Les start-up polynésiennes ne peuvent pas monétiser leurs productions
PAPEETE, le 5 décembre 2016 - Les geeks polynésiens connaissent bien ce problème : sur Android il est impossible d'installer des applications payantes ou des applications proposant des achats intégrés. Ça embête les mobinautes, mais surtout les développeurs locaux…
Les trois-quarts des polynésiens n'ont pas accès aux services numériques les plus innovants. Et pour une fois, ce n'est pas à cause de la qualité de la connexion : c'est qu'il est impossible d'acheter et de vendre des applications mobiles sur la plate-forme Android de Google. Android équipe presque tous les téléphones et tablettes concurrents de l'iPhone et de l'iPad, par exemple les téléphones et tablettes de Samsung ou HTC.
Or, pour Google, une application payante est à la fois une application vendue quelques euros, mais aussi une application qui propose des achats intégrés. Le jeu Pokemon Go est la parfaite illustration du problème que cela cause : totalement gratuit, le jeu permet aux joueurs d'acheter certains objets virtuels… Du coup il n'est pas possible de le télécharger sur Google Play. Sortie encore plus récemment, l'application Tahiti Kiosque proposée par Fenua Communication est confrontée au même problème.
Bizarrement, le grand concurrent de Google, Apple, n'a aucun état d'âme avec les internautes des îles et accepte notre argent sans sourciller...
UN PROBLÈME TECHNIQUE ET ÉCONOMIQUE
Le chef de la direction générale de l’Économie numérique (DGAE), Karl Tefaatau, nous explique que le souci vient "d'un problème d'adressage des plages IP. C'était arrivé avec d'autres fournisseurs, comme Netflix. Jusqu'à présent nos opérateurs (NDR : Vini, Vodafone et Viti) devaient prendre attache avec les fournisseurs de service (NDA : Netflix, Google, Facebook...) pour leur communiquer notre adressage des plages IP. Ils ont pris contact avec Google Play il y a trois ans, qui n'a pas donné suite ! Pour accélérer le processus, nous avons remonté cette procédure au niveau du Pays et nous allons recontacter Google directement."
Un expert réseau travaillant pour l'un de nos opérateurs explique que "l'adressage des plages IP, c'est une toute petite partie du problème, même si c'est sans doute la base. Mais il faut surtout que Google mette en place les entités qui créeront l'identité du shop polynésien, pour permettre le paiement, le support technique, etc. L'adressage IP leur permettra juste d'être certains de s'adresser à des internautes Polynésiens." En effet, pour l'instant la Polynésie est rangée par Google Play dans la catégorie "reste du monde", avec accès aux seules applications gratuites.
Justement, Google a répondu à nos demandes d'explications et invite notre ministère du Numérique à le contacter : "notre équipe travaille dur pour étendre Google Play à de nouveaux pays et régions, mais malheureusement nous n'avons pas encore de date pour une ouverture du service en Polynésie. Votre ministre des Nouvelles Technologies peut toujours contacter Google pour rendre la Polynésie disponible…"
GROS HANDICAP POUR NOS ENTREPRISES INNOVANTES
Une intervention politique est sans doute la meilleure solution, car notre problème c'est surtout que nous sommes trop peu nombreux pour que le géant du web nous consacre son attention. Parmi les petits pays du Pacifique, seules les îles Fiji ont un accès partiel au service et peuvent acheter des applications payantes.
Pour une entreprise locale qui cherche à innover dans le numérique, c'est une énorme barrière : la publicité mobile ne rapporte que sur des millions d'installations, alors que le marché local se compte en dizaines de milliers. Le modèle des achats intégrés ou des applications payantes est donc la seule solution… Mais comme les trois-quarts des Polynésiens sont équipés avec Android, ce sont autant de clients potentiels en moins.
Et au niveau technique, rien que mettre l'application en ligne est difficile pour des Polynésiens. Il faut passer par un tiers en métropole pour mettre l'application en ligne, facturer les clients et récupérer le chiffre d'affaires. C'est compliqué pour une entreprise établie, donc imaginez un étudiant en train de créer la prochaine révolution numérique dans son garage... Et le résultat est là : aucune application payante n'a été créée en Polynésie, alors que c'est le marché qui a eu la plus forte croissance dans le monde ces dernières années. Une occasion ratée...
