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Affaires de terre : Eugène et Monil Tetuanui contre le Pays et l’Etat


Monil Tetuanui, lors de la réunion d'information sur l'indivision, à Vaira'o ce mardi matin.
Monil Tetuanui, lors de la réunion d'information sur l'indivision, à Vaira'o ce mardi matin.
TAIARAPU OUEST, le 03 décembre 2014 - Ce mardi matin, une cinquantaine de participants venus des quatre coins de la presqu’île se sont déplacés pour écouter Eugène et Monil Tetuanui dans la salle omnisport de Vaira’o, une des communes composant la zone de Taiarapu ouest. Les deux cousins et membres fondateurs de la fédération « Mā’ohi, a vai ara ! » sont venus annoncer leur ferme intention de trouver une solution ce qu'ils considèrent comme l’une des plus grandes problématiques polynésiennes, l’indivision.

Les fondateurs de la fédération « Mā’ohi, a vai ara ! » (« Polynésiens, soyez vigilants ! ») entreprennent depuis quelques jours une tournée dans les communes de Tahiti , afin d’expliquer leurs projets pour régler l’indivision foncière. EugèneTetuanui, le président du mouvement, aidé de Monil Tetuanui, accuse directement l’Etat d’être « la cause de ce mal qui frappe les polynésiens depuis des décennies. »

Selon Eugène Tetuanui « Après avoir effectué des recherches, on s’est aperçu que ce mal venait de la non application d’un article du code civil. Il s’agit de l’article 720 applicable en Polynésie depuis l’arrivée du code en 1866 qui dit : « qu’au décès de l’ancêtre propriétaire, la succession doit se faire dans l’année qui suit. » » Se basant sur ce texte, les contestataires ont émis des propos sévères envers l’Etat : « Là où nous sommes stupéfaits, c’est que plusieurs affaires foncières ont été jugées au tribunal de Papeete, et des conflits ont été jugés sans tenir compte de cette loi ! » allant même jusqu’à poser la question : « Qui est fautif dans les conflits fonciers en Polynésie ? si ce n’est l’article 720 du code civil. »

Un sit-in prévu en avril prochain

Les accusations ne s’arrêtent pas là puisque le Pays a également été pointé du doigt : « Le gouvernement UPLD avait, en mai 2010, voté une loi de Pays qui prévoyait que, si en juin 2015, les successions ne sont pas faites, les propriétés qui sont restées dans l’indivision reviendront de fait au Territoire. Or, 75 % des terres polynésiennes sont dans cette situation. » avant d’accuser sans détour le pouvoir local : « Autrement dit, le pouvoir public quel qu’il soit, est tout simplement en train de voler nos terres ! D’autant plus que cette loi avait été votée à l’unanimité des représentants de l’assemblée. »

Du coup, l’assistance a été invitée à se joindre à un mouvement de protestation qui aura lieu le 16 avril 2015 à l’avenue Pouvana’a. « Nous ferons un sit-in à cet endroit précis car c’est là que se trouve l’Assemblée, le gouvernement et le tribunal. (…) Nous demanderons au Pays de repousser la loi de Pays votée en 2010 de 5, voire 10 ans et demanderons également à nos politiques d’intervenir auprès de l’Etat pour mettre à la disposition des polynésiens cette caisse nommée GIRTEC qui existe en Corse, mais qui donnerait la possibilité de bénéficier de fonds d’environ 1,4 milliards de francs pour résoudre les problèmes fonciers. »

Quant à la question du tribunal foncier, la fédération l’a balayée d’un revers de main : « Il existe déjà ! Si c’est juste pour renforcer l’équipe existante, pour traiter des problèmes dont on connait déjà la cause et qu’on ne veut pas réparer, à quoi ça sert ? »

Après trois heures pour tenter de convaincre la population du bienfondé de leurs actions, Eugène et Monil Tetuanui se sont retirés en promettant de revenir le 16 décembre prochain, pour d’autres nouvelles. « Mais cette fois, fini les discours, on va agir ! » a conclu Monil en tahitien.

TP

Rédigé par TP le Mercredi 3 Décembre 2014 à 20:45 | Lu 1152 fois