Alerte au requin: une compétition de surf annulée en Australie


Sydney, Australie | AFP | mercredi 17/04/2018 - Une compétition du championnat du monde de surf dans l'ouest de l'Australie a été annulée mercredi à la suite de deux attaques de requins, ont annoncé les organisateurs.

L'élite du surf mondial, féminin comme masculin, concourait depuis le 11 avril au Margaret River Pro, une étape de 12 jours organisée au large de la côte sud-ouest de l'Australie dans le cadre de la World Surf League (WSL) Championship Tour.
La compétition avait été brièvement suspendue lundi lorsqu'un surfeur local avait été attaqué par un squale à Gracetown, à proximité des lieux de la compétition. 
Il avait été blessé aux jambes, un témoin rapportant qu'il avait été renversé et secoué dans tous les sens. "Une fois sur la plage, ils ont commencé à le soigner pour contenir les saignements", a raconté Peter Jovic au groupe de médias Australian Broadcasting Corporation.
Un second surfeur, un Danois d'après la presse, a été blessé à la jambe lors d'une autre attaque de requin, également près de Gracetown.
"Aujourd'hui, la WSL a pris la difficile décision d'annuler le restant de la Margaret River Pro, en raison des circonstances exceptionnelles dans lesquelles se déroule l'étape et de la sécurité de nos surfeurs", a déclaré Sophie Goldschmidt, la cheffe de la WSL dans un communiqué. 
"La WSL considère la sécurité comme une priorité. Cela ne peut pas être que des paroles, elle ne peut être compromise".
Le surfeur brésilien Italo Ferriera avait exprimé ses inquiétudes mardi sur Instagram, expliquant qu'il ne se sentait pas à l'aise dans l'eau.
Voici trois ans, le triple champion du monde australien de surf, Mick Fanning, avait échappé à une attaque de grand requin blanc durant le J-Bay Open de Jeffreys Bay, en Afrique du Sud.
L'attaque avait été diffusée en direct à la télévision. Sur les images, spectaculaires, l'Australien se débattait, moulinait avec les pieds mais le requin parvenait à le faire basculer. 
Il avait survécu indemne à l'événement, seul le cordon le reliant à sa planche ayant été sectionné. La compétition avait été annulée.
D'après des spécialistes, les attaques de squales sont en augmentation du fait de la popularité croissante des sports nautiques et du rapprochement de certains poissons des rivages.

Johanne Defay: "continuer, ça n'en valait pas la peine"

Q: Comment avez-vous vécu la décision des organisateurs d'annuler l'épreuve?
R: "J'ai été plutôt contente de cette annulation. Ce n'était plus +safe+ alors que deux attaques venaient de se produire à quinze kilomètres du lieu de la compétition. Cela m'a refroidie. Avec mes proches, je me suis demandée si ça valait le coup de continuer. J'ai déjà connu assez de problèmes à La Réunion. Si je ne surfe pas sur mon île, ce n'est pas pour venir prendre des risques en Australie. J'ai exprimé mon ressenti auprès des responsables de la World Surf League (WSL) et prévenu que je ne m'imaginais pas repartir à l'eau. Une attaque en même temps que la compétition, c'est un cas de figure qui ne s'était jamais produit. Il n'était pas question d'imposer une forme de pression aux surfeurs. Je suis totalement d'accord avec cette décision. Continuer, ça n'en valait pas la peine."
 
Q: Cela réveille-t-il des peurs chez les surfeurs ?
R: "Bien sûr. Je viens de La Réunion où il s'est passé beaucoup de choses. La dernière personne enterrée la-bas après une attaque est le fils de la meilleure amie de ma mère... Beaucoup de mes proches ont été confrontés aux conséquences d'une attaque. Ca change la vie. Tout cela fait que je me suis posé beaucoup de questions. Dès que je me suis exprimée sur le sujet, je me suis mise à pleurer. Avant une telle épreuve, il faut s'entraîner: or ces sessions-là ne sont pas sécurisées, aucun jet ski ne nous suit... Après, j'ai été particulièrement exposée à cette question des attaques de requin. D'autres peuvent avoir moins peur, parce qu'ils viennent de la région où se déroule la compétition et je le comprends. Aller à l'eau, c'est une façon de voir la vie. C'est lié aux expériences, au ressenti personnel.  Il est normal que les gens soient divisés. La WSL a écouté et pris sa décision. Elle a fait son travail."
 
Q: Un problème comme celui-là, vous rend-il inquiète pour l'avenir de votre sport ?
R: "Non. La réaction de la WSL me rassure même. Je crois que ça va faire avancer notre discipline. La WSL va se remettre en question et probablement réfléchir à mettre en place un protocole encore plus sérieux. Les surfeurs vont aussi se remettre en question. Nous sommes dans la mer, on sait qu'il y a des requins. C'est un des risques de notre sport. Après, il y a des endroits, des pays, plus ou moins dangereux.  Qu'est-ce que chacun est capable d'accepter?  Quels sont nos attendus sur les questions de sécurité? Moi, par exemple, je suis incapable d'envisager de surfer à La Réunion en dehors des sessions sécurisées...  Je ne m'inquiète pas pour le futur de notre sport en compétition parce que je crois que cette annulation va faire réagir et inciter tout le monde à se poser les bonnes questions."
Propos recueillis par Grégory Letort

le Mercredi 18 Avril 2018 à 04:38 | Lu 1064 fois