SELON LE MINISTRE, "C'EST GÊNANT"
Pourtant la Polynésie semble compter sur le numérique pour développer son économie. Les initiatives publiques et privées foisonnent dans ce domaine. Citons l'ouverture il y a 18 mois d'une école de création de jeux vidéo ; de l'arrivée des tablettes dans les écoles primaires ; de l'ouverture d'un incubateur de start-up dès l'année prochaine ; ou encore du premier concours de création et de développement des entreprises qui a fait la part belle au numérique.
Mais dans le monde de l'économie numérique, les applications mobiles sont devenues reines. Elles devraient générer un chiffre d'affaires mondial de 76 milliards de dollars en 2017 (chiffres Gartner) et transforment des pans entiers de l'économie traditionnelle. Pensez Uber, Netflix ou AirBnB…
À ce rythme, le prochain Pokemon Go ou Instagram n'est pas près de naître à Tahiti. Le ministre du Numérique, Teva Rohfritsch, l'a reconnu quand nous lui avons posé la question : "c'est un peu gênant, il faut que nous leur écrivions" a-t-il commenté.
Les trois-quarts des polynésiens n'ont pas accès aux services numériques les plus innovants. Et pour une fois, ce n'est pas à cause de la qualité de la connexion : c'est qu'il est impossible d'acheter et de vendre des applications mobiles sur la plate-forme Android de Google. Android équipe presque tous les téléphones et tablettes concurrents de l'iPhone et de l'iPad, par exemple les téléphones et tablettes de Samsung ou HTC.
Or, pour Google, une application payante est à la fois une application vendue quelques euros, mais aussi une application qui propose des achats intégrés. Le jeu Pokemon Go est la parfaite illustration du problème que cela cause : totalement gratuit, le jeu permet aux joueurs d'acheter certains objets virtuels… Du coup il n'est pas possible de le télécharger sur Google Play. Sortie encore plus récemment, l'application Tahiti Kiosque proposée par Fenua Communication est confrontée au même problème.
Bizarrement, le grand concurrent de Google, Apple, n'a aucun état d'âme avec les internautes des îles et accepte notre argent sans sourciller...
UN PROBLÈME TECHNIQUE ET ÉCONOMIQUE
Le chef de la direction générale de l’Économie numérique (DGAE), Karl Tefaatau, nous explique que le souci vient "d'un problème d'adressage des plages IP. C'était arrivé avec d'autres fournisseurs, comme Netflix. Jusqu'à présent nos opérateurs (NDR : Vini, Vodafone et Viti) devaient prendre attache avec les fournisseurs de service (NDA : Netflix, Google, Facebook...) pour leur communiquer notre adressage des plages IP. Ils ont pris contact avec Google Play il y a trois ans, qui n'a pas donné suite ! Pour accélérer le processus, nous avons remonté cette procédure au niveau du Pays et nous allons recontacter Google directement."
Un expert réseau travaillant pour l'un de nos opérateurs explique que "l'adressage des plages IP, c'est une toute petite partie du problème, même si c'est sans doute la base. Mais il faut surtout que Google mette en place les entités qui créeront l'identité du shop polynésien, pour permettre le paiement, le support technique, etc. L'adressage IP leur permettra juste d'être certains de s'adresser à des internautes Polynésiens." En effet, pour l'instant la Polynésie est rangée par Google Play dans la catégorie "reste du monde", avec accès aux seules applications gratuites.
Justement, Google a répondu à nos demandes d'explications et invite notre ministère du Numérique à le contacter : "notre équipe travaille dur pour étendre Google Play à de nouveaux pays et régions, mais malheureusement nous n'avons pas encore de date pour une ouverture du service en Polynésie. Votre ministre des Nouvelles Technologies peut toujours contacter Google pour rendre la Polynésie disponible…"
GROS HANDICAP POUR NOS ENTREPRISES INNOVANTES
Une intervention politique est sans doute la meilleure solution, car notre problème c'est surtout que nous sommes trop peu nombreux pour que le géant du web nous consacre son attention. Parmi les petits pays du Pacifique, seules les îles Fiji ont un accès partiel au service et peuvent acheter des applications payantes.
Pour une entreprise locale qui cherche à innover dans le numérique, c'est une énorme barrière : la publicité mobile ne rapporte que sur des millions d'installations, alors que le marché local se compte en dizaines de milliers. Le modèle des achats intégrés ou des applications payantes est donc la seule solution… Mais comme les trois-quarts des Polynésiens sont équipés avec Android, ce sont autant de clients potentiels en moins.
