À la découverte des oiseaux polynésiens


Caroline Blanvillain travaille depuis vingt ans en Polynésie. Elle a mis à profit son expérience de terrain et ses observations pour rédiger le guide des oiseaux de Polynésie.
TAHITI, le 20 décembre 2022 - Caroline Blanvillain, docteure vétérinaire, travaille au sein de la Société d’ornithologie de Polynésie. Elle signe le Guide des oiseaux de Polynésie française paru aux éditions Haere Pō. