En 2018, les Marquisiens avaient manifesté contre l’arrivée de 75 thoniers de Tahiti dans leurs eaux. Depuis, ils souhaitent que l’aire marine protégée de l’archipel voit le jour afin de privilégier la pêche artisanale et la préservation des ressources. (©Pew Polynésie française)
Nuku Hiva, le 14 septembre 2021 - Après avoir tenté de développer la pêche industrielle aux Marquises contre l’avis de la population, les maires de l’archipel défendent désormais le projet d’une grande aire marine protégée. Projet que les membres de la communauté de communes des Marquises sont allés le défendre à Marseille au congrès de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ils souhaitent le voir aboutir rapidement.
" Te tai nui a hau, 'l’océan de paix' en marquisien, est un projet de grande aire marine protégée (AMP) porté par les élus et la population des îles Marquises depuis 2012, pour préserver durablement le patrimoine naturel de l’archipel", expliquaient les intervenants de la communauté de communes des îles Marquises (Codim) dans un communiqué de presse.
Pourtant, chaque Marquisien se souvient de la grogne et des manifestations d’octobre 2018 pour protester contre le projet de développement de la pêche industrielle voulu par la Codim en collaboration avec le groupe d’Eugène Degage, qui prévoyait l’installation de 75 thoniers de Tahiti, deux bateaux usine ainsi que des centres de mareyage et des dépôts d’hydrocarbures dans les différentes îles de l’archipel. Jamais aucune manifestation n’avait réuni autant de personnes aux Marquises, pêcheurs locaux en tête. Tous étaient conscients de la mort certaine de la pêche artisanale locale qui ne peut entrer en compétition avec les palangriers, et du désastre écologique annoncé relatif à l’extrême fragilité de la ressource première : le thon obèse.
Il semble donc que les maires de l’archipel aient entendu l’appel de leur population et, de fait, reconsidéré le projet datant de 2012 d’une aire marine protégée aux Marquises : Te tai nui a hau. D’après les représentants de la Codim, le projet remis au goût du jour résulte de consultations avec le Pays, l’État, la Fédération des associations de protection de l’environnement (FAPE) et l’ONG Pew Bertarelli. Mais surtout, il s’appuie sur les résultats de plusieurs campagnes scientifiques internationales menées aux Marquises de 2011 à 2013 par l’Agence des aires marines protégées, notamment les expéditions Remmoa et Pakaihi i te Moana et le programme culturel Palimma.
" Te tai nui a hau, 'l’océan de paix' en marquisien, est un projet de grande aire marine protégée (AMP) porté par les élus et la population des îles Marquises depuis 2012, pour préserver durablement le patrimoine naturel de l’archipel", expliquaient les intervenants de la communauté de communes des îles Marquises (Codim) dans un communiqué de presse.
Pourtant, chaque Marquisien se souvient de la grogne et des manifestations d’octobre 2018 pour protester contre le projet de développement de la pêche industrielle voulu par la Codim en collaboration avec le groupe d’Eugène Degage, qui prévoyait l’installation de 75 thoniers de Tahiti, deux bateaux usine ainsi que des centres de mareyage et des dépôts d’hydrocarbures dans les différentes îles de l’archipel. Jamais aucune manifestation n’avait réuni autant de personnes aux Marquises, pêcheurs locaux en tête. Tous étaient conscients de la mort certaine de la pêche artisanale locale qui ne peut entrer en compétition avec les palangriers, et du désastre écologique annoncé relatif à l’extrême fragilité de la ressource première : le thon obèse.
Il semble donc que les maires de l’archipel aient entendu l’appel de leur population et, de fait, reconsidéré le projet datant de 2012 d’une aire marine protégée aux Marquises : Te tai nui a hau. D’après les représentants de la Codim, le projet remis au goût du jour résulte de consultations avec le Pays, l’État, la Fédération des associations de protection de l’environnement (FAPE) et l’ONG Pew Bertarelli. Mais surtout, il s’appuie sur les résultats de plusieurs campagnes scientifiques internationales menées aux Marquises de 2011 à 2013 par l’Agence des aires marines protégées, notamment les expéditions Remmoa et Pakaihi i te Moana et le programme culturel Palimma.
