Alcool au volant: les éthylotests bientôt obligatoires dans les discothèques


PARIS, 18 août 2011 (AFP) - Les discothèques vont bientôt devoir s'équiper de "dispositifs permettant le dépistage de l'imprégnation alcoolique", malgré les critiques des professionnels de la nuit contre les textes qui les imposent et sont en cours de signature.

Les textes (décrets et arrêtés) issus d'une loi de mars 2011, dont les détails sont révélés jeudi par le Figaro, ont déjà été signés par les ministères des Transports et de l'Intérieur. Mais le ministère de la Santé, dernier ministère concerné, a indiqué ne pas avoir encore paraphé le document.

La loi imposera bientôt aux "débits de boissons à consommer sur place, dont la fermeture intervient entre 2H00 et 7H00" de mettre à disposition du public "un ou plusieurs dispositifs permettant le dépistage de l'imprégnation alcoolique". Les professionnels de la nuit s'interrogent notamment sur les modalités d'utilisation de ces éthylotests.

La loi concernera 2.500 discothèques en France et les bars à ambiance musicale, les cabarets, bars d'hôtel ... mais pas l'immense majorité des bars de France qui ferment bien plus tôt. Elle leur demandera de mettre à la disposition des clients des éthylotests électroniques ou chimiques (au minimum 50 pour les éthylotests chimiques).

Selon la Sécurité routière, 31% des accidents mortels sont imputables à l'alcool et dans 92% des cas, le conducteur alcoolisé est un homme.

Pour le président du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL), principale organisation représentant cette profession, Patrick Malvaës, les textes qui vont entrer en application sont des textes "anti-boîtes de nuit et nous allons voir s'il n'y a pas un moyen juridique de s'y opposer".

M. Malvaës, qui exploite un établissement en Gironde et s'honore d'avoir été distingué par la Sécurité routière pour avoir "inventé" le "capitaine de soirée" (celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas) estime que la nouvelle loi "ne pose pas clairement le problème des responsabilités de chacun, car nous n'avons pas les moyens d'empêcher une personne de prendre le volant".

"Il y a 12 ans, j'avais confisqué les clés d'un conducteur de voiturette ivre, il était revenu avec sa mère et des gendarmes et m'accusait de vol" affirme-t-il.

Revenant sur la décision, annulée par le tribunal administratif, d'un préfet de fermer administrativement une discothèque après un accident provoqué par une conductrice ivre, le SNDLL avait dénoncé une décision préfectorale "prise simplement sous le coup de l'émotion pour faire un effet d'annonce à l'égard de l'opinion publique en diabolisant les discothèques".

"Celui qui a vendu de l'alcool, en respectant la déontologie professionnelle et les lois, n'est pas coupable et il y a grand danger à dédouaner les délinquants et contrevenants en les victimisant et en faisant porter la responsabilité sur les exploitants", dénonce M. Malvaës pour qui, la bonne solution existe: "les éthylotests antidémarrage".

"En Gironde, ce dispositif a été imposé pour les bus et cela marche, mais le lobby automobile fait tout pour s'y opposer", estime-t-il.

jag/soh/bg

Rédigé par Par Jacques GUILLON le Jeudi 18 Aout 2011 à 06:33 | Lu 525 fois