Ahip propose une résolution pour plus de proportion à l’assemblée


Tahiti, le 6 février 2024 – Invité de la rédaction de Radio 1 ce mardi, le co-fondateur de A here ia Porinetia, Nuihau Laurey, s’est montré dubitatif concernant les annonces du président Brotherson sur Google et l’objectif de 25% du PIB pour le secteur de l’audiovisuel et du numérique. Il a aussi réaffirmé qu’une “fusion” autonomiste n’était pas la solution si la seule finalité était de gagner les prochaines élections. Ahip entend d’ailleurs proposer une résolution pour modifier le mode de scrutin et en finir avec cette prime majoritaire qui fausse la représentativité des résultats électoraux.
 
“On a tous envie d’y croire”, a d’emblée réagi Nuihau Laurey, représentant A here i a Porinetia (Ahip) à l’assemblée, ce mardi matin au micro de Radio 1 face à Caroline Perdrix qui l’interrogeait sur les dernières annonces du président du Pays concernant l’arrivée de Google en Polynésie, ou encore, son objectif de faire peser le secteur de l’audiovisuel et du numérique pour 25% du PIB. Mais il ne suffit pas d’y croire. Encore faut-il se donner les moyens d’y parvenir. Et c’est bien ce qui inquiète Nuihau Laurey justement. Déjà sur les chiffres avancés : “Là, sur l’audiovisuel, j’entends dire que nous sommes à 3% de PIB. Ça me paraît un chiffre très élevé. Donc passer à 25%, ça doit représenter presque 150 milliards, j’ai du mal à y croire. Même en incluant le numérique !”, alerte-t-il.
 
Mais ce qui pose surtout problème selon lui, ce sont les annonces à l’emporte-pièce. Des effets d’annonce qui ne sont pas suivis d’effets et qui pourraient décrédibiliser encore un peu plus une classe politique qui pâtit déjà d’un “rejet” de la part des électeurs qui désertent de plus en plus les isoloirs. Comme pour l’objectif que s’est fixé Moetai Brotherson d’atteindre 600 000 touristes ou encore de tripler notre production de pêche, là encore, l’élu Ahip émet de sérieux doutes car “quand les mesures ne suivent pas, ça pose question”.
 
Pire, quand on met en place “des mesures qui vont à l’encontre des objectifs que l’on se fixe”, pointant ainsi du doigt encore une fois la dernière loi fiscale “anti-économique” du ministre de l’Économie, Tevaiti Pomare, “qui quand il fait les choses, les fait mal”. Le recours contre cette loi est toujours entre les mains du Conseil d’État qui dispose encore d’un mois et demi pour rendre sa copie.
 
La politique ce n’est pas juste de l’arithmétique
 
Sur la fameuse plateforme autonomiste, Nuihau Laurey n’en démord pas. Et il l’a dit à Gaston Flosse qui l’a enfin appelé (pas Édouard Fritch), et qu’il a ensuite rencontré. D’abord sur la “fusion” entre le Tapura, le Amuitahira’a et Ahip, il n’en est pas question. En tout cas, pas s’il s’agit seulement d’additionner les voix des uns et des autres dans le seul et unique but de gagner les élections. Ce serait au contraire “la recette de l’échec”, dit Nuihau Laurey qui martèle qu’il faut se rassembler autour d’un “projet politique”.
 
Et ce n’est que là qu’une “alliance” – qui se fait d’ailleurs déjà à l’assemblée sur certains textes – pourrait éventuellement être évoquée avec un projet qui pourrait se dessiner autour d’une volonté commune de changer le système. Et cela passerait par cette fameuse prime majoritaire tant décriée lorsque l’on est dans la minorité et finalement pas si mal que ça lorsque l’on est au pouvoir.  
 
“Nous allons d’ailleurs déposer une résolution à l’assemblée pour voir si le Tavini est toujours d’accord pour réformer ce dispositif”, annonce Nuihau Laurey qui est tout aussi curieux de connaître quel sera le positionnement du Tapura sur ce sujet. Quant à l’idée du Vieux lion d’aller vers un État associé, c’est non. Utilisons déjà les compétences que nous octroie le statut d’autonomie, et après on verra, dit-il en substance. En attendant, Ahip invite le gouvernement à prendre le taureau par les cornes pour “agir” et “mobiliser” les acteurs économiques autour de la future réforme fiscale globale annoncée.

Les propos de Tapati sont juste “maladroits” pour Nuihau Laurey
 
Interrogé par Caroline Perdrix sur les “propos malheureux” tenus à l’assemblée de la Polynésie par l’élu Tavini Mitema Tapati sur le “blanchissement” de la Polynésie et sur le caractère “dangereux” que pourrait avoir la réaction “relaxée” et le “relativisme” dont Ahip a fait preuve, Nuihau Laurey rétorque : “Dans le cas présent, le représentant en question a juste raconté une anecdote dans laquelle un ami lui disait qu’en France, il y avait beaucoup de noirs, et ici beaucoup de blancs. (…) Je sais que l’affaire a été portée devant les tribunaux par le Tapura, on verra ce que la justice en pense, mais pour moi, (...) c’est un peu maladroit, ce n’est pas raciste.” Et face à l’insistance de la journaliste quant à la façon dont un représentant élu du peuple doit s’exprimer au sein d’une institution, Nuihau Laurey répond : “J’ai vu des débats à l’assemblée où c’était pire ! Maintenant, qu’on veuille stigmatiser sur le personnage et les propos qu’il a tenus, pourquoi pas. Mais j’attends que la justice se prononce sur ça.”  

le Mardi 6 Février 2024 à 17:53 | Lu 2201 fois