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Affaire Sarah Nui : Quinze ans requis en appel contre Maitai Danielson


Tahiti, le 30 mars 2021 - Initialement prévu sur trois jours, le procès en appel de trois des 25 prévenus condamnés en octobre dernier dans le cadre du procès du volet international de l'affaire de trafic d'ice dite Sarah Nui s'est achevé mardi. L'avocat général a notamment requis quinze ans de prison à l'encontre de l'un des deux boss de ce réseau, l'ancien rameur natif de Huahine, Maitai Danielson, qui avait été condamné en première instance à treize ans de prison ferme. La cour d'appel rendra sa décision le 15 avril.
 
L'audience, et c'est le moins que l'on puisse dire, aura été expéditive. Le procès de trois des 25 prévenus condamnés dans le cadre du volet international de l'affaire de trafic d'ice dite Sarah Nui, dont l'une des têtes de ce réseau, l'ancien rameur Maitai Danielson, s'est déroulé mardi devant la cour d'appel de Papeete. Initialement prévu sur trois jours, le procès s'est finalement achevé au terme de sept heures d'audience comprenant les réquisitions et les plaidoiries de la défense.
 
La cour d'appel devait juger ces trois hommes tous condamnés lors du procès de première instance portant sur le volet international de ce trafic d'ice structuré qui avait permis l'importation en 2017 et 2018 d'au moins vingt kilos d'ice sur le territoire en provenance du Mexique et des États-Unis. Matai Danielson tout d'abord. Considéré comme l'une des deux têtes de ce réseau avec le multirécidiviste Tamatoa Alfonsi, l'ancien rameur natif de Huahine avait été condamné en octobre dernier à treize ans de prison ferme malgré ses dénégations fermes et répétées. Christian Boyer ensuite. Poursuivi et condamné en première instance pour avoir agi en qualité de mule et de nourrice, le trentenaire avait écopé de quatre ans de prison avec sursis. Heiarii Tepea enfin avait, quant à lui, été condamné à six ans de prison ferme pour son rôle d'organisateur de l'importation d'ice à Huahine où il agissait en qualité de boss du réseau sur l'île.

Danielson, bras droit d'Alfonsi

Ces trois hommes ont donc comparu devant la cour d'appel mardi matin afin de s'expliquer de nouveau sur leur participation à un réseau d'importation considéré comme l'un des plus conséquents jamais démantelés en Polynésie française. Tout comme lors du procès de première instance, Maitai Danielson a fermement nié avoir été le bras droit de Tamatoa Alfonsi. Mis en cause par de nombreux témoins, acteurs du dossier et éléments matériels comme ayant été celui qui conditionnait la drogue à San Diego pour l'envoyer vers la Polynésie, l'ancien rameur de Huahine a toujours expliqué qu'il n'avait rien à voir avec ce trafic et qu'il était férocement attaché à lutter contre le fléau de l'ice. A la barre de la cour d'appel, il a donc persisté dans cette stratégie du déni en expliquant qu'il était en Californie pour “faire du surf” et que ses accusateurs l'avaient mouillé afin de lui faire porter le chapeau et de “détourner les projecteurs”.
 
A l'image de Maitai Danielson, le boss de Huahine, Heiarii Tepea, a lui aussi nié les faits à la barre, tentant difficilement d'expliquer pourquoi il avait fui Huahine après avoir été informé de l'opération et des perquisitions à venir. Les enquêteurs de la Section de recherches avaient par ailleurs établi lors de l'enquête que, bien que n'ayant jamais travaillé, Heiarii Tepea disposait de plusieurs jet-ski, de pirogues de valeurs, de plusieurs véhicules et qu'il avait acheté une maison sur son île natale qu'il avait entièrement fait rénover.

Nourrice dans le trafic

A l'inverse de ses deux coprévenus, Christian Boyer a, lui, reconnu à la barre qu'il avait bien servi de mule en expliquant qu'il avait fait appel de sa condamnation de première instance car cette dernière comportait notamment la saisie d'une maison lui appartenant. Maison qu'il souhaiterait récupérer afin de la léguer à sa fille.
 
A l'issue des courts débats de la matinée, l'avocat général a requis cinq ans de prison ferme à l'encontre de Christian Boyer. Il a estimé qu'en première instance, l'intéressé avait été trop “faiblement” condamné pour son rôle de mule et qu'il n'avait pas été jugé sur son rôle de nourrice dans le trafic. Une confirmation des six années de prison prononcées en première instance a été requise à l'encontre du boss de Huahine, Heiarii Tepea. Concernant Maitai Danielson, un “délinquant chevronné” jugé en état de récidive légale pour avoir déjà été condamné à trois reprises dans le passé pour des faits similaires,  l'avocat général a détaillé les nombreux éléments et témoignages l'impliquant comme ayant été une pièce majeure du dossier. Il a ensuite requis quinze ans de prison à son encontre, soit deux ans de plus que la peine prononcée en première instance.
 
La cour d'appel rendra sa décision le 15 avril.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 30 Mars 2021 à 19:00 | Lu 3196 fois