Alcatel-Lucent: le point sur l'Affaire du câble.


PAPEETE, 19 mars 2011 (AFP) - Le président de la Polynésie française, Gaston Tong Sang, a été mis en examen, vendredi à Tahiti, pour complicité de favoritisme dans le dossier "Honotua", du nom du projet de câble numérique haut-débit reliant la Polynésie à Hawaï, a-t-on appris de source judiciaire.

La justice soupçonne un appel à concurrence faussé portant atteinte à l'égalité d'accès aux marchés publics.

Une seule et unique société, Alcatel-Lucent Submarine Network, une filiale d'Alcatel, avait répondu à l'appel d'offre formulé par l'Office des Postes et Télécommunications (OPT) en 2006 pour ce câble numérique. Un contrat pour ce marché portant sur plus de 83 millions d'euros avait finalement été signé en janvier 2008 après que le projet fut porté par différents gouvernements polynésiens.

"J'aurais peut être dû arrêter le marché. Encore fallait-il que j'ai toutes les informations pour dire à l'OPT d'arrêter la procédure à cause des irrégularités (...) J'estime que je n'ai pas pris la décision de confier le marché à Alcatel. C'est le gouvernement qui m'a suivi (à l'époque celui d'Oscar Temaru, ndlr) qui a pris cette décision", a déclaré à l'AFP Gaston Tong Sang à la sortie du bureau du juge d'instruction.

"Cela a été choisi avant moi et conclu après moi, donc, sur ce plan là, je n'ai rien à me reprocher", a-t-il ajouté.

Depuis plus d'une semaine, une équipe de policiers de la Division nationale des investigations financières (DNIF), envoyée de Paris, enquête sur cette affaire soulevée par le Chambre Territoriale des Comptes.

Dans un rapport sur la gestion de l'OPT, datant de 2008, la juridiction consacre un chapitre au projet Honotua dans lequel elle dénonce des irrégularités dans l'attribution du marché mais aussi le fait que d'ex salariés d'Alcatel aient été embauchés pour conseiller les décideurs de l'établissement public.

Les enquêteurs cherchent également à savoir si des commissions occultes n'ont pas été versées aux différents protagonistes.

En trois jours, plusieurs figures de la scène politique polynésienne ont été mises en examen dans ce dossier pour complicité de favoritisme ou favoritisme notamment l'ancien ministre des Postes et ancien député Émile Vernaudon, l'ex ministre de l'Economie Georges Puchon, ainsi que plusieurs anciens présidents du conseil d'administration de l'OPT.

Le leader indépendantiste Oscar Temaru, qui fut président de la Polynésie française et occupe actuellement le "perchoir" de l'assemblée locale, a quant à lui été placé en garde à vue, vendredi, dans les locaux de la gendarmerie à Papeete. Après plusieurs heures d'audition il est sorti sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre lui.

En métropole, trois cadres d'Alcatel-Lucent Submarine Network ont été mis en examen dans cette affaire il y a plusieurs mois .

Les délits de complicité de favoritisme et de favoritisme sont passibles de deux années d'emprisonnement.

jbc/mad/hj

Rédigé par AFP le Dimanche 20 Mars 2011 à 19:30 | Lu 1462 fois