A$AP Rocky bientôt jugé en Suède, Trump se fâche et demande sa libération


Washington, Etats-Unis | AFP | jeudi 25/07/2019 - Donald Trump a fait part de sa "déception" jeudi envers la Suède, où sera jugé pour violences le rappeur new-yorkais A$AP Rocky, accusant le pays scandinave de "laisser tomber" les Noirs américains et appelant à la libération de l'artiste de Harlem.

Dans un style fort peu orthodoxe, le président américain a écrit deux tweets siglés du hashtag #FreeRocky, utilisé sur internet par la communauté hip-hop et les fans du rappeur.
"Rendez sa liberté à A$AP Rocky. Nous faisons tellement pour la Suède mais il ne semble pas que ce soit réciproque", a-t-il dénoncé.
"Très déçu par le Premier ministre suédois Stefan Löfven, qui n'a pas pu agir. La Suède a laissé tomber notre communauté noire américaine. J'ai regardé les vidéos d'A$AP Rocky, il était suivi et harcelé par des fauteurs de troubles", a-t-il également écrit dans un tweet faisant référence aux vidéos de l'agression survenue le 30 juin à Stockholm.
Le milliardaire américain reprend ainsi l'argument du rappeur new-yorkais qui plaide la légitime défense.
A$AP Rocky, 30 ans, de son vrai nom Rakim Mayers, a été placé en garde à vue le 3 juillet à l'issue d'un concert, en compagnie de trois autres personnes, après une bagarre, le 30 juin, dans les rues de la capitale suédoise.
Sur une vidéo amateur d'abord diffusée par TMZ, l'artiste, en visite dans la capitale suédoise pour un concert dans le cadre de sa tournée européenne, met au sol un jeune homme puis lui assène des coups.
Dans d'autres vidéos postées sur le compte Instagram du rappeur, A$AP Rocky demande à plusieurs reprises à deux jeunes hommes de cesser de le suivre. 
Le président américain a passé un cap en exigeant sèchement la libération de l'artiste, après avoir affirmé le week-end dernier qu'il était prêt à se porter "personnellement" garant du rappeur et qu'il l'avait fait savoir au Premier ministre suédois.
"Le Premier ministre a tenu à souligner que la justice suédoise, le parquet et les tribunaux sont totalement indépendants", avait répondu un porte-parole de Stefan Löfven.
  - "Risque de fuite" -  
Le procureur chargé de l'instruction de l'affaire a décidé jeudi que le rappeur de Harlem et deux membres de son entourage seraient jugés la semaine prochaine pour violences par un tribunal suédois.
"C'était attendu mais il est extrêmement déçu", a déclaré son avocat, Slobodan Jovicic, au cours d'une conférence de presse. "Il se dit innocent", a-t-il souligné.
Trois jours d'audience sont prévus au tribunal de Stockholm, le 30 juillet et les 1er et 2 août.
Le 5 juillet, un tribunal a ordonné son incarcération ainsi que celle de deux de ses proches, au motif qu'il existait "un risque de fuite" à l'étranger.
Depuis son arrestation, amis et fans de l'artiste réclament sa libération et dénoncent un "acharnement" de la justice suédoise.
A$AP Rocky, qui encourt jusqu'à deux ans de prison assortis d'une amende, reçoit "beaucoup de courrier" à la maison d'arrêt où il est détenu, selon son conseil.
Sa défense soutient qu'il n'a fait que réagir en situation de légitime défense aux provocations d'un petit groupe de personnes qui le harcelaient et le suivaient, lui et son entourage.
  - Caractère "racial" -  
Le procureur, Daniel Suneson, précise dans son ordonnance de renvoi avoir "eu accès à des pièces matérielles bien plus nombreuses que celles qui sont disponibles sur internet. Outre les vidéos, l'audition de témoins soutient les dépositions du plaignant", assure-t-il.
Dans son ordonnance de renvoi dont l'AFP a obtenu copie, le magistrat estime posséder des éléments attestant que des coups ont été portés à la victime avec une bouteille en verre.
Des photos de la victime prises par les enquêteurs le 30 juin et diffusées jeudi par la presse suédoise révèlent de profondes plaies sur plusieurs parties du corps, manifestement occasionnées par un objet coupant.
Un des deux plaignants - il n'en reste plus qu'un dans la procédure pénale - a également frappé un membre de l'entourage du rappeur et une enquête parallèle a été ouverte à son encontre mais le parquet a abandonné les poursuites, affirmant qu'il n'avait fait que répondre à l'agression dont il était victime.
Un ancien ambassadeur américain à Stockholm, Mark Brzezinski, a fait savoir qu'il avait contacté le ministère suédois des Affaires étrangères et la maison royale, en dénonçant une "injustice à caractère racial".
Le gouvernement du royaume scandinave lui a opposé que la justice était totalement indépendante de l'exécutif. 
Basé à Washington, le réseau World Justice Project classe la Suède en 4e position sur 126 pays au titre du respect de l'Etat de droit, des droits fondamentaux, du bon fonctionnement du gouvernement et de la justice, loin devant les Etats-Unis, en 20e place.

le Vendredi 26 Juillet 2019 à 04:27 | Lu 386 fois