"APIdays 2012": faire la fête avec les abeilles dans une soixantaine de villes


PARIS, 20 juin 2012 (AFP) - Fêter les abeilles en se réjouissant de l'annonce par le gouvernement de l'interdiction de vente d'un dangereux pesticide: dans quelque 60 villes françaises, les apiculteurs donnent rendez-vous aux citadins les 22 et 23 juin pour la 3e édition des "APIdays".

"Cette année on a l'occasion de se réjouir et faire la fête autour d'une bonne décision pour l'abeille, alors que l'année dernière la mise sur le marché du Cruiser pour le colza nous était tombée sur la tête juste avant les APIdays", a souligné Olivier Belval, président de l'Union nationale des apiculteurs de France (Unaf).

Début juin, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, à peine entré en fonction, a annoncé son intention d'interdire la vente du pesticide Cruiser OSR du groupe suisse Syngenta. L'Anses, l'agence sanitaire pour l'alimentation et l'environnement, venait de relever l'impact nocif de l'une des molécules actives de ce pesticide, le thiaméthoxame, sur le comportement des abeilles ayant absorbé du nectar contaminé et qui pouvaient avoir du mal à retrouver leur ruche.

La France reste le premier consommateur de pesticides en Europe, avec 80.000 tonnes de matières actives et 170.000 T d'adjuvants, soit 4 kg de pesticides par habitants par an, a rappelé l'Unaf.

Comme lors des deux précédentes éditions, "le principal message" des journées APIdays 2012 est que "si nos abeilles se portent mieux en ville, c'est à cause de l'état de dégradation des campagnes agricoles", a insisté M. Belval.

Installées sur les toits, terrasses, espaces verts et jardins publics en milieu urbain, les colonies d'abeilles y vivent mieux en raison de l'absence de traitements lourds aux pesticides et d'une température légèrement supérieure à celle des campagnes. De plus, les végétations et plantes des villes offrent un enchaînement de floraisons souvent plus régulier, permettant un butinage plus long et une plus grande diversité de fleurs, selon l'Unaf.


Zéro pesticide

Actuellement "la moyenne de la production de nos ruches en ville est, avec environ 18 kg par ruche, au-dessus de la moyenne de production nationale", selon M. Belval.

Dans les campagnes, depuis 1995, on assiste à la disparition progressive des colonies, avec pour conséquence une chute de la production nationale de miel de 30% et des volumes d'importation multipliés par trois. Le marché intérieur consomme environ 40.000 T par an et la France en produit moins de 20.000.

Les journées "APIdays" sont organisées par l'Unaf, associée aux collectivités locales et entreprises partenaires et engagée depuis 2005 dans le programme "Abeille sentinelle de l'environnement".

Certaines communes ont compris les enjeux depuis longtemps. Ainsi Besançon a lancé dès 1999 le "zéro pesticide" dans ses espaces verts, qui recouvrent plus de 2.400 hectares sur les 6.500 de la commune. Depuis 10 ans, la ville est passée aux méthodes alternatives de désherbage par des paillages, voire des chèvres.

Dans les villes participantes (www.abeillesentinelle.net) les citadins pourront récolter du miel, le déguster, faire des bougies et parfaire leurs connaissances.

Un millier d'espèces vivent en France, mais une seule est domestique, l'Apis mélifera. L'abeille, indispensable à la pollinisation de 80% des fleurs, transporte environ 500.000 grains de pollens sur une seule de ses pattes.

Par Gabrielle GRENZ

Rédigé par AFP le Mercredi 20 Juin 2012 à 06:21 | Lu 424 fois