A peine élue, la présidente du Conseil des retraites démissionne


PAPEETE, 29 mai 2019 - La présidente et le vice-président -fraîchement élus- du Conseil d’orientation et de suivi des retraites (COSR) ont démissionné lors de la première réunion de travail, mardi soir, sur fond de lutte de pouvoir entre les membres du conseil. L'instance créée par la dernière réforme des retraites doit se réunir vendredi matin pour élire son nouveau bureau.
 
Manuia Maiti et Régis Chang, respectivement présidente et vice-président du tout nouveau COSR ont déposé leur démission, mardi 28 mai, lors de la première réunion de travail de cette instance consultative créée par la récente réforme des retraites et chargée de "surveiller l'évolution des régimes de retraites et de formuler des propositions pour assurer leur solidité financière et leur fonctionnement solidaire".

Tous deux étaient élus depuis l’assemblée constitutive du 16 mai dernier. A l'époque, le quorum avait été à peine réuni. Seuls 9 membres sur 13 étaient présents ou représentés, avec une prééminence des organisations syndicales de salariés malgré l’absence de la CSTP/FO et de A Ti'a i Mua. La candidature de Manuia Maiti à la présidence du COSR avait alors été proposée par Cyril Le Gayic (CSIP), pour contrer un accord entre les organisations patronales et les représentants de A Ti'a i Mua et la CSTP-FO. Accord qui prévoyait de confier la présidence de la CPS à un syndicaliste et celle du COSR à un patron.

"Je ne m’attendais pas du tout à avoir le poste de présidente du COSR, expliquait Manuia Maiti, autoentrepreuse de 34 ans, à l’issue de cette réunion. Ce sont les syndicats qui ont proposé ma candidature. J’étais étonnée."

Un "prétexte"

Cette élection du 16 mai dérangeait du côté des représentants des patrons au COSR : "Ce qui est gênant, c’est d’avoir mis à ce poste quelqu’un qui ne connait rien au Schmilblick, outre le fait qu’elle soit jeune et qu’elle n’ait aucune expérience dans la conduite d’une réunion", détaille l'un d'eux sous couvert d'anonymat.

Mardi c’est Dimitri Pitoeff, de A Ti’a i Mua, qui a levé le lièvre, un vice de forme, justifiant la démission du bureau du COSR. En effet, les 13 membres de l’instance consultative ont été officiellement nommés depuis le 16 mai et la publication au JOPF d'un arrêté du gouvernement. Or, ils ont été convoqués à l’assemblée constitutive du COSR par un courrier du ministère de la Santé daté du 13 mai, soit trois jours avant que l’arrêté de désignation ne paraisse au Journal officiel. En somme, ils ont été convoqués avant d’être officiellement nommés. Cet anachronisme pose un problème d’insécurité juridique sur les travaux de l’instance consultative, selon le représentant d’A Ti’a I Mua. Et c’est sur cette base qu’il a pu convaincre Manuia Maiti de déposer sa démission.

Un vice de forme que beaucoup qualifient de "prétexte", pour donner la possibilité aux organisations patronales de reprendre l’initiative sur les débats du COSR.

S'il était prévu lors de la première réunion du COSR le 16 mai dernier que l'ancien directeur de la CPS et représentant du Medef, Régis Chang, prenne la présidence du COSR, rien n'est moins sûr aujourd'hui. Ce dernier a annoncé mardi qu’il ne présenterait sa candidature que si elle était soutenue à l’unanimité. Une situation peu vraisemblable, dans les circonstances actuelles.

En tout état de cause, les organisations patronales devraient soutenir la candidature à la présidence du COSR d'un représentant siégeant déjà au conseil d’administration de la CPS. Il pourrait s’agir de Vaea Tracqui, de Gilles Yau ou de Jean-François Benhamza.

Saisi dans le cadre d'une procédure d'urgence, le Conseil d’orientation et de suivi des retraites a prévu de se réunir ce vendredi à l'Arass pour procéder à l’élection de son nouveau bureau. L’instance consultative doit rendre un avis avant le 4 juin sur divers ajustements paramétriques qui restent encore à fixer avant l’entrée en vigueur de la réforme des retraites, le 1er juillet prochain.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 29 Mai 2019 à 14:45 | Lu 4957 fois