Air France: les pilotes ont dit "oui" à une filiale, et maintenant?


Paris, France | AFP | mardi 21/02/2017 - Le "oui" des pilotes à la création d'une filiale d'Air France, contre l'avis du syndicat majoritaire SNPL, ouvre la voie à la création d'une compagnie à coûts réduits. Mais plusieurs inconnues demeurent, notamment sur sa mise en oeuvre.

- Que change le vote? -
Les pilotes d'Air France ont accepté à 58% "l'externalisation d'une partie de l'activité et de la flotte long et moyen-courrier d'Air France" dans une filiale détenue par le groupe (projet "Boost"). Le résultat du vote, largement suivi (74% de participation), prend à contre-pied les deux syndicats représentatifs, SNPL et Spaf. Le premier craint une vente future de la filiale, le second "un siphonnage à terme de toute l'activité Air France".

Le SNPL, majoritaire dans les cockpits (65% des voix), veut retenir de la consultation la légitimité qu'elle lui confère pour négocier: il n'avait pas jusqu'à présent de "mandat" pour négocier "Boost", donc les discussions se faisaient "à tâtons". "Ce flou-là a été levé", avance Véronique Damon, sa secrétaire générale. Désormais "il n'y aura plus d'opposition à +Boost+", il reste simplement à négocier "la manière de le mettre en œuvre", assure-t-elle à l'AFP.

- La direction en position de force? -
Le SNPL peut paraître affaibli par le résultat du vote, mais le sort de la nouvelle compagnie reste entre ses mains: celle-ci ne verra le jour que si le syndicat accepte l'intégralité de l'accord d'entreprise adressé début février, dont "Boost" n'est qu'une composante.

Le texte, ouvert à la signature jusqu'à vendredi, porte également sur les conditions d'emploi à Air France et Transavia, la filiale low-cost du groupe. Il impose de nouveaux efforts de productivité à l'ensemble des pilotes de la compagnie. Or, répètent à l'unisson les deux syndicats, l'accord n'est "pas signable en l'état". Ils vont donc mettre la pression pour obtenir des concessions de la direction.

- Que va faire le SNPL? -
Le syndicat réunit mercredi son Conseil (parlement interne) pour étudier l'intégralité du projet d'accord et affiner sa stratégie. A cette occasion, il pourrait demander formellement à la direction la reprise des discussions. Le SNPL estime notamment que l'épineuse question de l'équilibre entre Air France et KLM a été "à peine évoquée" jusqu'à présent, d'après Mme Damon.

L'autre hypothèse, moins probable, serait de considérer les négociations comme définitivement closes. Dans ce cas, deux options: soit le Conseil décide seul de signer ou non l'accord, soit il consulte ses adhérents pour arrêter sa position.

- Le lancement de "Boost" retardé? -
La direction veut lancer la compagnie à l'automne sur moyen-courrier. Une reprise des négociations bouleverserait-elle le calendrier? Les syndicats et la direction, qui se refuse à tout commentaire, n'envisagent pas ce scénario.

La nouvelle compagnie utiliserait au départ des avions appartenant déjà à la flotte d'Air France, ce qui facilite un lancement rapide. Il suffira à la direction de définir sa politique commerciale, de trouver un nom à la nouvelle compagnie et de recruter le millier de stewards et hôtesses (PNC) annoncé.

- Les PNC peuvent-ils bloquer le projet? -
Le personnel navigant commercial (PNC) est vent debout contre "Boost", qui prévoit l'embauche en externe d'hôtesses et stewards payés 40% moins cher qu'à Air France. Les syndicats Unsa-PNC et SNPNC-FO y voient "un cheval de Troie pour détruire (leurs) conditions de travail et de rémunération dans les années à venir", voire leurs emplois. Mais les syndicats de PNC ne participent pas aux négociations. A défaut de pouvoir bloquer le projet, ces derniers brandissent régulièrement la menace d'un "conflit majeur".

Rédigé par () le Mercredi 22 Février 2017 à 06:12 | Lu 667 fois