"Affermir la position de nos langues" (Steve Chailloux)


PAPEETE, le 1er juillet 2018 - C'est le plus jeune membre du jury du Heiva i Tahiti. Steve Chailloux a été missionné pour juger l'écriture des thèmes de chaque groupe. Il est d'ailleurs assisté d'un comité de lecture, composé de deux ou trois personnes. Leur rôle est de juger l'authenticité des thèmes, mais aussi de voir l'orthographie ou la grammaire.

Il peut paraitre strict, mais Steve Chailloux est avant tout un passionné de sa Culture ou plutôt de sa langue. Il a d'ailleurs réalisé plusieurs vidéos qui permettent à tout un chacun d'apprendre le reo tahiti.

Depuis l'an dernier, il fait partie du jury du Heiva i Tahiti, pour l'écriture. Son rôle est "de juger, à la fois, l'authenticité des thèmes pour voir si ce ne sont pas des thèmes inventés. Ensuite, on glisse sur les critères un peu plus littéraires, c'est-à-dire qu'on va regarder l'orthographe, la grammaire et la beauté littéraire du texte", souligne-t-il.

Pour accomplir cette mission, le jury de l'écriture s'est entouré d'un comité de lecture, "composé de deux à trois personnes".

Parfaire au mieux les écrits permettra "éventuellement, si l'occasion se présente, de ré exploiter ces textes dans les écoles, par exemple". En Polynésie, deux graphies sont utilisées pour la rédaction des écrits en tahitien : celle de Turo a Raapoto et celle de l'Académie. Pour Steve Chailloux, l'essentiel est de ne pas utiliser les deux graphies en même temps. "S'il y a un qui a oublié un accent par ci ou par-là, je ne vais pas le gronder. Je veux juste voir la cohérence de l'écriture. Et si cela est respecté, eh bien, je donne facilement des points sur ce critère." Et de poursuivre : "Mon cheval de bataille ou plutôt ma passion dans ce jury-là, c'est d'affermir la position de nos langues dans le plus ancien festival au monde qu'est le Heiva i Tahiti."


Steve Chailloux
Jury en écriture

"Chez les Mā'ohi, le siège des sentiments c'est le 'ā'au"


"Ça va être une édition très riche, où on va découvrir la diversité et certains glissements de sens. Par exemple, aujourd'hui, il y a pas mal de personnes qui pensent que le cœur (māfatu), c'est le siège des émotions. Du coup, ils vont écrire : "Tē here nei au ia 'oe mai roto mai i te hōhonura'a o tō'u māfatu" (Je t'aime du plus profond de mon cœur). Les occidentaux ont le cœur comme organe des sens et des sentiments. Chez les Mā'ohi, le siège des sentiments c'est le 'ā'au (entrailles). C'est pareil pour les couleurs. Il y a des personnes qui vont nous dire que le rouge c'est la couleur de l'amour. Mais le rouge, c'est la couleur de la sacralité, de la divinité… Quand je peux, je rectifie. Bien sûr, on ne connait pas tout, mais de ce que nous maitrisons, nous essayons de transmettre ou de rectifier, sinon, ces glissements de sens deviendront des vérités demain."



Rédigé par Corinne Tehetia le Dimanche 1 Juillet 2018 à 19:52 | Lu 218 fois