Tahiti, le 23 avril 2023 - Le 25 avril, les autorités consulaires d’Australie et de Nouvelle-Zélande rendront hommage à deux soldats de l’Anzac inhumés à Papeete. Une cérémonie symbolique, qui ravive une mémoire méconnue : celle des engagements polynésiens dans la Première Guerre mondiale.
Chaque année, l’Anzac Day commémore le débarquement des troupes australiennes et néo-zélandaises sur les plages de Gallipoli, en 1915, en Turquie. À Tahiti, cette date renvoie aussi à une mémoire locale, trop souvent reléguée dans les marges de l’histoire militaire officielle. Ce vendredi, les tombes du sergent néo-zélandais John Roy Leslie et du soldat australien Robert William Fuhrstrom seront fleuries par les autorités consulaires des deux nations, à Papeete. Tous deux sont morts loin du front, mais en transit à Tahiti, à bord de navires-hôpitaux.
Une escale militaire en terre tahitienne
Le 5 septembre 1917, le navire-hôpital NZ HS Maheno jette l’ancre dans la rade de Papeete. En provenance directe de Bristol, en Angleterre, il transporte des blessés de nombreuses batailles. À son bord, 432 blessés, encadrés par un corps médical important.
L’accueil à Papeete est solennel : pavois dans la ville, concert improvisé sur gazoline, réception officielle au Cercle colonial. La population se presse sur les quais. Le sergent John Roy Leslie, 23 ans, succombe à ses blessures le soir même. Il est inhumé dès le lendemain au cimetière de l’Uranie, avec les honneurs militaires rendus par l’Infanterie coloniale de Tahiti. Quelques mois plus tard, le soldat australien Robert William Fuhrstrom, originaire de Beaufort (Victoria), meurt le 29 mai 1918 alors qu’il est évacué vers l’Australie. Il repose au cimetière de Tipaerui, comme Leslie.
Une histoire polynésienne
Derrière ces sépultures se dessine une trame oubliée : celle de la participation des insulaires du Pacifique – Niue, Cook, Fidji, Kiribati, Tuvalu ou encore Samoa – à l’effort de guerre néo-zélandais. Plusieurs jeunes Polynésiens sont aussi enrôlés depuis les îles Cook – faute de relais locaux –, comme Tera Aura (Rurutu), Puta Reo (Kaukura) ou Tia Brown (Raiatea) qui rejoignent le Rarotongan Contingent, rattaché au New Zealand Pioneer Battalion.
Ces hommes, souvent assignés à des tâches logistiques, sont déployés en Égypte, en France et en Palestine. Leurs parcours sont émaillés d’hospitalisations, de quarantaines, d’épisodes disciplinaires parfois, révélateurs des conditions précaires dans lesquelles ils servent. Mahoa Nahi, originaire de Bora Bora, est blessé par un shrapnel en France, réformé, puis réengagé brièvement avant d’être définitivement libéré par l’armée. Le Tahitien Metua a Mou, enrôlé à Rarotonga, traversera lui une chaîne ininterrompue d’hôpitaux entre l’Europe et l’Égypte. Au total, ce sont près de vingt Polynésiens français qui rejoindront les rangs de l’Anzac via les îles Cook, sans compter les vétérans isolés. Ce 25 avril, leur souvenir resurgira à l’ombre des drapeaux, le temps d’un protocole.
Chaque année, l’Anzac Day commémore le débarquement des troupes australiennes et néo-zélandaises sur les plages de Gallipoli, en 1915, en Turquie. À Tahiti, cette date renvoie aussi à une mémoire locale, trop souvent reléguée dans les marges de l’histoire militaire officielle. Ce vendredi, les tombes du sergent néo-zélandais John Roy Leslie et du soldat australien Robert William Fuhrstrom seront fleuries par les autorités consulaires des deux nations, à Papeete. Tous deux sont morts loin du front, mais en transit à Tahiti, à bord de navires-hôpitaux.
Une escale militaire en terre tahitienne
Le 5 septembre 1917, le navire-hôpital NZ HS Maheno jette l’ancre dans la rade de Papeete. En provenance directe de Bristol, en Angleterre, il transporte des blessés de nombreuses batailles. À son bord, 432 blessés, encadrés par un corps médical important.
L’accueil à Papeete est solennel : pavois dans la ville, concert improvisé sur gazoline, réception officielle au Cercle colonial. La population se presse sur les quais. Le sergent John Roy Leslie, 23 ans, succombe à ses blessures le soir même. Il est inhumé dès le lendemain au cimetière de l’Uranie, avec les honneurs militaires rendus par l’Infanterie coloniale de Tahiti. Quelques mois plus tard, le soldat australien Robert William Fuhrstrom, originaire de Beaufort (Victoria), meurt le 29 mai 1918 alors qu’il est évacué vers l’Australie. Il repose au cimetière de Tipaerui, comme Leslie.
Une histoire polynésienne
Derrière ces sépultures se dessine une trame oubliée : celle de la participation des insulaires du Pacifique – Niue, Cook, Fidji, Kiribati, Tuvalu ou encore Samoa – à l’effort de guerre néo-zélandais. Plusieurs jeunes Polynésiens sont aussi enrôlés depuis les îles Cook – faute de relais locaux –, comme Tera Aura (Rurutu), Puta Reo (Kaukura) ou Tia Brown (Raiatea) qui rejoignent le Rarotongan Contingent, rattaché au New Zealand Pioneer Battalion.
Ces hommes, souvent assignés à des tâches logistiques, sont déployés en Égypte, en France et en Palestine. Leurs parcours sont émaillés d’hospitalisations, de quarantaines, d’épisodes disciplinaires parfois, révélateurs des conditions précaires dans lesquelles ils servent. Mahoa Nahi, originaire de Bora Bora, est blessé par un shrapnel en France, réformé, puis réengagé brièvement avant d’être définitivement libéré par l’armée. Le Tahitien Metua a Mou, enrôlé à Rarotonga, traversera lui une chaîne ininterrompue d’hôpitaux entre l’Europe et l’Égypte. Au total, ce sont près de vingt Polynésiens français qui rejoindront les rangs de l’Anzac via les îles Cook, sans compter les vétérans isolés. Ce 25 avril, leur souvenir resurgira à l’ombre des drapeaux, le temps d’un protocole.