Paris, France | AFP | mercredi 04/12/2024 - Des sanctions de 14,5 millions d'euros, à la hauteur de faits "particulièrement graves": Air Caraïbes et l'ancienne maison mère d'Air Antilles ont été épinglées mercredi par l'Autorité de la concurrence pour s'être entendues sur les prix des liaisons court-courrier.
Dans cette décision publiée au moment où les outre-mer sont le théâtre de revendications contre le coût de la vie, l'Autorité a affirmé que cette coordination entre des compagnies aériennes qui se partageaient le marché des vols régionaux leur avait permis "d'augmenter le prix moyen des billets vendus".
C'est Air Caraïbes (groupe Dubreuil) qui a été la plus lourdement sanctionnée (13 millions d'euros), pour ces faits remontant à la période 2015-2019, a précisé l'Autorité de la concurrence dans un communiqué, révélant également une sanction de 1,5 million d'euros contre K Finance, maison mère d'Air Antilles à l'époque.
La société de conseil Miles Plus (Aérogestion) s'est quant à elle vu infliger une sanction de 70.000 euros dans le même dossier.
Selon l'Autorité, "les entreprises mises en cause ont mis en œuvre trois ententes sur les prix et conditions tarifaires des liaisons aériennes inter-îles au sein des Caraïbes françaises et internationales" entre 2015 et 2019.
Précisément, il s'agissait des liaisons entre "Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, ainsi que celles entre chacune de ces deux villes et Saint-Martin, Sainte-Lucie et Saint-Domingue", a-t-elle souligné.
"Entre février et juin 2015, puis à nouveau en septembre et décembre 2016, Air Antilles et Air Caraïbes, avec le soutien d’Aérogestion, ont échangé sur leurs intentions tarifaires futures et ont pris des engagements réciproques sur les conditions tarifaires des billets d’avion", selon la même source.
"Ensuite, entre avril 2017 et décembre 2019, les entreprises mises en cause ont participé à une troisième entente sur la fixation des prix et des conditions tarifaires", le tout dans le cadre d'un "accord de non-agression".
- "Tarifs exorbitants" -
"Les pratiques anticoncurrentielles mises en place par Air Antilles et Air Caraïbes sont particulièrement graves", a jugé l'Autorité de la concurrence, en remarquant que "les habitants de ces territoires, confrontés à un coût de la vie nettement plus élevé qu'en métropole, ne disposent d'aucune alternative réellement viable à l'avion" et ont été placés "dans une position de clientèle captive" par le duopole.
"On soupçonnait ces comportements vu les tarifs exorbitants", a réagi le député (Liot) de Guadeloupe Olivier Serva. "C'était quasiment la ligne la plus chère au monde (Martinique-Guadeloupe) par rapport au nombre de kilomètres à parcourir", a-t-il dit à l'AFP, exprimant sa "satisfaction de voir ces contrevenants sanctionnés".
"Ces comportements au détriment du consommateur sont graves et j'espère que la concurrence va s'ouvrir et qu'ils auront des pratiques permettant d'avoir des prix raisonnables", a-t-il conclu.
"Air Caraïbes prend acte de la décision de l'Autorité de la concurrence publiée ce jour et qui est relative à des faits anciens concernant uniquement le réseau régional antillais", a affirmé la compagnie dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Nous analysons cette décision avec nos conseils afin d’envisager d'éventuelles suites à donner", a ajouté le transporteur, qui exploite aussi des vols long-courrier avec la métropole. De source proche du dossier, la compagnie avait provisionné dans ses comptes 2023 le montant maximal associé à une sanction de l'Autorité.
Celle-ci a décidé de ne pas infliger d'amende directe à Air Antilles, non solvable car récemment liquidée. C'est son ancienne maison mère, K Finance, qui est donc visée par la sanction.
Le groupe CAIRE, raison sociale d'Air Antilles, a été partiellement repris en 2023 par une holding du groupe aéroportuaire Edeis, alliée à la collectivité de Saint-Martin, permettant de relancer les vols d'Air Antilles en juillet 2024.
