Affaire Honotua : un "dossier vide", "procès d'intention", la défense se rebiffe


Les anciens d'Alcatel recrutés par l'OPT pour leur savoir-faire ont affirmé ce mardi avoir fait leur travail en conscience.
PAPEETE, le 2 février 2016 - Le procès en favoritisme et recel de favoritisme autour de l'attribution du marché du câble Honotua entre 2005 et 2008 à Alcatel Submarine Networks (ASN) s'est poursuivi ce mardi avec, notamment, les auditions des anciens cadres d'Alcatel qui avaient élaboré, pour le compte de l'OPT, le cahier des charges préalable à l'appel d'offre remporté par ASN.


Et si l'un des deux contractuels concerné a admis que sa position d'ancien de la maison Alcatel avait pu le "gêner" à l'époque, les deux métropolitains, des professionnels reconnus des réseaux et de l'exploitation de câbles sous-marins à travers le monde, ont continué à assurer n'avoir fait que leur travail dans la finalisation du projet Honotua pour le compte de l'OPT, et sans consignes ni interférence de la maison mère dont un ancien était pourtant aussi à l'origine de leur recrutement pour cette mission à l'office des postes et télécommunications en Polynésie.

Comme au premier jour d'audience dans cette affaire jugée sur cinq jours, il est aussi apparu que les présidents successifs du conseil d'administration de l'OPT sur la période visée, qu'il s'agisse de Jean-Alain Frébault, Jean-Paul Barral ou encore d'Alphonse Teriierooiterai, naviguaient à vue entre leur incompétence légitime sur ce dossier ultra technique au montage complexe, l'instabilité politique du moment, la pression du gouvernement et en particulier du ministre des Postes et télécommunications Emile Vernaudon, bien qu'il s'en défende, de boucler le plus rapidement possible le lancement de ce projet qui allait ouvrir la Polynésie française à l'ère de l'internet moderne.

Un cahier des charges taillé pour Alcatel ?

Aucune trace de pot de vin ou d'enrichissement personnel n'est apparue au dossier, si ce n'est des niveaux de rémunération particulièrement attractifs pour les ex-Alcatel mais qui seraient néanmoins conformes à leur "haute technicité dans le secteur" ont-ils fait remarquer à l'audience.

L'accusation reproche aux anciens collaborateurs d'Alcatel, qui rebondissaient en Polynésie française après avoir tous les deux fait l'objet de licenciements économiques, d'avoir élaboré en 2006 un cahier des charges tel que seul leur ancien employeur, géant du secteur, était capable de tenir. La société américaine Tyco, autre candidat à ce marché de 8,9 milliards de Fcfp avec le japonais Nec, avait jeté l'éponge avant même la commission de dépouillement des appels d'offre, estimant n'avoir aucune chance de l'emporter dans ces conditions.

"Localement", l'accusation reproche aux différents responsables de l'OPT d'avoir couvert en toute connaissance de cause ce mélange des genres, au détriment du code d'attribution des marchés publics.

La défense évoque "un dossier vide", "un procès d'intention" a lâché l'un des deux anciens collaborateurs d'Alcatel en mission pour l'OPT. Le procès s'achève vendredi.


Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 2 Février 2016 à 18:37 | Lu 1375 fois