PORT-VILA, lundi 1er août 2011 (Flash d'Océanie) – La compagnie internationale Air Vanuatu a démenti en fin de semaine dernière de précédents comptes-rendus dans la presse locale faisant état du limogeage de son Directeur Général, le francophone Joseph Laloyer.
La presse locale, le 25 juillet 2011, avait annoncé ce débarquement qu’elle avait attribué à une décision prise par le Conseil d’Administration de la société réuni trois jours auparavant.
Néanmoins, vendredi 29 juillet 2011, Air Vanuatu semblait reconnaître que ce limogeage pourrait se révéler impossible dans le court terme : la société s’est fendue d’un bref communiqué dans lequel elle a affirmé que Joseph Laloyer « demeure le titulaire dûment nommé au poste de directeur général exécutif d’Air Vanuatu (Operations) Ltd. » en raison notamment de la certification du seul l’intéressé par l’aviation civile locale en matière de gestion de la compagnie.
Air Vanuatu attribue par ailleurs à M. Laloyer des propos selon lesquels il « reste engagé à la croissance et au succès d’Air Vanuatu, au bénéfice de ses actionnaires et du peuple de Vanuatu ».
M. Laloyer ne s’est pas exprimé directement.
La compagnie aérienne de l’archipel, créée en 1987, faisait l’objet ces derniers mois d’une surveillance de la part d’une commission d’enquête chargée d’auditer les comptes de la société, en prises à de graves turbulences financières ces dernières années.
Cette annonce ne remet pas en cause la décision du Conseil d’Administration, mais semble intervenir de manière à permettre à la compagnie d’opérer sans encombre.
En annonçant sa décision il y a quelques jours, à l’issue d’une réunion tenue vendredi 23 juillet 2011, la Conseil d’Administration avait évoqué les recommandations de la commission d’enquête souhaitant le remplacement de M. Laloyer par un des membres de cette commission, Peter Fogarty (lui-même chef pilote au sein de la compagnie).
Motif invoqué par la commission d’enquête : le fait que lors d’un récent cyclone, le directeur général ait autorisé des avions à voler dans des zones particulièrement mouvementées, y compris l’île de Santo (Nord de l’archipel).
M. Laloyer, qui s’était, en mode réaction à chaud, déclaré « surpris », a aussi cru entrevoir une intervention politique à son encontre.
Il avait aussi mentionné son intention de faire valoir ses droits en justice pour contester la validité de la sanction qui le frappe, tout en rappelant qu’au cours de son mandat, il avait œuvré pour assainir les comptes de la compagnie aérienne en réduisant son déficit chronique et ses dettes au cours des quatre dernières années, pour une sortie de la zone rouge qu’il prévoyait fin 2011.
Début avril 2011, Air Vanuatu avait annoncé l’extension en fréquence d’un accord de partage de sièges avec une autre compagnie régionale, Air Pacific, sur les vols Port-Vila/Nadi.
Les deux compagnies exploitent notamment des appareils ATR-42.
Air Vanuatu est aussi liée par le même genre d’accords avec des sociétés comme l’Australienne Qantas et Air New Zealand.
Turbulences financières … et politiques
Mi-septembre 2010, une décision de justice en Cour Suprême avait donné gain de cause à un ancien Président du Conseil d’administration d’Air Vanuatu, Harry Iauko, au titre de sa demande de dédommagement après son éviction mi-juin 2005, à hauteur de 15,6 millions de vatu (116.460 euros).
M. Iauko avait été bombardé Président du Conseil d’administration d’Air Vanuatu à la suite des législatives de septembre 2004 et de l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de coalition au sein duquel le Vanuaaku Pati d’Edward Natapei (alors Premier ministre) était un partenaire majeur.
M. Iauko était alors secrétaire général du Vanuaaku Pati.
Mi-2005, le francophone Maxime Carlot, devenu ministre de tutelle d’Air Vanuatu, lui signifiait son congé.
L’intéressé a alors attaqué en justice et obtenu gain de cause le 2 août 2010 du fait des clauses de son contrat qui semblent le protéger contre ce genre de licenciement politique.
Depuis, M. Iauko s’est aussi distingué en mars 2011 dans une affaire d’agression en réunion sur la personne du directeur de la publication du seul quotidien local, le Daily Post.
Il a plaidé coupable et a été condamné à une amende de moins de cent euros.
« La fête est finie »
Le nouveau Président d’Air Vanuatu, Jotham Napat, annonçait fin juin 2010 des temps de rigueur pour la société en déclarant que « la fête est finie ».
Il citait alors nommément l’interdiction de pratiquer une politique de faveurs jusque là courante depuis la création d’Air Vanuatu en 1988 (des billets gratuits ou des surclassements) et le début d’une ère d’épuration financière et de rationalisation de l’exploitation.
