À quand de l’eau potable dans tout le Fenua ?


les acteurs des PTOM présents lors de l'atelier du 11 et 12 mars au Hilton de Faa'a. crédit : Angèle Armando
Tahiti, le 12 mars 2024 - Les 11 et 12 mars s'est tenu l'atelier régional sur l'alimentation en eau potable et les risques sanitaires, coorganisé par la Communauté du Pacifique et le gouvernement de la Polynésie française au Hilton de Faa’a. Dans la continuité du projet Protege, les différents acteurs de Wallis-et-Futuna, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française se sont réunis pour faire le point sur la gestion de l'eau potable dans leurs trois territoires.
 
Il faut communiquer et sensibiliser.” “Et les financements alors ?” “Le problème de l'eau sera toujours le problème de l'eau, aujourd’hui et demain.” Dans une salle de séminaire de l'hôtel Hilton de Faa’a, ce mardi 12 mars, les différents acteurs des territoires de Wallis-et-Futuna, de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française se sont réunis autour de la question de l'eau, une denrée inestimable dans les pays et territoires d'outre-mer (PTOM) européens du Pacifique.
 
Alors que le Projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes (Protege) arrive à son terme (2018-2024), “on a mis en place cet atelier pour renforcer la prise en compte des risques sanitaires dans la gestion du service d'eau potable”, révélait Benjamin Roger, coordinateur “eau” du projet Protege. Ce projet visait entre autres “à soutenir les politiques publiques des territoires français de la région à mettre en œuvre des actions dans le domaine de l'eau”.
 
C’est donc une délégation de ces trois PTOM du Pacifique composée de membres des différents gouvernements, de maires, d’élus mais aussi d’ingénieurs et agents de services de l'environnement qui se sont rencontrés ce mardi à Faa’a pour faire l'état des lieux de la situation de la distribution d'eau potable dans leur territoire respectif.
 
Focus sur la Polynésie
 
Et il semblerait qu'il reste du pain sur la planche en Polynésie française. Si Tahiti affiche une bonne qualité d'eau potable dans les zones “urbaines” ou que Bora Bora est considérée comme une “vitrine” dans la question de la gestion de l'eau, nombreuses sont les communes de la Polynésie française à éprouver des difficultés pour distribuer de l'eau potable à leur population. Un des objectifs de cet atelier était donc de répondre aux difficultés éprouvées par ces communes, notamment en présentant l'outil “PSSE” (plan de sécurité sanitaire des eaux).
 
Un outil qui permet d'établir un état des lieux du réseau, d'identifier toutes les problématiques sanitaires qui peuvent se poser sur le réseau (sur la ressource, le réservoir, le traitement et la distribution) afin d'identifier les risques et voir comment les réduire, mais aussi d'anticiper des situations plus graves sur le long terme comme des sécheresses ou des pénuries d'eau”, ajoutait Benjamin Roger. Sur les 48 communes qui composent la Polynésie française, seules dix sont équipées de cet outil promu par l'Organisation mondiale pour la santé, dont six financées dans le cadre du projet Protege (Paea, Mahina, Tumaraa, Hao, Tubuai et Rimatara).
 
Ce dispositif PSSE permet pourtant de faire du cas par cas, c’est-à-dire traiter le problème de la distribution d'eau potable dans un endroit défini avec des problématiques spécifiques. Comme c'était le cas dans la commune de Hao, expliquait son tāvana, Yseult Butcher. “À Hao, le système d'alimentation en eau potable est basé sur la récupération des eaux de pluie, qui tombent sur une toiture et qui s'écoulent ensuite dans une grande cuve.” Problème, la toiture en question était occupée par des volatiles, provoquant parfois la dégradation de cette eau à cause de leurs déjections. Grâce au PSSE, des travaux ont pu mettre en place un dispositif anti-oiseaux pour éviter ce genre de désagréments.
 
Des problématiques variées
 
Comme à Hao, les problématiques liées à l'eau potable et à sa distribution ne manquent pourtant pas dans le Pacifique. Qu'elles soient de causes naturelles ou anthropiques, il faudrait du temps pour toutes les lister. Une des plus grandes dans le territoire du Pacifique reste quand même la temporalité de l'eau, avec des cycles saisonniers particulièrement capricieux, témoignait Benjamin Roger. “On n’a pas forcément de l'eau en continu toute l'année, la période sèche est particulièrement marquée dans les trois territoires. On a donc une pluviométrie qui se concentre essentiellement sur cette période-là et qui est bien moindre le reste de l'année.”
 
Une autre grande problématique est celle des bassins versants dégradés, qui empêchent l'eau de s'infiltrer correctement dans le sol et provoquent donc des ruissèlements d'eau à la surface. Cette eau va se charger de terre et “d'éléments fins” qui lui donneront son aspect turbide, aussi qualifié de “chocolat”.
 
Le manque d'eau provoque parfois la surconsommation de la ressource, ce qui impacte les réseaux de distribution selon Benjamin Roger. “Faire fonctionner un réseau d'eau potable quand on n’a pas une consommation qui est raisonnable, c’est extrêmement compliqué. Il faut mettre des produits de désinfection pour rendre l'eau potable. Et quand on a une surconsommation d'eau, on a aussi une surconsommation de ces produits. Sauf que les mairies ne sont pas organisées pour assurer les quantités de produits suffisantes au regard des consommations qu'elles ont. On arrive à des situations où les mairies ont du mal à rendre potable l'eau.”
 

Le projet Protege

Le projet Protège s'intéresse aux thématiques de l'eau, de l'agriculture, de la pêche et des espèces envahissantes. Crédit : Tom Larcher
Protege est une initiative de la Communauté du Pacifique (CPS) et du Programme régional océanien de l’environnement (Proe) qui vise à “promouvoir un développement économique, durable et résilient face au changement climatique au sein des pays et territoires d’outre-mer européens du Pacifique (PTOM), en s’appuyant sur la biodiversité et les ressources naturelles renouvelables”. Financé par l’enveloppe régionale du 11e Fonds européen de développement (FED), le projet intervient en soutien des politiques publiques des quatre PTOM du Pacifique : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et les îles Pitcairn. Pendant toute la durée du projet, de 2018 à 2024, les différents acteurs des territoires concernés ont cherché des solutions aux problématiques des thèmes suivants : l’agriculture, la pêche, l’eau et les espèces envahissantes.

Rédigé par Tom Larcher le Mardi 12 Mars 2024 à 17:18 | Lu 2019 fois