Angelo Schirinzi, le coach des Tiki Toa refait le match


Angelo Schirinzi est né le 5 Novembre 1972 à Bâle. Il est entraîneur-joueur de Beach Soccer. Particulièrement qualifié, il possède les diplômes les plus reconnus de Suisse (UEFA licence pro/UEFA Pro Lizenz, 2010/2011 perfectionnements au FC Bâle, Grashoppers Zürich, Spartak Moscou et Bayer Leverkusen).
Avec son accent bien marqué et son stoïcisme à toute épreuve, l’entraîneur des Tiki Toa a marqué le cœur des Polynésiens lors de la coupe du monde de Beach Soccer. Il répond aux questions de Tahiti Infos à l’occasion d’un entretien exclusif au centre technique :

Comment l'aventure avec les Tiki Toa a-t-elle a commencé ?

« Tout a démarré en 2010 avec la qualification de la coupe du monde à Ravenne, je suis arrivé comme instructeur Fifa, j’avais fait un cours pour être entraîneur et presque tous les Tiki Toa avaient participé à ce cours, après on s’est entraîné avec l’équipe nationale suisse 4-5 jours. On a fait des entraînements pendant les vacances et après ils se sont qualifiés pour la coupe du monde. Ils ont dû avoir peut être l’impression que j’avais donné un coup de main, car ils avaient gagné contre les Salomon, on étais déjà devenus bons amis, voilà comment à commencé cette belle relation »

« Après Heimanu, Angel et Teva sont venus en Suisse pour jouer et après deux mois on est vraiment devenus bons copains. En 2011, ils sont revenus avec le reste de l’équipe pour deux semaines de préparation avant la coupe du monde en Italie. Ils m’ont demandé ‘si la Suisse ne se qualifie pas, si je pouvais les aider’ et j’ai dit oui. Après que nous ayons perdu 8-7 contre la Russie, c’était serré… après trois-quatre jours, Teva m’a demandé ‘alors qu’est ce que tu fais ?’ J’ai dit oui.

« Après, on a vu avec Reynald Temarii comment on allait faire cette préparation, en allant notamment à Dubaï une semaine avant la Coupe Intercontinentale avec les Tiki Toa, mais j’ai joué avec la Suisse à ce moment là. Je suis toujours joueur pour la Suisse, jusqu’à présent, même si je suis dans le deuxième bloc ! On a joué contre l’Espagne il n’y a pas longtemps dans la ligue européenne, et on a gagné 4-1 ! »

« En décembre 2012, je suis venu ici trois semaines, puis Reynald m’a dit qu’on allait se préparer pour 3 matchs contre la France, que l’on a gagné, 3 matchs contre la Hollande, gagnés également…Beaucoup de matchs d’entraînement, toujours à haut niveau. On était en forme mais au final on a combattu contre 6 personnes pas contre 5, à mon avis. Je ne veux pas ‘trop dire’ contre les arbitres, mais ‘je dis quand même’ parce que je ne me laisse pas faire et j’aime dire ce que je pense. »


Justement, quel est le bilan de cette coupe du monde ?

« Les Tiki Toa méritaient d’aller jusqu’en finale après on a eu des problèmes avec les cartons jaunes avec Heimanu et Raimana contre l’Argentine, pour moi c’était déjà incroyable, puis contre la Russie la suspension de Patrick Tepa nous a fait beaucoup de mal mais contre le Brésil je suis très content de la prestation des Tiki Toa, c’était incroyable, du très haut niveau, pour moi c’était ça la finale. »

« Si on avait joué la finale contre l’Espagne avec toute l’équipe, on aurait gagné et ça, ça fait mal…ça fait mal. Je ne comprends pas. En Europe, avec la Suisse on a 25 ou 30 matchs tous les ans, tous les arbitres en ‘euro’ aussi, le niveau est pas mal. Mais en Argentine, en Amérique du sud, tu auras peut être trois ou cinq matchs par an, je ne sais pas combien. Nous on a une ligue, les arbitres sont dans la ligue, tous les week ends, ils ont des matchs de tous les niveaux."


Comment envisages-tu la suite ? Il ne faut plus que la Suisse se qualifie !