« Le temps de l’ingérence politique et des faveurs, des cadeaux et d’autres abus de pouvoir doit cesser maintenant si Air Vanuatu veut prospérer », avait-il lâché.
Mi-juin 2010, Sela Molisa, alors ministre des finances, reconnaissait devant les députés, alors en session, que les dettes de la société, accumulées au fil des années, avaient atteint quelque trois milliards de vatu (22,4 millions d’euros).
Lors de la même session, il avait demandé et obtenu l’autorisation des députés pour que la Caisse Nationale de Prévoyance (Vanuatu National Provident Fund, VNPF, le régime de cotisations obligatoire des employés de l’archipel) prête 340 millions de vatu (2,5 millions d’euros) à Air Vanuatu pour que la compagnie puisse faire face à ses obligations les plus urgentes, parmi lesquelles le remboursement du dernier de ses ATR.
En janvier 1998, l’immeuble siège du VNPF était attaqué par plus de cinq cent personnes qui réclamaient le remboursement immédiat de leurs cotisations, après la publication d’une série de rapports de la Médiatrice de l’époque, révélant des investissements douteux de la part du conseil d’administration de cette caisse.
Un nouveau projet de desserte aérienne intérieure
Par ailleurs, début janvier 2011, le très influent homme d’affaires ni-Vanuatu d’origine vietnamienne, Dinh Van Tan, dévoilait son projet de création d’une nouvelle compagnie aérienne spécialisée dans les dessertes inter-îles de l’archipel, et dont le nom serait Vanuatu Airways.
M. Dinh, qui affirme avoir déjà déposé le dossier et la demande d’approbation auprès des services compétents, affiche l’intention de faire jouer la concurrence sur les prix avec la seule compagnie desservant actuellement les lignes intérieures de l’archipel, Air Vanuatu (qui assure aussi une desserte régionale).
L’homme d’affaires, qui fut proche du père Walter Lini, décédé en 1999 et considéré comme le père de l’indépendance de cet ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides devenu Vanuatu en juillet 1980, avait créé, à la fin des années 1980, une compagnie aérienne domestique appelée Dovair, qui avait ensuite cessé son activité.
Il affirme que ce nouveau projet de desserte intérieure sur le mode low-cost s’appuierait sur une flotte réduite à trois avions : deux Britten Norman Islander de neuf sièges chacun et un avion Delta de 34 places, qui serait spécialisé dans la desserte entre la capitale Port-Vila et l’île de Tanna (Sud), l’un des principaux centres touristiques de l’archipel.
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La presse locale, le 25 juillet 2011, avait annoncé ce débarquement qu’elle avait attribué à une décision prise par le Conseil d’Administration de la société réuni trois jours auparavant.
Néanmoins, vendredi 29 juillet 2011, Air Vanuatu semblait reconnaître que ce limogeage pourrait se révéler impossible dans le court terme : la société s’est fendue d’un bref communiqué dans lequel elle a affirmé que Joseph Laloyer « demeure le titulaire dûment nommé au poste de directeur général exécutif d’Air Vanuatu (Operations) Ltd. » en raison notamment de la certification du seul l’intéressé par l’aviation civile locale en matière de gestion de la compagnie.
Air Vanuatu attribue par ailleurs à M. Laloyer des propos selon lesquels il « reste engagé à la croissance et au succès d’Air Vanuatu, au bénéfice de ses actionnaires et du peuple de Vanuatu ».
M. Laloyer ne s’est pas exprimé directement.
La compagnie aérienne de l’archipel, créée en 1987, faisait l’objet ces derniers mois d’une surveillance de la part d’une commission d’enquête chargée d’auditer les comptes de la société, en prises à de graves turbulences financières ces dernières années.
Cette annonce ne remet pas en cause la décision du Conseil d’Administration, mais semble intervenir de manière à permettre à la compagnie d’opérer sans encombre.
En annonçant sa décision il y a quelques jours, à l’issue d’une réunion tenue vendredi 23 juillet 2011, la Conseil d’Administration avait évoqué les recommandations de la commission d’enquête souhaitant le remplacement de M. Laloyer par un des membres de cette commission, Peter Fogarty (lui-même chef pilote au sein de la compagnie).
Motif invoqué par la commission d’enquête : le fait que lors d’un récent cyclone, le directeur général ait autorisé des avions à voler dans des zones particulièrement mouvementées, y compris l’île de Santo (Nord de l’archipel).
M. Laloyer, qui s’était, en mode réaction à chaud, déclaré « surpris », a aussi cru entrevoir une intervention politique à son encontre.
Il avait aussi mentionné son intention de faire valoir ses droits en justice pour contester la validité de la sanction qui le frappe, tout en rappelant qu’au cours de son mandat, il avait œuvré pour assainir les comptes de la compagnie aérienne en réduisant son déficit chronique et ses dettes au cours des quatre dernières années, pour une sortie de la zone rouge qu’il prévoyait fin 2011.
