Accord entre le Québec et des Amérindiens pour protéger une forêt boréale


Montréal, Canada | AFP | lundi 13/07/2015 - Le gouvernement du Québec et les Amérindiens Cris ont présenté lundi un vaste accord prévoyant la protection d'une des dernières forêts boréales intactes du Canada, afin notamment de préserver l'habitat sauvage du caribou forestier.

Un groupe de chasseurs et trappeurs cris avait imposé en 2010 un moratoire unilatéral sur l'exploitation forestière dans la vallée de la Broadback, exigeant que cette forêt et la rivière sauvage qui y coule soient préservées des coupes à blanc (la totalité des arbres d'une parcelle sont coupés).

L'"entente" signée lundi entre le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le Grand chef de la nation crie d'Eeyou Istchee, Matthew Coon Come, prévoit la création d'une "aire protégée et une réserve de biodiversité" de 9.134 km2 (environ la superficie de Chypre), au lieu des 13.000 km2 réclamés par les trappeurs cris.

De fait, la moitié de la zone choisie se trouve dans des forêts déjà strictement interdites aux bûcherons.

Le village cri de Waswanipi, à l'origine du moratoire de 2010, a "unanimement dénoncé" l'accord signé par le Grand chef de leur nation et le gouvernement du Québec, promettant de continuer de "se battre" pour la vallée de la Broadback.

"Nous avons assisté à la fragmentation de 90% de notre terre traditionnelle sous l'impact des coupes lourdes des forestiers. Les 10% restants doivent être conservés intactes pour les générations futures", a souligné le chef de Waswanipi, Marcel Happyjack, dans un communiqué.

Les coupes à blanc de la forêt boréale canadienne sont à l'origine du recul marqué de la population de caribous forestiers, une espèce de cervidé classée en voie de disparition depuis 2002 au Canada.

L'entente conclue entre les Cris et la province francophone prévoit des "mesures favorisant le rétablissement du caribou forestier au Québec", dont les détails n'ont pas encore été établis, a déclaré Philippe Couillard.

Vivant à plus de 500 km au nord de Montréal, dans les dernières forêts avant la taïga, les 16.000 Cris d'Eeyou Istchee (La terre du peuple) bénéficient d'une large autonomie politique au Québec. Nomades jusqu'aux années 1970, ils ont été sédentarisés de force mais certains, en particulier les tallyman (maîtres trappeurs) et les chamans, continuent à passer leur vie en forêt.

Rédigé par () le Lundi 13 Juillet 2015 à 16:30 | Lu 355 fois