Le zonage du projet d'AMP. Si le projet est accepté par le Pays, il sera proposé au gouvernement national qui l’a déjà approuvé verbalement. Il restera ensuite à réfléchir à la surveillance des pêches au sein de l’AMP.
Partage équitable des eaux
Désormais, à travers l’AMP Te tai nui a hau, les six maires de l’archipel proposent que les pêcheurs artisanaux marquisiens et les pêcheurs industriels de Tahiti partagent équitablement l’usage des eaux des Marquises. Avec une surface totale de 430 000 km², le zonage de compromis comprend : une zone de pêche artisanale exclusive (sur 17% des eaux des Marquises jusqu’à 50 milles marins autour des îles) réservée aux embarcations de moins de 12 mètres, de type poti mārara et bonitier, pour préserver les pêcheurs côtiers d’une concurrence inéquitable. Et d’une zone de protection forte (de 44% des eaux entre 50 milles et 200 milles marins au sud et à l’est de l’archipel) dans la zone de reproduction du thon obèse, pour permettre de maintenir le renouvellement des stocks de cette espèce menacée. Le reste des eaux des Marquises serait une zone d’activité maritime durable autorisée à la pêche palangrière industrielle, pour soutenir le développement économique des îles.
Développer la pêche et protéger l'environnement
L’objectif de la Codim à travers ce projet d’AMP est de développer une économie bleue de façon raisonnée : "Ce que nous voulons, explique Benoit Kautai, maire de Nuku Hiva et président de la Codim, c’est développer la pêche en protégeant notre environnement marin. C’est pour cela que nous nous sommes rendus au congrès mondial de l'union internationale de la conservation de la nature (UICN). D’une part, nous voulions présenter notre dossier qui participe au souhait du président Macron d’avoir 30% des eaux nationales protégées. D'autre part, nous voulions aussi voir comment font les autres pays pour protéger leurs espaces marins et notamment prendre des renseignements relatifs à la création de comités de gestion." Ainsi, le dossier d’AMP préparé par la Codim doit désormais être présenté par la voie officielle au gouvernement national par proposition du Pays, ce qui pour l’heure n’est pas en bonne voie.
Désormais, à travers l’AMP Te tai nui a hau, les six maires de l’archipel proposent que les pêcheurs artisanaux marquisiens et les pêcheurs industriels de Tahiti partagent équitablement l’usage des eaux des Marquises. Avec une surface totale de 430 000 km², le zonage de compromis comprend : une zone de pêche artisanale exclusive (sur 17% des eaux des Marquises jusqu’à 50 milles marins autour des îles) réservée aux embarcations de moins de 12 mètres, de type poti mārara et bonitier, pour préserver les pêcheurs côtiers d’une concurrence inéquitable. Et d’une zone de protection forte (de 44% des eaux entre 50 milles et 200 milles marins au sud et à l’est de l’archipel) dans la zone de reproduction du thon obèse, pour permettre de maintenir le renouvellement des stocks de cette espèce menacée. Le reste des eaux des Marquises serait une zone d’activité maritime durable autorisée à la pêche palangrière industrielle, pour soutenir le développement économique des îles.
Développer la pêche et protéger l'environnement
L’objectif de la Codim à travers ce projet d’AMP est de développer une économie bleue de façon raisonnée : "Ce que nous voulons, explique Benoit Kautai, maire de Nuku Hiva et président de la Codim, c’est développer la pêche en protégeant notre environnement marin. C’est pour cela que nous nous sommes rendus au congrès mondial de l'union internationale de la conservation de la nature (UICN). D’une part, nous voulions présenter notre dossier qui participe au souhait du président Macron d’avoir 30% des eaux nationales protégées. D'autre part, nous voulions aussi voir comment font les autres pays pour protéger leurs espaces marins et notamment prendre des renseignements relatifs à la création de comités de gestion." Ainsi, le dossier d’AMP préparé par la Codim doit désormais être présenté par la voie officielle au gouvernement national par proposition du Pays, ce qui pour l’heure n’est pas en bonne voie.