Et au niveau technique, rien que mettre l'application en ligne est difficile pour des Polynésiens. Il faut passer par un tiers en métropole pour mettre l'application en ligne, facturer les clients et récupérer le chiffre d'affaires. C'est compliqué pour une entreprise établie, donc imaginez un étudiant en train de créer la prochaine révolution numérique dans son garage... Et le résultat est là : aucune application payante n'a été créée en Polynésie, alors que c'est le marché qui a eu la plus forte croissance dans le monde ces dernières années. Une occasion ratée...
SELON LE MINISTRE, "C'EST GÊNANT"
Pourtant la Polynésie semble compter sur le numérique pour développer son économie. Les initiatives publiques et privées foisonnent dans ce domaine. Citons l'ouverture il y a 18 mois d'une école de création de jeux vidéo ; de l'arrivée des tablettes dans les écoles primaires ; de l'ouverture d'un incubateur de start-up dès l'année prochaine ; ou encore du premier concours de création et de développement des entreprises qui a fait la part belle au numérique.
Mais dans le monde de l'économie numérique, les applications mobiles sont devenues reines. Elles devraient générer un chiffre d'affaires mondial de 76 milliards de dollars en 2017 (chiffres Gartner) et transforment des pans entiers de l'économie traditionnelle. Pensez Uber, Netflix ou AirBnB…
À ce rythme, le prochain Pokemon Go ou Instagram n'est pas près de naître à Tahiti. Le ministre du Numérique, Teva Rohfritsch, l'a reconnu quand nous lui avons posé la question : "c'est un peu gênant, il faut que nous leur écrivions" a-t-il commenté.
Les applications bloquées par Google Play sont généralement disponibles sur Aptoide
Les solutions pour contourner le blocage de Google
Si vous n'êtes pas un vrai "geek", la solution la plus simple est d'aller voir le premier joueur de Pokemon Go ou de Clash of Clans que vous connaissez utilisant Android. Car ces jeux gratuits très populaires sont bloqués par Google en Polynésie, et pourtant des milliers de personnes y jouent quand même sans aucun problème… Ils sauront vous aider !
Leurs techniques (de la plus simple à la plus complexe) :
- Installer un magasin d'applications indépendant : si Google Play vous bloque, utilisez l'un de ses nombreux concurrents. À Tahiti, c'est Aptoide (à trouver sur m.aptoide.com) qui fait l'unanimité puisqu'on y trouve la plupart des applications populaires bloquées par Google.
- Télécharger les APK directement : sur Android, un fichier APK contient l'app en entier et peut être installé facilement sur votre appareil. Certains éditeurs permettent ainsi de télécharger leurs applications directement sur leur site. Les geeks polynésiens sont également adeptes des sites de piratages permettant de récupérer les APK d'applications normalement payantes...
- Configurer un VPN : cette solution permet de faire croire que vous accéder au Net depuis un autre pays. Faites-vous passer pour un américain par exemple, et vous aurez accès au magasin en entier, dont toutes les applications payantes. De nombreux tutoriels existent sur internet pour configurer un VPN sur un appareil mobile. N'oubliez pas de vider le cache de Google Play. Cette technique est également utile pour accéder à des contenus bloqués par région, par exemple sur Netflix, Hulu, la BBC...
Si vous n'êtes pas un vrai "geek", la solution la plus simple est d'aller voir le premier joueur de Pokemon Go ou de Clash of Clans que vous connaissez utilisant Android. Car ces jeux gratuits très populaires sont bloqués par Google en Polynésie, et pourtant des milliers de personnes y jouent quand même sans aucun problème… Ils sauront vous aider !
Leurs techniques (de la plus simple à la plus complexe) :
- Installer un magasin d'applications indépendant : si Google Play vous bloque, utilisez l'un de ses nombreux concurrents. À Tahiti, c'est Aptoide (à trouver sur m.aptoide.com) qui fait l'unanimité puisqu'on y trouve la plupart des applications populaires bloquées par Google.
- Télécharger les APK directement : sur Android, un fichier APK contient l'app en entier et peut être installé facilement sur votre appareil. Certains éditeurs permettent ainsi de télécharger leurs applications directement sur leur site. Les geeks polynésiens sont également adeptes des sites de piratages permettant de récupérer les APK d'applications normalement payantes...
- Configurer un VPN : cette solution permet de faire croire que vous accéder au Net depuis un autre pays. Faites-vous passer pour un américain par exemple, et vous aurez accès au magasin en entier, dont toutes les applications payantes. De nombreux tutoriels existent sur internet pour configurer un VPN sur un appareil mobile. N'oubliez pas de vider le cache de Google Play. Cette technique est également utile pour accéder à des contenus bloqués par région, par exemple sur Netflix, Hulu, la BBC...