Cité du Vatican, Saint-Siège | AFP | jeudi 29/06/2017 - L'inculpation jeudi pour abus sexuels du numéro trois du Vatican, le cardinal australien George Pell, a provoqué un nouveau coup de tonnerre au Saint-Siège, régulièrement critiqué pour son manque de sévérité dans ce type d'affaires.
Il y a encore quatre mois, une ancienne victime irlandaise claquait la porte d'une commission d'experts contre la pédophilie, en dénonçant un manque "honteux" de coopération au Vatican, emboîtant le pas à deux autres démissionnaires laïcs.
Désormais c'est l'un des plus proches collaborateurs du pape François qui prend congé du Vatican pour se rendre devant un tribunal australien. L'événement met en évidence une nomination imprudente du pape, devenue une véritable bombe à retardement.
- 'coup dur pour le Pape' -
L'Australien avait en effet été accusé dès 2002 d'abus sexuels pour des faits présumés très anciens. Il avait toutefois été innocenté par la suite et appelé à Rome en 2014 par François pour diriger un chantier d'ampleur inédite de réformes économiques au Vatican.
"C'est un coup dur pour le pape", constate Iacopo Scaramuzzi, vaticaniste de l'agence italienne Aska News.
Le très conservateur Australien est paradoxalement l'une des voix critiques du pape sur des sujets sociétaux. Mais il aurait joué un rôle clef lors du conclave pour faire élire l'Argentin, explique Scaramuzzi.
"Je ne pense pas que ce pape ne fasse rien sur la pédophilie, mais il ne veut pas se focaliser uniquement sur ce dossier. Il veut relancer l'Eglise", note cet observateur.
Dans le cas de Pell, le souverain pontife a décidé de laisser la justice australienne suivre son cours, sans exiger une démission. En attendant, le cardinal sera toutefois interdit d'assister à des événements liturgiques publics. Le mandat au Vatican de Pell se terminant au bout de cinq ans, le prélat australien de 76 ans, en mauvaise santé, pourrait ne jamais revenir à Rome.
En 2015, Mgr Keith O'Brien, ancien archevêque d'Edimbourg, avait renoncé à ses droits de cardinal, car objet de plaintes pour "actes inappropriés".
"Une éventuelle condamnation criminelle du cardinal Pell pour abus sexuels serait sans précédent", souligne Francesco Grana, vaticaniste du quotidien Il Fatto Quotidiano.
Cette semaine, le pape a définitivement réduit à l'état laïc Don Mauro Inzoli, un prêtre italien condamné pour pédophilie et surnommé "don Mercedes" pour son goût du luxe. Mais le Souverain pontife avait essuyé des critiques en se montrant dans un premier temps plus clément.
- Doutes sur la "tolérance zéro" -
Le pape a notamment créé en 2014 la "Commission pontificale pour la protection des mineurs", chargée de faire des propositions sur la prévention.
Mais cette initiative a été entachée par les critiques virulentes, début mars, de l'un de ses membres démissionnaires, l'Irlandaise Marie Collins, âgée de 70 ans et victime à 13 ans d'abus sexuels perpétrés par un prêtre.
Elle s'est plainte de blocages constants au Vatican. Depuis lors, deux membres de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui croule sous les dossiers, auraient été écartés, selon Scaramuzzi.
Sur son blog jeudi, Marie Collins a estimé que le pape n'aurait jamais dû nommer Pell à un haut poste, lui permettant ainsi de "se cacher au Vatican" loin de ses victimes australiennes présumées. Elle a aussi jugé qu'il quittait bien trop tard le Vatican, qui aurait dû le suspendre de ses fonctions le temps de l'enquête.
Le pape, qui prône "une tolérance zéro", a recommandé aux évêques ayant protégé des pédophiles de démissionner.
Mais l'obligation de dénonciation à la justice civile par les hiérarchies ecclésiastiques n'est toujours pas inscrite dans le droit canon. En dehors des cas où la loi du pays l'impose, beaucoup d'épiscopats ne veulent pas en entendre parler.
Or la forte médiatisation d'affaires d'abus sexuels dans de nombreux pays plaide pour une plus grande transparence de l'Eglise.
Le président de la Conférence des évêques de France a ainsi récemment souligné que "rien" ne pouvait dispenser l'Eglise "d'aider la justice" en matière de lutte contre les abus sexuels.
Désormais, les victimes sont également de plus en plus déterminées.