Benoit Kautai, président de la Codim et maire de Nuku Hiva veut tout faire pour que le dossier de l’AMP ne reste pas au fond d’un tiroir du gouvernement local.
Différence entre aire protégée et aire gérée
"Effectivement, notre dossier a été remis au Pays, indique Benoit Kautai. Nous attendons maintenant qu’il le valide et qu’il le propose officiellement à l’État, puisque c’est le Pays qui est compétent dans ce domaine. C’est la voie hiérarchique normale. D’ailleurs, lors de sa venue, Emmanuel Macron, a qui nous avions parlé de notre dossier AMP, attendait que le Pays lui propose notre dossier, mais ça n’a pas été fait. En fait, le projet du Pays c’est plutôt de faire une grande aire marine gérée et non pas une ou plusieurs aires marines protégées. La différence c’est que, dans une zone gérée, les thoniers peuvent pêcher. Dans notre dossier, il y a des zones gérées, mais aussi une zone protégée où seule la pêche artisanale est autorisée et une zone stricte dans laquelle il est interdit de pêcher afin de pérenniser la ressource.
Donc j’imagine que c’est pour cette raison que le Pays n’a pas soumis notre projet. Il préfère mettre en avant son grand projet d’aires marines gérées, mais ils n’ont pas encore réellement commencé à travailler dessus. Alors que notre dossier est terminé depuis 2018 quand même", précise Benoit Kautai. "Il faut absolument que, très prochainement, nous nous mettions autour d’une table, avec le Pays, pour en discuter. Nous ne sommes pas contre rediscuter certains points de notre dossier si c’est ce qui bloque. Mais il faut avancer d’autant que l’État est avec nous. Il n’attend que ça."
La population marquisienne, quant à elle, suit de près l’évolution de ce dossier depuis 2018. Elle a déjà montré son refus catégorique de voir se développer la pêche industrielle massive dans l’archipel… Une aire marine protégée est attendue, en revanche une aire marine gérée ne serait pas la bienvenue.
"Effectivement, notre dossier a été remis au Pays, indique Benoit Kautai. Nous attendons maintenant qu’il le valide et qu’il le propose officiellement à l’État, puisque c’est le Pays qui est compétent dans ce domaine. C’est la voie hiérarchique normale. D’ailleurs, lors de sa venue, Emmanuel Macron, a qui nous avions parlé de notre dossier AMP, attendait que le Pays lui propose notre dossier, mais ça n’a pas été fait. En fait, le projet du Pays c’est plutôt de faire une grande aire marine gérée et non pas une ou plusieurs aires marines protégées. La différence c’est que, dans une zone gérée, les thoniers peuvent pêcher. Dans notre dossier, il y a des zones gérées, mais aussi une zone protégée où seule la pêche artisanale est autorisée et une zone stricte dans laquelle il est interdit de pêcher afin de pérenniser la ressource.
Donc j’imagine que c’est pour cette raison que le Pays n’a pas soumis notre projet. Il préfère mettre en avant son grand projet d’aires marines gérées, mais ils n’ont pas encore réellement commencé à travailler dessus. Alors que notre dossier est terminé depuis 2018 quand même", précise Benoit Kautai. "Il faut absolument que, très prochainement, nous nous mettions autour d’une table, avec le Pays, pour en discuter. Nous ne sommes pas contre rediscuter certains points de notre dossier si c’est ce qui bloque. Mais il faut avancer d’autant que l’État est avec nous. Il n’attend que ça."
La population marquisienne, quant à elle, suit de près l’évolution de ce dossier depuis 2018. Elle a déjà montré son refus catégorique de voir se développer la pêche industrielle massive dans l’archipel… Une aire marine protégée est attendue, en revanche une aire marine gérée ne serait pas la bienvenue.
Benoit Kautai, Joëlle Frébault et Nestor Ohu, respectivement maires de Nuku Hiva, Hiva Oa et Ua Huka, se sont rendus début septembre au congrès de l’UICN pour faire entendre leur voix et échanger avec d’autres pays sur les aspects techniques des AMP.