Paris, France | AFP | mardi 15/09/2020 - L'Agence du médicament (ANSM) a annoncé mardi avoir saisi le procureur de la République pour lui signaler le cas de médecins prescrivant à des enfants autistes des antibiotiques ou des substances censées éliminer les métaux lourds.
"Alertée sur la prescription par certains médecins de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché pour traiter des enfants atteints d'autisme", l'ANSM "déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n'ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d'une utilisation prolongée", précise-t-elle dans un communiqué.
Les pratiques incriminées concernent la prescription "sur de longues durées (plusieurs mois)" de "médicaments anti-infectieux" (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de "chélateurs de métaux lourds", des substances censées éliminer les métaux lourds de l'organisme, dont l'utilisation n'est recommandée qu'en cas d'intoxication avérée, détaille l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Informée fin 2019 via sa procédure de lancement d'alerte par la présidente de l'association SOS Autisme, Olivia Cattan, l'agence a recueilli notamment des témoignages de parents et des ordonnances qui font état de ces prescriptions.
Après enquête interne, l'ANSM annonce avoir "informé le procureur de la République de ces pratiques de prescriptions dangereuses" cet été, mais aussi les Ordres des médecins et des pharmaciens, responsables du respect des règles de déontologie par leurs membres, ainsi que la Caisse nationale d'Assurance maladie (CNAM).
Impasse thérapeutique
Olivia Cattan, qui s'apprête à publier un livre pour dénoncer ces pratiques ("Le livre noir de l'autisme", le 24 septembre aux Editions du Cherche-Midi), va elle aussi déposer plainte auprès du procureur de la République, a-t-elle dit à l'AFP. Elle indique avoir également alerté les Ordres des médecins et des pharmaciens.
"On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés. Les parents, dans une impasse thérapeutique, se font avoir et jettent leur argent dans des +protocoles+ pas prouvés scientifiquement", déplore-t-elle.
Si elle "se félicite de la suite donnée" par l'ANSM à son alerte, elle se dit toutefois, dans un communiqué, "étonnée du peu de réactions et d'actions de Mme (Claire) Compagnon, chargée de l'autisme au gouvernement", ainsi que des autres membres du gouvernement concernés qu'elle a rencontrés.
Les pharmaciens aussi ont un rôle à jouer, souligne Philippe Vella, directeur des médicaments en neurologie à l'ANSM. "Ils analysent les ordonnances et peuvent refuser de délivrer un médicament quand l'intérêt de la santé du patient semble l'exiger", a-t-il expliqué à l'AFP.
Fin mai, le Conseil national de l'ordre des pharmaciens (CNOP) avait déjà relayé auprès de ses membres un courrier de l'ANSM mettant en garde "sur des pratiques de prescriptions hors autorisation de mise sur le marché dans l'autisme" et qui rappelait les règles de dispensation des médicaments dans les pharmacies.
"Déraisonnable"
Selon Olivia Cattan, une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l'association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier, et auraient traité quelque 5.000 enfants depuis 2012.
Cette année-là, Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour avoir participé à la découverte du virus du sida, défendait l'idée d'une "piste infectieuse" pour expliquer l'autisme. Il affirmait, vidéos à l'appui, que les antibiotiques pouvaient améliorer l'état de la majorité des enfants concernés, provoquant une prise de distance immédiate de l'Académie nationale de médecine, qui hébergeait sa conférence.
L'Académie soulignait ainsi qu'"il serait déraisonnable de donner aux parents d'enfants atteints de cette maladie des espoirs injustifiés avant une validation de ces résultats par plusieurs équipes médicales".
"Les anti-infectieux présentent des risques de survenue d'effets indésirables, en particulier lors d'une exposition au long cours. Ils peuvent se caractériser, outre les effets digestifs, par des troubles cardiovasculaires, cutanés, ainsi que par d'autres troubles spécifiques à chaque antibiotique utilisé", rappelle l'ANSM.
Par ailleurs, "l'utilisation d'antibiotiques sur une durée longue va contribuer à l'émergence d'une antibiorésistance qui diminuera l'efficacité du traitement en cas d'infection avérée", ajoute-t-elle.
"Les troubles du spectre de l'autisme constituent un syndrome neuro-développemental pour lequel il n'y a pas de traitement médicamenteux curatif", souligne Philippe Vella, de l'ANSM.
