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Affaire Radio Maohi : 2 millions de francs d'amende pour Edouard Fritch


En déplacement à Paris, le président du gouvernement sera absent au tribunal ce matin.
En déplacement à Paris, le président du gouvernement sera absent au tribunal ce matin.
PAPEETE, le 24 mai 2016 - Le tribunal correctionnel a rendu ce mardi son délibéré dans cette affaire de prise illégale d'intérêt présumée. Edouard Fritch a été reconnu coupable et condamné à une peine de 2 millions de francs d'amende. En mars dernier, le parquet avait requis "une peine d'avertissement" contre le président du Pays pour sa gestion de la radio communale de Pirae et organe de propagande politique. Son avocat avait quant à lui plaidé la relaxe pure et simple.

Pas de peine de prison requise contre Edouard Fritch, mais "une peine d'avertissement" de 3 millions de Fcfp d'amende. Le procureur de la République José Thorel, s'il avait estimé le délit de prise illégale d'intérêt constitué à l'audience du 8 mars dernier, n'en avait pas moins souligné qu'il s'agissait d'un "délit primaire" pour le président du gouvernement, "homme politique aux affaires" qui n'a "depuis fait l'objet d'aucune nouvelle procédure". Le tribunal a suivi le même raisonnement en condamnant ce matin Edouard Fritch à 2 millions de francs d'amende. Une peine de 1,5 million de francs d'amende avait aussi été requise à l'encontre de journaliste politique et animateur historique de Radio Maohi, Gustave Heitaa, pour recel de prise illégale d'intérêt. Il écope pour sa part d'1 million de franc d'amende. Principal animateur de la radio, il émargeait dans le même temps comme collaborateur d'Edouard Fritch à l'assemblée de la Polynésie française. Les avocats des deux hommes avaient quant à eux plaidé la relaxe de leur client, au motif notamment que Radio Maohi n'était plus, à l’époque des faits reprochés, que l'ombre malade de l'organe de propagande du Tahoeraa Huiraatira qu'elle fut "jusqu'au début des années 2000".

Mis en examen en février 2013 dans ce dossier, le président du Tapura Huiraatira était, rappelons-le, maire orange de Pirae et président délégué du parti au fei à l'époque quand la radio, moribonde, avait bénéficié en 2007 d'une subvention municipale exceptionnelle pour un montant de l'ordre de 15 millions de francs.

"En toute transparence"

L'affaire avait pris une tournure pénale suite aux observations d'un rapport de la chambre territoriale des comptes. La CTC avait relevé en 2009 des conditions de financement "exceptionnelles" pour une telle radio, sans compter des locaux et du personnel mis à disposition. "Si Radio Maohi devait être considérée comme une radio partisane, la question se poserait de la légalité des subventions qui lui ont été versées", s'interrogeaient à l'époque les magistrats rapporteurs.

Edouard Fritch, lui, a toujours soutenu que la convention entre la mairie de Pirae et Radio Maohi avait été passée "en toute transparence" avec l'administrateur d'Etat en charge du contrôle de la légalité des actes municipaux et que ni lui, ni le Trésor public n'avaient trouvé à redire quant au versement de cette subvention exceptionnelle, votée en conseil municipal. A l'audience, le président s'était défendu d'une quelconque manœuvre, expliquant que la commune souhaitait donner de l'air à cette station sur le déclin dans l'idée, justement, d'en changer la ligne éditoriale héritée des vieux combats politiques surannés et d'en faire une radio locale de proximité.


Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 24 Mai 2016 à 08:19 | Lu 2901 fois