Tahiti, le 16 avril 2025 - Ce mercredi matin un homme, accusé d’avoir volontairement tué sa mère en octobre 2022, était jugé aux assises. Si le procès a bien démarré, il a fallu une journée à la cour pour soulever un problème de composition, l’une des juges assesseur s’est aperçu après plusieurs heures de débats qu’elle avait déjà siégé dans le cadre de l’information judiciaire dans cette même affaire. Le procès d’assises est donc renvoyé… au mois d’octobre prochain.
“Fiston qu’est-ce que tu fais ? Je n’arrive plus à respirer !” Tels auraient été les derniers mots de la victime.
Au petit matin du 9 octobre 2022, un homme de bientôt 51 ans était avec sa mère. Ils étaient tous les deux installés chez la fille et le beau-fils de la victime. “Il dormait dans le même lit”, a rapporté le directeur d’enquête à la barre. Rien, jusque-là, n’était à signaler, ni heurt, ni dispute.
L’homme en se réveillant a trouvé sa mère douchée et prête à sortir. Son fils a préféré rester à la maison prétextant ne pas se sentir très bien. “L’idée lui est venue de l’étrangler”, a poursuivi le directeur d’enquête. Il a demandé à sa mère de se rallonger. Elle a accepté. Il s’est approché et a essayé de l’étouffer avec un coussin, dans un premier temps. En vain. Alors il l’a étranglée de ses mains. L’autopsie a confirmé la mort par asphyxie.
L’homme a appelé son beau-frère qui l’a rejoint quelques minutes plus tard. Puis, sont arrivés sa sœur, les pompiers, la police, le Samu et les gendarmes qui ont découvert le corps inanimé. Tous n’ont pu que constater le décès.
L’accusé a été aussitôt placé en garde à vue et est, depuis, détenu. Accusé d’avoir volontairement donné la mort à sa mère – ce qu’il n’a jamais nié – son procès a démarré ce mercredi matin en cour d’assises.
“Je reconnais bien sûr”
“Monsieur, que dites-vous aujourd’hui après lecture des faits ?” a interrogé la présidente. “Je reconnais bien sûr, sans toutefois pouvoir l’expliquer jusqu’à ce jour.” Toute la question est là, à savoir : “Comment un citoyen, jusqu’alors exemplaire a-t-il pu exploser de cette manière ?” a expliqué l’expert psychiatrique qui a livré son rapport en fin de matinée.
Ce dernier a, après un entretien mené en janvier 2023, décrit l’accusé comme un homme au “niveau d’intelligence et d’abstraction normal”. L’expert a rappelé que les cas de crimes sur ascendant sont extrêmement rares, et, pour 90% d’entre eux, notamment chez les hommes, ils sont liés à des troubles schizophréniques. Or, à l’entendre, l’accusé ne présente aucun trouble ni signe d’une quelconque maladie mentale. Selon lui, l’accusé a parlé du crime “comme si c’était banal, sans émotion, sans nervosité, sans trembler, ni pleurer”. Il n‘a pas exprimé “de regrets spontanés”. Pour l’expert, l’accusé a fait preuve “d’un certain détachement” pour ne pas parler de “froideur”. Il est un homme doté “d’une faible empathie mais qui n’est pas pathologique, ce qui pourrait peut-être, être relié à des troubles autistiques ce qui expliquerait le détachement”.
Pour lui, la relation mère-fils tiendrait de “l’incestuel” et ne serait pas “incestueuse”. L’incestuel étant une notion de psychanalyse définissant un mode relationnel générateur de confusion. Il est identifié en arrière-plan des situations d’inceste et consiste, pour les parents, à ne pas respecter l’intimité de leur(s) enfant(s). Si l’emprise de l’aînée sur son fils ne peut être certaine, une codépendance est avérée. “Sa vie c’était sa mère.” Rebondissant sur ce constat, l’avocate de l’accusé, Me Eyrignoux, a demandé, considérant un état dépressif : “Peut-on, donc, interpréter le drame comme un suicide ?” “Oui”, a répondu l’expert.
Un parcours de vie chaotique
L’accusé est un homme de bientôt 51 ans, le septième d’une fratrie de huit. L’un de ses frères s’est suicidé en 1997, l’une de ses sœurs est morte à 3 ans d’un tragique accident alors qu’elle jouait dans la cour familiale. Il dit avoir eu une jeunesse “heureuse” malgré une situation financière compliquée. “On n’avait pas toujours assez pour manger”. Son enfance n’a pas été entachée de violences.
