: 16 milliards de dollars de flux de trésorerie pour la période octobre-décembre 2011, et près de 9 milliards de dollars pour le trimestre précédent.

"Même avec (les dividendes et rachats d'actions), nous pouvons garder un trésor de guerre pour des opportunités stratégiques et avons plein de liquidités pour mener nos affaires", a souligné le directeur général Tim Cook.

Cette annonce du groupe à la pomme intervient trois jours après le lancement de la dernière version de la tablette iPad, qui a suscité un peu moins d'engouement en magasins que d'autres produits récents.

Sans donner de chiffres, M. Cook s'est montré toutefois rassurant sur les ventes du nouvel iPad. "Nous avons eu un week-end record, et nous en sommes ravis", a-t-il dit lors d'une téléconférence.

Plus généralement, M. Cook a justifié la dépense en dividendes et rachats d'actions par son optimisme pour Apple. "Nous participons à un marché très vaste et en croissance", a-t-il souligné.

"Nous ne voyons pas de plafond pour nos possibilités" de croissance, a-t-il encore lancé.

De nombreux groupes technologiques ont pour politique de ne pas verser de dividende, estimant qu'il est dans l'intérêt de préserver des liquidités dans un secteur qui doit être en mesure de constamment innover.

Cependant plusieurs poids lourds du secteur en versent déjà, y compris Microsoft, le géant des microprocesseurs Intel ou encore l'éditeur de logiciels professionnels Oracle, seulement depuis 2009.

De plus en plus d'analystes et d'actionnaires estimaient qu'Apple devait commencer à rémunérer ses actionnaires, vu qu'il est maintenant l'une des toutes premières capitalisations boursières du monde.

Les analystes de FBN Securities notaient que les dividendes, à hauteur de 10,6 dollars par an, restaient encore relativement modestes, puisque Apple avait fini l'année 2011 avec quelque 104 dollars de liquidités par action.

"Nous pensons que c'est une première étape et que cela pourrait être considérablement amplifié à l'avenir", notaient-ils.

Chez Jefferies, Peter Misek a estimé que cette initiative rendait "une acquisition majeure moins probable".

"Par le passé Steve Jobs disait que la raison pour ne pas rémunérer les actionnaires était le désir d'avoir la flexibilité de faire une acquisition stratégique majeure", écrivait M. Misek, pour qui "le fait que cette perspective s'éloigne devrait être considéré positivement, même si Apple garde assez de cash aux Etats-Unis pour des acquisitions plus petites".

Dimanche certains avaient spéculé sur un investissement d'Apple dans le site de microblogs Twitter, particulièrement bien intégré dans ses systèmes d'exploitation pour ordinateurs et appareils portables.

Tim Cook, de son côté, a seulement souligné que les dépenses en faveur des actionnaires "ne ferment aucune porte". "L'innovation est l'objectif le plus important pour Apple, et nous ne perdrons pas cela de vue", a-t-il dit.

A la différence d'autres groupes technologiques, Apple avait déjà versé des dividendes par le passé, mais cela remontait à une période où Steve Jobs n'y travaillait pas, entre 1987 et 1995.

L'action prenait 1,30% à 593,19 dollars vers 15h00 GMT.




Rédigé par Par Clément SABOURIN le Lundi 19 Mars 2012 à 05:58 | Lu 458 fois