"Nous souhaitons avant tout envoyer un message aux familles dans le désarroi, potentiellement vulnérables, pour les alerter: on expose ces enfants aux effets indésirables connus de traitements pour lesquels les bénéfices n'ont pas été prouvés", souligne-t-il.
"Alertée sur la prescription par certains médecins de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché pour traiter des enfants atteints d'autisme", l'ANSM "déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n'ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d'une utilisation prolongée", précise-t-elle dans un communiqué.
Les pratiques incriminées concernent la prescription "sur de longues durées (plusieurs mois)" de "médicaments anti-infectieux" (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de "chélateurs de métaux lourds", des substances censées éliminer les métaux lourds de l'organisme, dont l'utilisation n'est recommandée qu'en cas d'intoxication avérée, détaille l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Informée fin 2019 via sa procédure de lancement d'alerte par la présidente de l'association SOS Autisme, Olivia Cattan, l'agence a recueilli notamment des témoignages de parents et des ordonnances qui font état de ces prescriptions.
Après enquête interne, l'ANSM annonce avoir "informé le procureur de la République de ces pratiques de prescriptions dangereuses" cet été, mais aussi les Ordres des médecins et des pharmaciens, responsables du respect des règles de déontologie par leurs membres, ainsi que la Caisse nationale d'Assurance maladie (CNAM).
Impasse thérapeutique
Olivia Cattan, qui s'apprête à publier un livre pour dénoncer ces pratiques ("Le livre noir de l'autisme", le 24 septembre aux Editions du Cherche-Midi), va elle aussi déposer plainte auprès du procureur de la République, a-t-elle dit à l'AFP. Elle indique avoir également alerté les Ordres des médecins et des pharmaciens.
"On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés. Les parents, dans une impasse thérapeutique, se font avoir et jettent leur argent dans des +protocoles+ pas prouvés scientifiquement", déplore-t-elle.
Si elle "se félicite de la suite donnée" par l'ANSM à son alerte, elle se dit toutefois, dans un communiqué, "étonnée du peu de réactions et d'actions de Mme (Claire) Compagnon, chargée de l'autisme au gouvernement", ainsi que des autres membres du gouvernement concernés qu'elle a rencontrés.
Les pharmaciens aussi ont un rôle à jouer, souligne Philippe Vella, directeur des médicaments en neurologie à l'ANSM. "Ils analysent les ordonnances et peuvent refuser de délivrer un médicament quand l'intérêt de la santé du patient semble l'exiger", a-t-il expliqué à l'AFP.
Fin mai, le Conseil national de l'ordre des pharmaciens (CNOP) avait déjà relayé auprès de ses membres un courrier de l'ANSM mettant en garde "sur des pratiques de prescriptions hors autorisation de mise sur le marché dans l'autisme" et qui rappelait les règles de dispensation des médicaments dans les pharmacies.
"Déraisonnable"
Selon Olivia Cattan, une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l'association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier, et auraient traité quelque 5.000 enfants depuis 2012.
Cette année-là, Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour avoir participé à la découverte du virus du sida, défendait l'idée d'une "piste infectieuse" pour expliquer l'autisme. Il affirmait, vidéos à l'appui, que les antibiotiques pouvaient améliorer l'état de la majorité des enfants concernés, provoquant une prise de distance immédiate de l'Académie nationale de médecine, qui hébergeait sa conférence.
L'Académie soulignait ainsi qu'"il serait déraisonnable de donner aux parents d'enfants atteints de cette maladie des espoirs injustifiés avant une validation de ces résultats par plusieurs équipes médicales".
"Les anti-infectieux présentent des risques de survenue d'effets indésirables, en particulier lors d'une exposition au long cours. Ils peuvent se caractériser, outre les effets digestifs, par des troubles cardiovasculaires, cutanés, ainsi que par d'autres troubles spécifiques à chaque antibiotique utilisé", rappelle l'ANSM.
Par ailleurs, "l'utilisation d'antibiotiques sur une durée longue va contribuer à l'émergence d'une antibiorésistance qui diminuera l'efficacité du traitement en cas d'infection avérée", ajoute-t-elle.
"Les troubles du spectre de l'autisme constituent un syndrome neuro-développemental pour lequel il n'y a pas de traitement médicamenteux curatif", souligne Philippe Vella, de l'ANSM.
"Nous souhaitons avant tout envoyer un message aux familles dans le désarroi, potentiellement vulnérables, pour les alerter: on expose ces enfants aux effets indésirables connus de traitements pour lesquels les bénéfices n'ont pas été prouvés", souligne-t-il.