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Agression sexuelle : Parole contre parole au tribunal


Tahiti, le 18 mars 2025 - Ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete a condamné un père de famille à 6 mois de prison avec sursis pour avoir agressé sexuellement la nourrice de son bébé. Un dossier délicat, reposant uniquement sur de simples déclarations où chacune des parties est restée campée sur ses positions. La victime assurant avoir été agressée à deux reprises, et le prévenu affirmant n'avoir jamais rien forcé.
 
Ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete s'est saisi d'une affaire d'agressions sexuelles où un jeune père de famille s'en serait pris à la nounou de son bébé à deux reprises. Une nourrice qui se trouve être la sœur de sa propre femme. En effet, le 17 juillet 2021, l'homme, rentré plus tôt que prévu de son travail, a pris son enfant et l'a allongé dans un coin pour pouvoir se mettre sur son canapé et interpeller sa belle sœur. “Il s'est allongé, a pris son appareil de massage pour les douleurs musculaires et l'a mis au niveau de son sexe”, se souvient la victime dans sa déposition. “Il m'a regardé et m'a dit ‘viens me sucer’. Il a enlevé son short et m'a demandé de lui manger les tétons. Il était excité. Son sexe était en érection. Il s'est levé et est venu vers moi. Il m'a demandé une nouvelle fois de le sucer mais j'ai dit non.” La nounou s'est ensuite levée pour se rendre dans la cuisine et mettre fin à cet échange soudain et gênant. Une manœuvre qui n'a pas suffi à calmer les ardeurs du jeune père de famille. “Il m'a suivie, m'a attrapée au niveau des anches mais je l'ai repoussé, encore. J'ai insisté plusieurs fois en lui disant d'arrêter.” Un calvaire qui aurait duré quelques minutes avant de s'arrêter, enfin. Des faits que le père de famille réfute : “Ça ne s'est pas passé comme ça. Il y a eu de l'attirance, un échange de baiser mais sans plus. […] Je n'ai jamais forcé quoi que ce soit.”
 
Pourtant, le 7 août 2021, soit trois semaines plus tard, l'individu aurait réitéré ses avances : “J'étais allongé sur le lit des parents, il est arrivé très vite, a retiré son tee-shirt et m'a attrapée par les hanches, comme pour me bloquer”, raconte la victime. “Il a posé sa main droite sur mon pantacourt pour me toucher le sexe et il en a profité pour m'embrasser le cou. Je l'ai repoussé plusieurs fois mais il a insisté. Il a essayé de déboutonner mon short mais il a fini par réveiller son bébé qui était à côté. J'en ai profité pour m'échapper dans la cuisine. Je lui ai dit que ce n'était pas bien ce qu'il faisait.” Et, plus la belle-sœur résistait plus l'homme était excité. N'hésitant pas à la poursuivre tout nu dans la maison. “Je me suis mise à lui parler calmement pour qu'il se calme et il a fini par retourner dans la chambre. J'en ai profité pour prendre mes affaires et partir.”
 
Un récit dans lequel le prévenu ne s'est pas du tout reconnu : “Je ne suis pas comme ça. Je n'ai jamais été comme ça et je ne serai jamais comme ça.” Selon lui, “toutes ces choses ne se sont pas passées.” Des mensonges que l'homme n'a pas su expliquer pour autant, se contentant d'affirmer “qu'elle l'a fait pour se venger”. Une explication un peu courte, balayée par l'expertise psychiatrique dont il a fait l'objet à la suite de l'enquête. “Il a très vite avoué les faits pour s'assurer que l'affaire ne s'ébruite pas”, souligne le psychiatre. “Son passage à l'acte peut s'expliquer par une recherche purement égoïste de satisfaction automatique de ses désirs. [...] Lors de l'expertise il ne reconnaît que très partiellement les faits, se donnant le bon rôle afin de protéger sa famille du scandale. Le discours est peu authentique [...], même ses regrets sont autocentrés.”
 
Pour autant, si tout semblait accuser le père de famille, certaines questions laissées en suspens ont interpellé l'avocat de la défense et le président du tribunal. Par exemple, pourquoi la victime est-elle retournée garder l'enfant après la première agression ? Pourquoi la victime n'a-t-elle pas, elle aussi, suivi une expertise psychiatrique lors de l'enquête ? Faut-il se contenter de la seule et unique version de la victime ? Car, effectivement, l'ensemble du dossier ne reposait que sur de simples déclarations. Pire : la déposition de la compagne, sœur de la victime, qui a eu du mal à croire les déclarations faites par sa propre sœur, laissant ainsi entendre que cette dernière aurait pu tout inventer. Un manque d'éléments non négligeable qui a conduit le tribunal correctionnel de Papeete à condamner le père de famille à six mois de prison avec sursis et 200 000 francs de dommages et intérêts.

le Mardi 18 Mars 2025 à 17:13 | Lu 2907 fois