Accord Tahoera’a-Les Républicains : "Nous sommes des hommes de parole" (Flosse)


Gaston Flosse : "Nous voterons pour le candidat qui sera élu par les Républicains. C’est ça l’association. Si Juppé sort vainqueur nous ferons campagne et nous voterons pour lui après. Si c’est autre, il en ira de même".
PAPEETE, 18 octobre 2016 - La dernière intervention de Gaston Flosse en conférence de presse, au siège du Tahoera’a Huiraatira, c’était en mars dernier pour la présentation du projet de statut de Pays associé. Mardi, entouré des cadres de son parti le leader autonomiste a présenté le contenu des promesses que lui a faites Nicolas Sarkozy en contrepartie du soutien localement de sa candidature à la primaire de la droite. Brièvement évoquée également, une convention d’association entre les Républicains et le Tahoera’a Huiraatira "en cours d’élaboration".

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"Cette convention d’association accorde au Tahoera’a Huiraatira la représentation exclusive des Républicains en Polynésie française ainsi que l’investiture des Républicains aux candidats du Tahoera’a Huiraatira aux élections législatives de juin 2017. Une fois prête, cette convention sera signée à Papeete. Ainsi, le plus grand parti de France sera associé au plus grand parti de Polynésie française", clame le communiqué remis mardi à la presse. Reste que pour l’heure tout cela repose sur des fondements pour le moins incertains.

Pour le Tahoera’a, le premier contact avec la réalité se jouera au fond des urnes, lors du premier tour de la primaire en Polynésie française le 19 novembre prochain, à l’inventaire des suffrages "Sarkozy".

Combien de voix pensez-vous amener au Tahoera’a en faveur du candidat Sarkozy à la primaire de la droite ?

Gaston Flosse : C’est difficile à dire. Nous avons vu par exemple une première fiche qui comportait 88 bureaux de vote en Polynésie française, dans pratiquement toutes les communes. Et même, dans certaines communes trois à quatre bureaux. Et puis nous avons vu un autre document où il ne reste plus que 13 bureaux de vote. Par exemple aux Australes, il n’y aurait qu’un bureau de vote à Rurutu. Donc les gens de Tubuai, de Rimatara, de Raivavae et de Rapa comment vont-ils se déplacer pour voter ? De même qu’aux Marquises, de même qu’aux îles Sous-le-vent…

Sur Tahiti, combien pensez-vous peser à ce scrutin ?

Gaston Flosse : Si nous sommes à 88 bureaux de vote et si les choses sont faites régulièrement, je pense que le Tahoera’a Huiraatira pourra apporter près de 20 000 voix.

Avez-vous conscience que les promesses de Nicolas Sarkozy, loin d’être favori à la primaire de la droite, ont une valeur toute relative ?

Gaston Flosse : C’est vrai qu’il est en retard dans les sondages (…). Je pense que les sondages, les chiffres annoncés par la presse, c’est une chose mais la réaction de la population c’est autre chose. (…).

Mais, n’avez-vous pas l’impression d’être en possession de promesses d’un candidat donné perdant dès la primaire et d’une convention que vous avouez être en "cours d'élaboration" avec le parti Les Républicain ? N’avez-vous pas le sentiment de n’être en possession que de promesses, de paroles ?

Gaston Flosse : Oui ce sont des promesses qui sont faites par un homme de parole, par un groupe d’hommes de parole. Nous sommes des hommes de parole. (…) Si le parti politique Les Républicains acceptait de s’associer au Tahoera’a Huiraatira c’est qu’il y a sur ce plan un accord sur nos demandes et sur la politique que nous voulons mener en Polynésie. (…) Et puis ce ne sont pas que des paroles, c’est écrit et c’est signé : Nicolas Sarkozy s’est engagé en signant la lettre. Bien sûr, s’il n’est pas élu, est-ce que ça tient, me direz-vous. Ces engagements sont pris par Sarkozy, c’est vrai, mais également par Les Républicains, c’est le parti.

Comptez-vous vraiment sur ces paroles ?

Gaston Flosse : Oui, je compte vraiment. Il n’est pas seul. Il y a des poids lourds avec lui. Il y a Dominique de Villepin. Il y a François Baroin, Laurent Wauquiez… Non, je crois que l’on a affaire à des gens honnêtes, sincères et qui tiendront leur parole.

Vous y croyez vraiment au candidat Sarkozy ou est-ce un choix par défaut après l’échec avec Alain Juppé ?

Gaston Flosse : Pas du tout, parce que notre choix après le rejet par Juppé était d’attendre le résultat de la primaire. Mais ce n’est pas dans notre état d’esprit, ce n’est pas dans la culture du Tahoera’a Huiraatira. Nous sommes des personnes qui prenons nos responsabilités et qui voulons marquer notre choix. Nous avons foi en notre force et c’est également une élection importante sur le plan local, de savoir qui, du Tahoera’a Huiraatira ou du Tapura Huiraatira, aura eu plus de voix pour ces primaires.

Mais si Nicolas Sarkozy échoue à la primaire le 27 novembre, tout s’effondre.

Gaston Flosse : Nous voterons pour le candidat qui sera élu par les Républicains. C’est ça l’association. Si Juppé sort vainqueur nous ferons campagne et nous voterons pour lui après. Si c’est un autre, il en ira de même.

Quel est le contenu de cette convention de partenariat en cours de rédaction ?

Gaston Flosse : Je ne sais pas. La convention est élaborée à Paris. Elle nous sera transmise le moment venu. On verra à ce moment-là s’il faut y apporter des corrections.

Quel sera l’esprit de cet accord ?

Gaston Flosse : Un accord de confiance mutuelle, de dialogue entre les uns et les autres, de discipline de groupe…

S’agira-t-il d’une investiture des candidats Tahoera’a pour les législatives ?

Gaston Flosse : Pas encore. Nous n’avons pas encore présenté. Mais nous les présenterons. Nous avons obtenu l’accord du parti d’obtenir leur investiture.

Le fait que vous soyez inéligible à la tête d’un parti politique n’a pas gêné l’entourage de Nicolas Sarkozy ?

Gaston Flosse : Non, pas du tout. A aucun moment cette inéligibilité n’a été évoquée.

Etes-vous à l’aise avec le fait d’avoir négocié tout cela à Paris sans en rendre compte à votre parti ?

Gaston Flosse : Oui, il fallait le faire. Nous n’étions pas certains de l’aboutissement. C’est une stratégie. Je n’allais pas claironner partout « Je vais négocier à Paris avec Sarkozy. Voilà ce que je demande ». En cas d’échec, comment aurais-je fait ? Tandis que là je n’ai rien dit. Je reviens et c’est un succès total de notre démarche.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 18 Octobre 2016 à 13:48 | Lu 2690 fois