Appels à projets pour les anciens hôtels Royal Papeete et Cook's Bay


L'ancien hôtel Cook's Bay à Moorea est inexploité depuis 1998, l'ensemble immobilier de 4496 m2 a pourtant un fort potentiel.
PAPEETE, le 5 novembre 2015. Tahiti Nui Aménagement et développement (TNAD) vient de publier deux avis de publicité en direction de partenaires privés pour des opérations de réhabilitation immobilière de ces deux anciens hôtels. L'objectif de l'établissement public est de trouver des investisseurs capables de prendre ces espaces vides, en l'état.

Il ne s'agit pas d'un appel à manifestation d'intérêt international comme ce fut le cas, à très grande échelle l'an dernier, pour le Tahiti Mahana Beach, mais le principe est un peu identique. Deux avis de publicité ont été publiés par TNAD pour des appels à projets immobiliers. L'un vise l'ancien hôtel Royal Papeete en face de la gare maritime ; le second concerne l'ancien hôtel Cook's Bay à Moorea. "Mon but c'est de faire avancer des projets et ne pas laisser du patrimoine en friche, ne pas garder sous le coude du patrimoine qui se détériore" précise Claude Drago, directeur général de TNAD. L'appel à projet, lancé localement uniquement, se veut ouvert : location-vente, acquisition complète, tout est possible même si l'avis publié évoque principalement "un bail de longue durée afin de faire réaliser et exploiter le bien, aux risques et périls du titulaire du contrat".

Depuis la publication de ces avis de publicité, à la toute fin du mois d'octobre, TNAD a déjà reçu quelques candidatures, mais la procédure étant en cours jusqu'au 27 novembre prochain, les informations restent secrètes. Il est vrai que les sites et les surfaces exploitables de ces deux anciens hôtels sont appréciables. En plein Papeete, à la sortie de la gare maritime, les 1982 m2 de l'ex Royal Papeete pourraient offrir des opportunités commerciales à un investisseur local : grand magasin, bureaux, hôtel ou même appartements, tout est possible à imaginer. Mais il faudra prendre les bâtiments en l'état : c'est-à-dire à l'issue d'une opération de dépollution et de désamiantage qui n'est pas encore tout à fait achevée et pour laquelle TNAD avait obtenu en juin dernier une subvention de 178 millions de Fcfp.

A Moorea, les près de 5000m2 de l'ancien hôtel Cook's Bay racheté par TNAD depuis 2009 sont à l'abandon et se détériorent. Aucun projet de cession n'a pu être jusqu'ici mené à bout. Sur ce site, TNAD n'a pas envisagé encore de lancer de coûteuses opérations de dépollution et ignore même s'il faut désamianter ou non les bâtiments : aucun diagnostic n'a été effectué, selon les déclarations du directeur général. Après tout, si quelqu'un fait une offre intéressante pour "exploiter le bien, aux risques et périls du titulaire du contrat" ce serait autant de frais en moins d'engagés pour un patrimoine immobilier public qui plombe depuis de longues années les finances du Pays.



TNAD, "le bras armé du gouvernement"

Dans un rapport de la Chambre territoriale des comptes (CTC) de juin 2015, les missions de TNAD, établissement public industriel et commercial sont précisées. "TNAD est chargé de procéder ou de contribuer à la réalisation, la rénovation et/ou la gestion des ouvrages, bâtiments et aménagements de toute nature destinés à un usage public sur le territoire de la Polynésie française. TNAD est encore chargé de concourir aux opérations de mise en valeur du patrimoine immobilier de la Polynésie française (…) Ces statuts très larges positionnent TNAD comme le bras armé du gouvernement local pour la réalisation des plus grands travaux du pays".

Sauf que parfois la mise en valeur du patrimoine immobilier du Pays traîne en longueur. C'est justement le cas des deux ensembles immobiliers pour lesquels TNAD est à la rechercher de repreneurs. L'ancien Royal Papeete a été racheté pour 600 millions de Fcfp en février 2009. A l'origine, il était prévu d'y construire un parking de 450 places pour la gare maritime, complété d’un ensemble de boutiques. Mais rien n'a été fait. Même constat d'échec pour l'ensemble immobilier Cook's Bay racheté en mars 2009 pour 350 millions de Fcfp. Au point que pour la CTC, ces acquisitions "font apparaître soit une incapacité manifeste à gérer les deniers publics, soit une volonté d’acheter en dépit du bon sens".

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 5 Novembre 2015 à 17:30 | Lu 2799 fois