« Je ne vais pas mourir, je suis là. La suite a déjà commencé. On s’entraîne ce soir. Je suis toujours entraîneur et joueur de la Suisse mais on va continuer comme maintenant. Je vais aider si je peux. Que la Suisse continue à ne pas se qualifier ? (rires) Si le Mana veut ça, on va voir ! Mais tu sais, on a réussi comme ça et on va continuer. Je reste un bon ami de Reynald, de Heimanu, de Teva, ils joueront toujours dans mon équipe, ils viendront en Suisse pour jouer la ligue des champions puisqu’on a gagné avec eux le championnat suisse. On va s’entraîner beaucoup ensemble avec d’autres Tiki Toa pour le championnat suisse car on ne peut pas rester tranquilles, c’est clair ! S’il y a un tournoi et que je peux venir aider, je viendrai, sinon ce sera Teva Zaveroni, comme avant, où est le problème ? Et si le destin de la Suisse est de ne pas se qualifier, je serai là, si on a besoin de moi. Si on n’a pas besoin de moi, c’est bien aussi. »

Comment décrirais-tu ce que tu leur as appris ?

« Les joueurs voient que je suis un peu ‘fou’ pour ce sport, ils voient que je veux toujours gagner, cette mentalité ils l’ont peut être un peu apprise, c’est dans le cœur des joueurs. Même à l’entraînement, je veux toujours gagner. Teva est comme ça aussi. Pas beaucoup de joueurs sont comme ça. Si tu as le ‘feu’ pour le jeu et que tu transmet ce ‘feu’, le joueur aime ça, car le tahitien il aime le combat. Oui, il aime le combat, les paris etc...Contre le Brésil c’était dur, on était à 4 à 2…Alors j’ai dit quelques mots et j’ai touché les joueurs, je pense, avec de mots durs…(rires) De manière ironique j’ai dit ‘Les Brésiliens sont venus manger de l’agneau à Tahiti ? Vous êtes ‘cassés’, ils vous ‘donnent’ dans votre stade, pas de problème, laissez vous tuer ici…’ Ils étaient fâchés mais ils ont bien réagi. C’est bien. Mais c’est eux qui ont fait le match, c’est pas moi. Mais oui, je les ai peut être touchés et aidé à retrouver l’agressivité. Un match incroyable, des combinaisons de haut niveau. On a fait le meilleur spectacle offensif, à mon avis. »


Les gens te remercient en permanence, même pendant notre interview…

« Oui je sens une reconnaissance, je l’entends…Chez le coiffeur, en ville…Beaucoup de soutien, je suis content et j’espère que les joueurs ont ce même sentiment car ils l’on mérité. J’aime bien, c’est aussi un salaire de ce que tu as fait, que la population voit que tu as bien travaillé, cela me plaît beaucoup. Reynald a créé tout cela, il faut le dire. Il a tout mis en place, c’est grâce à lui. Il m’a motivé. Il a déjà des objectifs dans la tête et il va les suivre, il faut lui faire confiance, il fait des choses extraordinaires. Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’une fédération spécifique, il y a la FTF, la fédération Tahitienne de football. »

« J’ai la passion pour le football et pour ce sport. Quand je l’ai vu il y a 13 ans, j’ai aimé car il y a du spectacle, il y a de la technique, c’est dur physiquement, c’est un événement. Alors effectivement, il n’y a pas de plage en Suisse mais il n’y pas la mer et on a gagné la Coupe de l’América, alors…Si tu connaîs le foot, même le ‘petit’ foot’ dans la rue, tu vas t’améliorer, c’est tout…Nous les Suisses, on était les ‘petits’ en Europe contre Italie, l’Espagne, le Portugal, on a commencé à comprendre le jeu et on a gagné la Coupe d’Europe en 2005 et beaucoup d’autres bons résultats…Beaucoup de passion, c’est ce qui compte. »

« On a une belle équipe des Tiki Toa avec qui travailler. On a un super bloc, il faut maintenant beaucoup de travail pour le deuxième bloc. Les Brésiliens et les Russes ont deux blocs très forts. Mais on va continuer à travailler et à s’améliorer, c’est clair. J’aime travailler avec eux, car il veulent apprendre et ont beaucoup de respect. Jamais de problèmes que ce soit sur le terrain ou en dehors. Ils savent travailler ensemble. »

Angelo Schirinzi a écrit, au nom de la FIFA, un manuel important pour le Beach Soccer. Il évolue depuis longtemps dans la promotion du sport et la formation des entraîneurs dans différents pays du monde.

Mauruuru Roa Angelo!


Rédigé par SB le Vendredi 4 Octobre 2013 à 06:24 | Lu 7606 fois