'A ti'a no te aru face aux géants immobiliers


Après seulement un mois d'existence, l'association 'A ti'a no te aru a été reçu à la vice-présidence. Le nouveau gouvernement, se disant sensible à ces enjeux, pourrait bien être un allié de taille à l'avenir.
Tahiti, le 23 août - L'association 'A ti'a no te aru, créée depuis le 1er juillet dernier, fait une entrée remarquée dans les discussions sociétales de cet hiver polynésien. Et pour cause, si le collectif condamne avant tout le non-respect des zones forestières protégées, il se positionne aussi et surtout contre les abus des promoteurs immobiliers. Sur les réseaux, le sujet passionne.
 
Le mécontentement grandissant de la population vis-à-vis des projets immobiliers n'est plus à prouver. Après Temae à Moorea, la pointe des pêcheurs à Puna'auia, et le Tahara'a à Arue, c'est au tour des habitants des hauteurs de la Mission de se faire entendre. Créée depuis le 1er juillet dernier, l'association 'A ti'a no te aru fustige à son tour les abus des projets immobiliers de la zone, et condamne fermement le non-respect des zones naturelles, supposées être protégées par le Plan général d'aménagement (PGA) de la commune de Papeete.
 
“En 2020, j'étais seul à dénoncer ce projet immobilier [Résidence Aloma – Imagine Promotion, NDLR] sur les hauteurs de la Mission”, explique Terava Teihotaata, président de l'association 'A ti'a no te aru. “J'ai posté une vidéo sur les réseaux sociaux car je voulais être entendu. Je voulais que le monde voie ce qu’il se passe, car ce genre de projet n'est pas tolérable. Et avec les retours que j'ai eus ça m'a motivé à créer cette association.” Alerté à l'époque par une connaissance à l'Équipement, l'intéressé s'est très rapidement tourné vers les autorités compétentes pour demander des explications. La surprise fut grande : “À l'origine du projet, le haut-commissaire lui-même avait donné un avis défavorable. Idem pour la Direction de l'environnement. C'est la mairie de Papeete qui a permis le lancement de ce projet”, explique le président de l'association. Pourtant, la zone est classée au PGA en tant que zone naturelle de type NB, ce qui signifie qu'elle ne devrait accepter que des projets d'habitations individuelles diffuses. Une entorse à la règlementation qu'il faut à tout prix souligner et rendre public selon Terava Teihotaata : “Accepter aujourd'hui ce genre de projets, ces méthodes, c'est laisser la porte ouverte à d'autres excès. Il en est hors de question !”   
 
Aujourd'hui, l'association 'A ti'a no te aru bénéficie d'une notoriété précoce, notamment grâce aux réseaux sociaux, qu'elle compte bien mettre à profit : “La vidéo sur la résidence Aloma a fait environ 180 000 vues, 6 000 likes, etc. Et nous recevons énormément de messages de soutien. Cela nous réconforte dans l'idée que nous ne sommes pas les seuls à nous préoccuper de l'environnement, de cette nature qui est la nôtre.” Car il s'agit bien de cela avant tout, insiste l'association : “Notre combat ne se base pas que sur ce projet de Résidence Aloma, mais vraiment sur toutes les îles. C'est l'avenir de nos îles qui nous inquiète.” Et pour cause : la documentation sur la faune et la flore locale est pauvre. Ce qui implique que dans les différentes études d'impact réalisées sur le territoire, l'argument ne pèse jamais bien lourd. Laissant ainsi libre cours à la démesure et à la culture du bitume.

Rédigé par Wendy Cowan le Mercredi 23 Aout 2023 à 16:48 | Lu 3060 fois