À quelques mois des territoriales, le très politique Congrès des communes


Tahiti, le 12 septembre 2022 – Le 31e Congrès des communes s'est ouvert lundi matin à Paea. Dernier congrès avant les élections territoriales, la réunion des tāvana revêt cette année un caractère particulièrement politique. Parmi les travaux qui se dérouleront jusqu'à jeudi, il sera notamment question du partage de certaines compétences entre le Pays et les communes, notamment en matière de social.
 
Le 31e Congrès des communes s'est ouvert lundi matin, à la salle Manu Iti de Paea. Dernier congrès avant les élections territoriales, il s'agit donc d'un rendez-vous éminemment politique. “Chaque occasion de se regrouper, comme ce congrès, est l'occasion d'échanger sur le plan politique et de voir comment rebondir par rapport aux échéances territoriales qui s'annoncent”, indique le maire de Paea Antony Géros, dont le Tavini est sorti grand gagnant des dernières législatives. Durant les quatre jours de congrès, l'échéance des territoriales devrait donc alimenter les conversations entre les tāvana. “Très certainement, ce serait nier l'évidence”, confirme le maire de Punaauia, Simplicio Lissant. “C'est un avis personnel, mais j'ai l'impression que la situation difficile avec les résultats que nous avons connus avec les législatives questionnent énormément les tāvana que nous sommes. Ce virage, que sont les élections de 2023, va être important. Et d'ailleurs, parmi les maires, tout le monde en parle un peu mais tout le monde est conscient de la responsabilité des uns et des autres qu'il va falloir prendre pour cette échéance.”
 
De son côté, le président du Pays, Édouard Fritch, se défend de toute instrumentalisation politique et indique ne faire aucune différence entre les communes, quelle que soit leur couleur. “Effectivement, ça peut être une réunion importante sur le plan politique, mais je me garde bien d'instrumentaliser les maires”, réagit le président du Pays. “Vous risquez de me dire 'en aidant les communes, vous les achetez'. Non. Je suis maire, je sais bien la difficulté que connaissent nos communes, qui sont les premiers et les derniers recours de nos populations. Elles ne vont pas chercher les représentants à l'assemblée ou un ministre, elles vont auprès des maires. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé depuis 2015 de ne pas faire de différence entre les maires. J'aide Oscar Temaru, Antony Géros, j'aide les communes de l'opposition comme j'aide les autres. Il n'y a aucune commune qui est mise de côté.”
 
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Partage de compétences

Le congrès a pour thème cette année “Entre continuité et nouveaux défis, une mandature aux enjeux multiples”. Des enjeux qui sont notamment liés à la crise Covid que nous venons de traverser. “Certaines familles ont tout perdu”, explique le président du Syndicat pour la promotion des communes de la Polynésie française (SPCPF), Cyril Tetuanui. “On a réussi, par l'intermédiaire de chaque commune, à les aider avec les moyens qu'on avait à l'époque mais on n'en avait pas le droit. Le défi, c'est qu'on puisse sécuriser nos actions, surtout dans le social. C'est cette expérience-là qu'on veut transporter dans l'avenir, si jamais on traverse à nouveau une crise économique ou sociale, on sera prêt.”
 
Deux projets de loi vont donc prochainement être présentés à l'assemblée de la Polynésie française afin de permettre un partage de compétences, jusque-là assurées par le Pays mais tout de même exercées par les communes, avec ces dernières, comme l'explique le président du Pays, Édouard Fritch : “Ce sont des compétences, comme le social ou la jeunesse, qui étaient déjà exercées mais qui sont aujourd'hui formellement interdites. Donc je souhaite régulariser ce genre de situation afin que ces maires ne soient pas exposés. Et je pense aux jeunes qui en ont besoin, au-delà de l'aide qu'apporte le Pays.” Une décision qui satisfait pleinement les maires. “Les tāvana sont prêts à assumer des responsabilités, avec les moyens que le Pays voudra bien nous donner pour exercer ces compétences partagées. Ça va dans le bon sens, à mon avis”, indique le maire de Punaauia, Simplicio Lissant.
 
Les tāvana, qui estiment globalement être entendus par le Pays, souhaitent aujourd'hui que les collectivités soient consultées avant toute réforme afin de tenir compte des spécificités locales. Cela a justement été le cas lors de la préparation de ces deux projets de lois concernant le partage de compétences entre le Pays et les communes. Dans leurs discours d'ouverture du congrès, le maire de Paea et le président du SPCPF ont d'ailleurs tous les deux insisté sur le “besoin d'unité” des communes entres elles d'une part afin “de défendre tous ensemble nos projets face au Pays et à l'État”, mais aussi entre les communes, le Pays et l'État afin d'“apporter une réponse de résilience à notre population”.
 
Le Congrès des communes va se poursuivre jusqu'à jeudi. Au programme, les spécificités des communes polynésiennes et les enjeux d'un cadre juridique, vulnérabilité et résilience des communes polynésiennes face à une crise économique et sociale et ses conséquences, ou encore les ressources et potentiels au service de la modernisation et du développement durable dans un contexte de crise. Une délégation de Nouvelle-Calédonie est également présente pour obtenir un retour d'expériences de la part des communes polynésiennes, car, comme l'explique le président du SPCPF, “les communes de Calédonie connaissent actuellement la situation financière qu'ont connue les communes de Polynésie en 2008”.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Lundi 12 Septembre 2022 à 20:11 | Lu 1561 fois