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Alexandre Faitrouni : “L’impression de regarder un vrai film d’époque”


Alexandre Faitrouni a été nommé en tant que révélation masculine aux Molières 2023 pour son interprétation de Charlie Chaplin dans la pièce Smile, qui se jouera ce vendredi, mais aussi ce samedi et ce dimanche au Fenua. Crédit photo : Smile.
Alexandre Faitrouni a été nommé en tant que révélation masculine aux Molières 2023 pour son interprétation de Charlie Chaplin dans la pièce Smile, qui se jouera ce vendredi, mais aussi ce samedi et ce dimanche au Fenua. Crédit photo : Smile.
Tahiti, le 4 septembre 2024 - Retracer une partie méconnue de la vie de Charlie Chaplin, à travers un hommage au cinéma muet. C'est l'ambition de Smile, la première pièce de théâtre en noir et blanc qui sera jouée au Petit théâtre de la Maison de la culture ce week-end. Alexandre Faitrouni, nommé aux Molières 2023 dans la catégorie révélation masculine de l'année, incarne sur scène le célèbre Charlot. À quelques jours de sa première représentation au Fenua, il s'est confié à Tahiti Infos sur ce rôle unique et sur l'empreinte culturelle polynésienne qu'il découvre. Interview.
 
Alexandre, avec Smile, vous incarnez l'un des acteurs les plus iconiques de l'histoire, Charlie Chaplin. Comment parvient-on à entrer dans la peau d'un tel personnage ?

“C’est effectivement un défi, car Charlie Chaplin est une figure emblématique qui a marqué des générations, son image est profondément ancrée dans l'imaginaire collectif. L'avantage avec Smile, c’est que la pièce se concentre sur un aspect moins connu de sa vie, avant qu’il ne devienne Charlot. Nous sommes à Londres, il a 19 ans, et il est encore loin d’être célèbre. Il fait face à ses propres démons, étant d'une timidité extrême. Comme souvent chez les clowns, il y avait en lui une grande sensibilité, un mélange d'émotions qu'il avait du mal à canaliser. C'est donc un Chaplin encore vulnérable que j’ai la liberté de réinventer, car il n’y a pas d’image de lui avant sa célébrité. Mais oui, c’est un vrai challenge d’incarner cet artiste complet, à la fois mime, comédien et clown.”
 
Pouvez-vous nous en dire plus sur la pièce et ce chapitre méconnu de la vie de Chaplin que vous portez sur scène ?

“Nous sommes en 1910, dans un bar londonien fictif appelé le Myth. Chaplin a donné rendez-vous à la femme qu’il aime, Hetty Kelly, une danseuse qu’il a rencontrée dans le cabaret de Fred Karno avant son départ pour les États-Unis. Il va lui déclarer sa flamme et demander sa main. Je n'en dis pas plus. Ce qui rend cette scène particulière, c’est qu’elle est racontée du point de vue de trois personnages : Chaplin, Hetty et le barman du Myth, qui est témoin de cette rencontre. Bien que le bar soit inventé, cette scène a bel et bien existé. Chaplin a vraiment demandé Hetty en mariage et ce moment a profondément influencé le cours de sa vie.”
 
Les décors, en noir et blanc, semblent jouer un rôle central dans la pièce, avec des dialogues parfois projetés sur des pancartes. Est-ce un hommage au cinéma muet ?

“Absolument, c’est un hommage direct au cinéma muet. Bien qu'il y ait des dialogues, certains passages sont effectivement écrits sur des pancartes, comme dans les films de cette époque. Dans la pièce, Chaplin utilise ce procédé, car il a du mal à exprimer ses sentiments. Il y aura également des scènes jouées en accéléré ou en ralenti, qui se répètent parfois. Nous avons véritablement intégré les codes du cinéma muet, et l’ensemble donne l’impression de regarder un vrai film d’époque.”
 
Comment ces décors, assez sophistiqués, seront-ils transposés sur la scène du Petit théâtre ?

“Nous allons bien sûr nous adapter. Stéphane (Stéphane Bouthéon, directeur de Rideau Rouge, qui produit la pièce au Fenua, NDLR) a fait tout son possible pour recréer les décors au plus près de l’original. Les éléments principaux, comme le piano, le bar et la table, sont peints dans une texture grise pour donner l’effet visuel voulu. Ces éléments sont mobiles et constituent le cœur de la scène. Je suis curieux de voir à quoi cela ressemblera, mais je sais qu'ils ont fait de leur mieux pour rester fidèles à l'ambiance originale.”
 
Vous n’avez pas encore fait de répétition sur place ?

“Non, mais l’avantage, c’est que nous jouons cette pièce depuis deux ans. Nous alternons avec d'autres acteurs, donc nous sommes habitués à nous adapter rapidement. Ici, je jouerai avec Tristan Robin et Éléonore Sarrazin, avec qui nous avons déjà beaucoup tourné. Nous allons découvrir demain comment l’équipe de Rideau Rouge et nos régisseurs ont adapté la pièce pour cette scène.”
 
Vous partagez le rôle de Chaplin avec Grant Lawrens. Comment fonctionne cette alternance ?

“Très bien. Grant fait partie de l’équipe depuis la création de la pièce. Dès le début, nous avons dû jongler avec nos disponibilités respectives et cette alternance s’est imposée naturellement. Comme ça l'a été pour les deux autres rôles de la pièce par la suite. On se répartit les dates. Sur la tournée qui arrive, on est tous en alternance à parts égales, et c'est très chouette, car Grant propose un Charlot différent, qui fonctionne très bien. Mais j'avoue que c’est une grande chance de pouvoir alterner, et je suis ravi que cette fois, ce soit moi qui joue à Tahiti.”
 
Vous avez été nommé pour le Molière de la révélation masculine 2023 pour ce rôle de Chaplin. Un mot sur cette nomination ?

“Oui, mais c’est avant tout une récompense collective. Toute l’équipe a été nommée, notamment pour la création visuelle et sonore, avec un travail incroyable sur les décors, le noir et blanc, le maquillage et les costumes. C’est une véritable aventure humaine qui est née de rien. C’est pourquoi je tiens à mentionner Grant et les autres acteurs : Pauline Bression, Dan Menasche, Tristan Robin, Ophélie Lehmann et Éléonore Sarrazin.”
 
Vous êtes en Polynésie depuis une dizaine de jours. Avez-vous pu profiter du Fenua ?

“J’ai eu la chance de découvrir Moorea et Huahine, et maintenant je vais explorer Tahiti. Une fois les représentations terminées, je vais sans doute continuer à visiter la Polynésie. Je suis fasciné par cet endroit, par la gentillesse des gens que je découvre et par l’énergie unique de ces îles. Tout le monde est tellement accueillant. J'aurais été frustré de venir seulement pour jouer. Là, je prends plaisir à découvrir la Polynésie, même si je suis très loin d'en avoir visité la totalité. Je suis vraiment heureux de pouvoir être imprégné un peu de cette culture polynésienne, c'est un bel échange que je vis. Même si j'ai l'impression que je ne vais pas apporter grand-chose en comparaison, à part trois belles soirées de spectacle. D'ailleurs j'espère qu'avec son émotion et son histoire, la pièce touchera aussi le public polynésien.”
 

Pratique

Au Petit théâtre de la Maison de la culture
Vendredi et samedi à 19 h 30 et dimanche à 17 heures
Tarifs : 5 500 francs ; -16 ans : 4 500 francs

Billets en vente sur :
www.monspectacle.pf

Rédigé par Thibault Segalard le Mercredi 4 Septembre 2024 à 17:20 | Lu 596 fois