Début avril 2011, Air Vanuatu avait annoncé l’extension en fréquence d’un accord de partage de sièges avec une autre compagnie régionale, Air Pacific, sur les vols Port-Vila/Nadi.
Les deux compagnies exploitent notamment des appareils ATR-42.
Air Vanuatu est aussi liée par le même genre d’accords avec des sociétés comme l’Australienne Qantas et Air New Zealand.
Turbulences financières … et politiques
Mi-septembre 2010, une décision de justice en Cour Suprême avait donné gain de cause à un ancien Président du Conseil d’administration d’Air Vanuatu, Harry Iauko, au titre de sa demande de dédommagement après son éviction mi-juin 2005, à hauteur de 15,6 millions de vatu (116.460 euros).
M. Iauko avait été bombardé Président du Conseil d’administration d’Air Vanuatu à la suite des législatives de septembre 2004 et de l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de coalition au sein duquel le Vanuaaku Pati d’Edward Natapei (alors Premier ministre) était un partenaire majeur.
M. Iauko était alors secrétaire général du Vanuaaku Pati.
Mi-2005, le francophone Maxime Carlot, devenu ministre de tutelle d’Air Vanuatu, lui signifiait son congé.
L’intéressé a alors attaqué en justice et obtenu gain de cause le 2 août 2010 du fait des clauses de son contrat qui semblent le protéger contre ce genre de licenciement politique.
Depuis, M. Iauko s’est aussi distingué en mars 2011 dans une affaire d’agression en réunion sur la personne du directeur de la publication du seul quotidien local, le Daily Post.
Il a plaidé coupable et a été condamné à une amende de moins de cent euros.
« La fête est finie »
Le nouveau Président d’Air Vanuatu, Jotham Napat, annonçait fin juin 2010 des temps de rigueur pour la société en déclarant que « la fête est finie ».
Il citait alors nommément l’interdiction de pratiquer une politique de faveurs jusque là courante depuis la création d’Air Vanuatu en 1988 (des billets gratuits ou des surclassements) et le début d’une ère d’épuration financière et de rationalisation de l’exploitation.
« Le temps de l’ingérence politique et des faveurs, des cadeaux et d’autres abus de pouvoir doit cesser maintenant si Air Vanuatu veut prospérer », avait-il lâché.
Mi-juin 2010, Sela Molisa, alors ministre des finances, reconnaissait devant les députés, alors en session, que les dettes de la société, accumulées au fil des années, avaient atteint quelque trois milliards de vatu (22,4 millions d’euros).
Lors de la même session, il avait demandé et obtenu l’autorisation des députés pour que la Caisse Nationale de Prévoyance (Vanuatu National Provident Fund, VNPF, le régime de cotisations obligatoire des employés de l’archipel) prête 340 millions de vatu (2,5 millions d’euros) à Air Vanuatu pour que la compagnie puisse faire face à ses obligations les plus urgentes, parmi lesquelles le remboursement du dernier de ses ATR.
En janvier 1998, l’immeuble siège du VNPF était attaqué par plus de cinq cent personnes qui réclamaient le remboursement immédiat de leurs cotisations, après la publication d’une série de rapports de la Médiatrice de l’époque, révélant des investissements douteux de la part du conseil d’administration de cette caisse.
Un nouveau projet de desserte aérienne intérieure
Par ailleurs, début janvier 2011, le très influent homme d’affaires ni-Vanuatu d’origine vietnamienne, Dinh Van Tan, dévoilait son projet de création d’une nouvelle compagnie aérienne spécialisée dans les dessertes inter-îles de l’archipel, et dont le nom serait Vanuatu Airways.
M. Dinh, qui affirme avoir déjà déposé le dossier et la demande d’approbation auprès des services compétents, affiche l’intention de faire jouer la concurrence sur les prix avec la seule compagnie desservant actuellement les lignes intérieures de l’archipel, Air Vanuatu (qui assure aussi une desserte régionale).
L’homme d’affaires, qui fut proche du père Walter Lini, décédé en 1999 et considéré comme le père de l’indépendance de cet ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides devenu Vanuatu en juillet 1980, avait créé, à la fin des années 1980, une compagnie aérienne domestique appelée Dovair, qui avait ensuite cessé son activité.
Il affirme que ce nouveau projet de desserte intérieure sur le mode low-cost s’appuierait sur une flotte réduite à trois avions : deux Britten Norman Islander de neuf sièges chacun et un avion Delta de 34 places, qui serait spécialisé dans la desserte entre la capitale Port-Vila et l’île de Tanna (Sud), l’un des principaux centres touristiques de l’archipel.
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