Il a obtenu, non sans difficulté, son baccalauréat. “C’est à peu près l’âge où j’ai découvert mon homosexualité”, a-t-il expliqué à la barre les larmes aux yeux. “Je voulais tout arrêter.” Il est allé en France faire son service militaire, puis est rentré à cause du mal du pays, mais aussi parce sa mère le réclamait.
“Il nous rabaissait tous”
Depuis 1997, l’année de son retour, sa vie qu’il a partagé avec sa mère jusqu’au drame, a été rythmée par des périodes d’instabilité professionnelle et géographique. Le duo mère-fils s’est renforcé au décès du père de l’accusé en 2013, les liens avec le reste de la fratrie à l’exception de la sœur, se sont en parallèle distendus jusqu’à la rupture. “Il a un caractère hautain, il nous rabaissait tous”, a dit l’un des frères à la barre à propos de l’accusé.
Peu après le drame, la mère a été rapidement présentée par les proches comme “quelqu’un à caractère exclusif”, “une mère castratrice”, a indiqué le directeur de l’enquête. “Loin de moi l’idée de la salir, mais il a été question de chantage affectif.” La plus grande crainte qui prévalait à cette époque n’était pas le crime, mais le suicide de l’accusé. Tandis que celui-ci passait pour “déprimé”, “triste”, “accablé”, “aimant” et “étouffé”, la victime apparaissait comme une personne “qui n’était pas gentille”, voire “violente”. La veille du drame, l’accusé se serait épanché auprès de sa sœur : “Aide-moi”, lui aurait-il demandé.
Rebondissement
Lors de cette première journée d’audience, le médecin légiste ainsi que plusieurs témoins auraient dû témoigner à la barre. Mais en fin de journée, l’affaire a pris un tournant inattendu. L’une des juges assesseur s’est aperçu qu’elle avait déjà siégé dans le cadre de l’information judiciaire devant la chambre de l’instruction suite à une demande de l’accusé. “C’est ce que l’on appelle un problème de composition”, a précisé Me Nougaro, l’un des conseils des parties civiles, et cela est incompatible. L’affaire est donc renvoyée au mois d’octobre. “C’est regrettable”, a conclu l’avocate, “car aujourd’hui la famille a souffert”. L'homme encourt la réclusion à perpétuité.
“Fiston qu’est-ce que tu fais ? Je n’arrive plus à respirer !” Tels auraient été les derniers mots de la victime.
Au petit matin du 9 octobre 2022, un homme de bientôt 51 ans était avec sa mère. Ils étaient tous les deux installés chez la fille et le beau-fils de la victime. “Il dormait dans le même lit”, a rapporté le directeur d’enquête à la barre. Rien, jusque-là, n’était à signaler, ni heurt, ni dispute.
L’homme en se réveillant a trouvé sa mère douchée et prête à sortir. Son fils a préféré rester à la maison prétextant ne pas se sentir très bien. “L’idée lui est venue de l’étrangler”, a poursuivi le directeur d’enquête. Il a demandé à sa mère de se rallonger. Elle a accepté. Il s’est approché et a essayé de l’étouffer avec un coussin, dans un premier temps. En vain. Alors il l’a étranglée de ses mains. L’autopsie a confirmé la mort par asphyxie.
L’homme a appelé son beau-frère qui l’a rejoint quelques minutes plus tard. Puis, sont arrivés sa sœur, les pompiers, la police, le Samu et les gendarmes qui ont découvert le corps inanimé. Tous n’ont pu que constater le décès.
L’accusé a été aussitôt placé en garde à vue et est, depuis, détenu. Accusé d’avoir volontairement donné la mort à sa mère – ce qu’il n’a jamais nié – son procès a démarré ce mercredi matin en cour d’assises.
“Je reconnais bien sûr”
“Monsieur, que dites-vous aujourd’hui après lecture des faits ?” a interrogé la présidente. “Je reconnais bien sûr, sans toutefois pouvoir l’expliquer jusqu’à ce jour.” Toute la question est là, à savoir : “Comment un citoyen, jusqu’alors exemplaire a-t-il pu exploser de cette manière ?” a expliqué l’expert psychiatrique qui a livré son rapport en fin de matinée.