Le cardinal Philippe Barbarin, un proche du pape qui l'a soutenu, est cité à comparaître en septembre à Lyon pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions pédophiles. L'affaire avait été classée, mais elle a été rouverte après un recours de victimes.
cm/mr
Il y a encore quatre mois, une ancienne victime irlandaise claquait la porte d'une commission d'experts contre la pédophilie, en dénonçant un manque "honteux" de coopération au Vatican, emboîtant le pas à deux autres démissionnaires laïcs.
Désormais c'est l'un des plus proches collaborateurs du pape François qui prend congé du Vatican pour se rendre devant un tribunal australien. L'événement met en évidence une nomination imprudente du pape, devenue une véritable bombe à retardement.
- 'coup dur pour le Pape' -
L'Australien avait en effet été accusé dès 2002 d'abus sexuels pour des faits présumés très anciens. Il avait toutefois été innocenté par la suite et appelé à Rome en 2014 par François pour diriger un chantier d'ampleur inédite de réformes économiques au Vatican.
"C'est un coup dur pour le pape", constate Iacopo Scaramuzzi, vaticaniste de l'agence italienne Aska News.
Le très conservateur Australien est paradoxalement l'une des voix critiques du pape sur des sujets sociétaux. Mais il aurait joué un rôle clef lors du conclave pour faire élire l'Argentin, explique Scaramuzzi.
"Je ne pense pas que ce pape ne fasse rien sur la pédophilie, mais il ne veut pas se focaliser uniquement sur ce dossier. Il veut relancer l'Eglise", note cet observateur.
Dans le cas de Pell, le souverain pontife a décidé de laisser la justice australienne suivre son cours, sans exiger une démission. En attendant, le cardinal sera toutefois interdit d'assister à des événements liturgiques publics. Le mandat au Vatican de Pell se terminant au bout de cinq ans, le prélat australien de 76 ans, en mauvaise santé, pourrait ne jamais revenir à Rome.
En 2015, Mgr Keith O'Brien, ancien archevêque d'Edimbourg, avait renoncé à ses droits de cardinal, car objet de plaintes pour "actes inappropriés".
"Une éventuelle condamnation criminelle du cardinal Pell pour abus sexuels serait sans précédent", souligne Francesco Grana, vaticaniste du quotidien Il Fatto Quotidiano.
Cette semaine, le pape a définitivement réduit à l'état laïc Don Mauro Inzoli, un prêtre italien condamné pour pédophilie et surnommé "don Mercedes" pour son goût du luxe. Mais le Souverain pontife avait essuyé des critiques en se montrant dans un premier temps plus clément.
- Doutes sur la "tolérance zéro" -
Le pape a notamment créé en 2014 la "Commission pontificale pour la protection des mineurs", chargée de faire des propositions sur la prévention.
Mais cette initiative a été entachée par les critiques virulentes, début mars, de l'un de ses membres démissionnaires, l'Irlandaise Marie Collins, âgée de 70 ans et victime à 13 ans d'abus sexuels perpétrés par un prêtre.
Elle s'est plainte de blocages constants au Vatican. Depuis lors, deux membres de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui croule sous les dossiers, auraient été écartés, selon Scaramuzzi.
Sur son blog jeudi, Marie Collins a estimé que le pape n'aurait jamais dû nommer Pell à un haut poste, lui permettant ainsi de "se cacher au Vatican" loin de ses victimes australiennes présumées. Elle a aussi jugé qu'il quittait bien trop tard le Vatican, qui aurait dû le suspendre de ses fonctions le temps de l'enquête.
Le pape, qui prône "une tolérance zéro", a recommandé aux évêques ayant protégé des pédophiles de démissionner.
Mais l'obligation de dénonciation à la justice civile par les hiérarchies ecclésiastiques n'est toujours pas inscrite dans le droit canon. En dehors des cas où la loi du pays l'impose, beaucoup d'épiscopats ne veulent pas en entendre parler.
Or la forte médiatisation d'affaires d'abus sexuels dans de nombreux pays plaide pour une plus grande transparence de l'Eglise.
Le président de la Conférence des évêques de France a ainsi récemment souligné que "rien" ne pouvait dispenser l'Eglise "d'aider la justice" en matière de lutte contre les abus sexuels.
Désormais, les victimes sont également de plus en plus déterminées.
Le cardinal Philippe Barbarin, un proche du pape qui l'a soutenu, est cité à comparaître en septembre à Lyon pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions pédophiles. L'affaire avait été classée, mais elle a été rouverte après un recours de victimes.
cm/mr