Air Tahiti ajuste son offre


PAPEETE, le 26 octobre 2014. La direction d'Air Tahiti a présenté vendredi le détail des modifications de ses vols. Pas de suppression de lignes, mais une réduction du nombre de vols est prévue à partir du 12 novembre. Certaines pensions de famille s'inquiètent.

«Ma pension commence à être connue. Mais avec ce problème d'avion, je n'aurai plus personne », s'inquiète Nenalia de la pension Oterekia, la seule sur Aratika. A partir de novembre, cet atoll, Kauehi et Katiu seront desservis une seule fois semaine en basse saison contre deux fois par semaine actuellement. « Les prix de ma pension ne sont pas très élevés. Mais un séjour de 7 nuits, c'est trop cher et trop long », constate-t-elle. « J'aurai moins de personnes qui viendront. Certains viennent une semaine, mais c'est rare. »
Du côté de Kauehi, l’inquiétude règne aussi dans la pension Kauehi Lodge, gérée par Colette. « On a ouvert la pension en 2009. Il y avait alors un vol par semaine puis on est passé à deux vols hebdomadaires», raconte Jean-Paul, le conjoint de Colette. « On ne pensait pas que les vols seraient revus à la baisse. Cela va être difficile de rentabiliser les investissements. »


Mélinda Bodin, présidente de l'Association des hôtels de famille de Tahiti et ses îles
, était très inquiète de la modification des vols d'Air Tahiti. « J'ai adressé un courrier à Air Tahiti. Ils l'ont semble-t-il pris en compte », constate-t-elle, soulagée de voir qu'il n'y a pas eu de suppression de lignes.


18 îles touchées

Dix-huit îles sont touchées par la modification du nombre de vols (lire encadré ci-contre) à partir du 12 novembre prochain. La compagnie Air Tahiti met en avant la baisse du nombre de passagers pour expliquer son changement de planning. « La fréquentation des passagers a chuté de près de 20% entre 2008 et 2013 (-9,6% de touristes, - 26% de résidents) », justifie Joël Allain, P-dg d'Air Tahiti. « En 2013, nous étions à 22 717 heures de vols, en 2014, nous sommes à 21 070 heures. En 2015, nous serons à 20 596 heures de vols soit 500 heures environ en moins. C'est le seul moyen de réguler nos coûts ».

« Il n'est pas question d'arrêt complètement une destination,
mais de réguler », insiste l'ancien délégué aux états généraux.

Fakarava va ainsi passer de sept vols en haute saison et six en basse saison par semaine à cinq à six vols par semaine toute l'année. Air Tahiti justifie cette diminution notamment par « une baisse du taux de remplissage depuis la fermeture de l'hôtel ». La compagnie indique qu'il y a en moyenne une trentaine de passagers sur une capacité de 68 sièges.


Trois passagers par vol en très basse saison à Ua Huka

Pour Aratika, Kauhei et Katiu, il y a aujourd'hui 15 passagers par vols pour ces trois destinations pour une capacité de 40 sièges, indique Air Tahiti. Aux Marquises, à Ua Huka, la compagnie a enregistré trois passagers par vol en très basse saison sur une offre de 13 sièges. Elle a donc décidé de passer de quatre vols par semaine pour Ua Huka à quatre en haute saison et trois en basse saison.

La compagnie, qui affiche aujourd'hui un taux de remplissage global de 63,7 %, écarte pour le moment l'idée d'augmenter de manière significative le prix des billets pour améliorer sa rentabilité. il n'y a pas de hausse prévue jusqu'en avril prochain au moins. Ensuite, « s'il y en a, ce sera très marginal », souligne Joël Allain. « Il ne faut pas que les tarifs soient un frein à notre développement ».
En revanche, les salariés de la compagnie seront sollicités. « Nous discutons avec nos salariés pour dégager plus de productivité », indique Joël Allain. « Dans les îles, où il y a deux fois de moins de vol, on ne pourra pas payer quelqu'un de la même manière qui travaille moins. On devra en tirer les conséquences. » « Le personnel est compréhensif et a intégré les problématiques de la compagnie », assure Manate Vivish, directeur général d'Air Tahiti. La compagnie n'envisage pas de plan social.





Quid du schéma directeur du transport aérien ?

La direction d'Air Tahiti réclame toujours auprès du Pays l'élaboration d'un schéma directeur du transport aérien. « On a l'impression de ne pas avoir de cap » , regrette le P-dg d'Air Tahiti qui se dit malgré tout optimiste. « Avec le nouveau gouvernement, on a trouvé une volonté de faire avancer le dossier. »
La chambre territoriale des comptes avait également regretté l'absence d'un « schéma directeur des transports devant identifier les priorités en la matière» .

Rédigé par Mélanie Thomas le Dimanche 26 Octobre 2014 à 14:03 | Lu 1962 fois