Ce dernier a, après un entretien mené en janvier 2023, décrit l’accusé comme un homme au “niveau d’intelligence et d’abstraction normal”. L’expert a rappelé que les cas de crimes sur ascendant sont extrêmement rares, et, pour 90% d’entre eux, notamment chez les hommes, ils sont liés à des troubles schizophréniques. Or, à l’entendre, l’accusé ne présente aucun trouble ni signe d’une quelconque maladie mentale. Selon lui, l’accusé a parlé du crime “comme si c’était banal, sans émotion, sans nervosité, sans trembler, ni pleurer”. Il n‘a pas exprimé “de regrets spontanés”. Pour l’expert, l’accusé a fait preuve “d’un certain détachement” pour ne pas parler de “froideur”. Il est un homme doté “d’une faible empathie mais qui n’est pas pathologique, ce qui pourrait peut-être, être relié à des troubles autistiques ce qui expliquerait le détachement”.
Pour lui, la relation mère-fils tiendrait de “l’incestuel” et ne serait pas “incestueuse”. L’incestuel étant une notion de psychanalyse définissant un mode relationnel générateur de confusion. Il est identifié en arrière-plan des situations d’inceste et consiste, pour les parents, à ne pas respecter l’intimité de leur(s) enfant(s). Si l’emprise de l’aînée sur son fils ne peut être certaine, une codépendance est avérée. “Sa vie c’était sa mère.” Rebondissant sur ce constat, l’avocate de l’accusé, Me Eyrignoux, a demandé, considérant un état dépressif : “Peut-on, donc, interpréter le drame comme un suicide ?” “Oui”, a répondu l’expert.
Un parcours de vie chaotique
L’accusé est un homme de bientôt 51 ans, le septième d’une fratrie de huit. L’un de ses frères s’est suicidé en 1997, l’une de ses sœurs est morte à 3 ans d’un tragique accident alors qu’elle jouait dans la cour familiale. Il dit avoir eu une jeunesse “heureuse” malgré une situation financière compliquée. “On n’avait pas toujours assez pour manger”. Son enfance n’a pas été entachée de violences.
Il a obtenu, non sans difficulté, son baccalauréat. “C’est à peu près l’âge où j’ai découvert mon homosexualité”, a-t-il expliqué à la barre les larmes aux yeux. “Je voulais tout arrêter.” Il est allé en France faire son service militaire, puis est rentré à cause du mal du pays, mais aussi parce sa mère le réclamait.
“Il nous rabaissait tous”
Depuis 1997, l’année de son retour, sa vie qu’il a partagé avec sa mère jusqu’au drame, a été rythmée par des périodes d’instabilité professionnelle et géographique. Le duo mère-fils s’est renforcé au décès du père de l’accusé en 2013, les liens avec le reste de la fratrie à l’exception de la sœur, se sont en parallèle distendus jusqu’à la rupture. “Il a un caractère hautain, il nous rabaissait tous”, a dit l’un des frères à la barre à propos de l’accusé.
Peu après le drame, la mère a été rapidement présentée par les proches comme “quelqu’un à caractère exclusif”, “une mère castratrice”, a indiqué le directeur de l’enquête. “Loin de moi l’idée de la salir, mais il a été question de chantage affectif.” La plus grande crainte qui prévalait à cette époque n’était pas le crime, mais le suicide de l’accusé. Tandis que celui-ci passait pour “déprimé”, “triste”, “accablé”, “aimant” et “étouffé”, la victime apparaissait comme une personne “qui n’était pas gentille”, voire “violente”. La veille du drame, l’accusé se serait épanché auprès de sa sœur : “Aide-moi”, lui aurait-il demandé.
Rebondissement
Lors de cette première journée d’audience, le médecin légiste ainsi que plusieurs témoins auraient dû témoigner à la barre. Mais en fin de journée, l’affaire a pris un tournant inattendu. L’une des juges assesseur s’est aperçu qu’elle avait déjà siégé dans le cadre de l’information judiciaire devant la chambre de l’instruction suite à une demande de l’accusé. “C’est ce que l’on appelle un problème de composition”, a précisé Me Nougaro, l’un des conseils des parties civiles, et cela est incompatible. L’affaire est donc renvoyée au mois d’octobre. “C’est regrettable”, a conclu l’avocate, “car aujourd’hui la famille a souffert”. L'homme encourt la réclusion à perpétuité.