Cette affaire trouve son épilogue dans un contexte tendu pour les collectivités d'outre-mer, notamment en Martinique où un mouvement contre la vie chère a débuté le 1er septembre et a dégénéré avec des émeutes urbaines et des violences.
Dans cette décision publiée au moment où les outre-mer sont le théâtre de revendications contre le coût de la vie, l'Autorité a affirmé que cette coordination entre des compagnies aériennes qui se partageaient le marché des vols régionaux leur avait permis "d'augmenter le prix moyen des billets vendus".
C'est Air Caraïbes (groupe Dubreuil) qui a été la plus lourdement sanctionnée (13 millions d'euros), pour ces faits remontant à la période 2015-2019, a précisé l'Autorité de la concurrence dans un communiqué, révélant également une sanction de 1,5 million d'euros contre K Finance, maison mère d'Air Antilles à l'époque.
La société de conseil Miles Plus (Aérogestion) s'est quant à elle vu infliger une sanction de 70.000 euros dans le même dossier.
Selon l'Autorité, "les entreprises mises en cause ont mis en œuvre trois ententes sur les prix et conditions tarifaires des liaisons aériennes inter-îles au sein des Caraïbes françaises et internationales" entre 2015 et 2019.
Précisément, il s'agissait des liaisons entre "Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, ainsi que celles entre chacune de ces deux villes et Saint-Martin, Sainte-Lucie et Saint-Domingue", a-t-elle souligné.
"Entre février et juin 2015, puis à nouveau en septembre et décembre 2016, Air Antilles et Air Caraïbes, avec le soutien d’Aérogestion, ont échangé sur leurs intentions tarifaires futures et ont pris des engagements réciproques sur les conditions tarifaires des billets d’avion", selon la même source.
"Ensuite, entre avril 2017 et décembre 2019, les entreprises mises en cause ont participé à une troisième entente sur la fixation des prix et des conditions tarifaires", le tout dans le cadre d'un "accord de non-agression".
- "Tarifs exorbitants" -
"Les pratiques anticoncurrentielles mises en place par Air Antilles et Air Caraïbes sont particulièrement graves", a jugé l'Autorité de la concurrence, en remarquant que "les habitants de ces territoires, confrontés à un coût de la vie nettement plus élevé qu'en métropole, ne disposent d'aucune alternative réellement viable à l'avion" et ont été placés "dans une position de clientèle captive" par le duopole.
"On soupçonnait ces comportements vu les tarifs exorbitants", a réagi le député (Liot) de Guadeloupe Olivier Serva. "C'était quasiment la ligne la plus chère au monde (Martinique-Guadeloupe) par rapport au nombre de kilomètres à parcourir", a-t-il dit à l'AFP, exprimant sa "satisfaction de voir ces contrevenants sanctionnés".
"Ces comportements au détriment du consommateur sont graves et j'espère que la concurrence va s'ouvrir et qu'ils auront des pratiques permettant d'avoir des prix raisonnables", a-t-il conclu.
"Air Caraïbes prend acte de la décision de l'Autorité de la concurrence publiée ce jour et qui est relative à des faits anciens concernant uniquement le réseau régional antillais", a affirmé la compagnie dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Nous analysons cette décision avec nos conseils afin d’envisager d'éventuelles suites à donner", a ajouté le transporteur, qui exploite aussi des vols long-courrier avec la métropole. De source proche du dossier, la compagnie avait provisionné dans ses comptes 2023 le montant maximal associé à une sanction de l'Autorité.
Celle-ci a décidé de ne pas infliger d'amende directe à Air Antilles, non solvable car récemment liquidée. C'est son ancienne maison mère, K Finance, qui est donc visée par la sanction.
Le groupe CAIRE, raison sociale d'Air Antilles, a été partiellement repris en 2023 par une holding du groupe aéroportuaire Edeis, alliée à la collectivité de Saint-Martin, permettant de relancer les vols d'Air Antilles en juillet 2024.
Cette affaire trouve son épilogue dans un contexte tendu pour les collectivités d'outre-mer, notamment en Martinique où un mouvement contre la vie chère a débuté le 1er septembre et a dégénéré avec des émeutes urbaines et des violences.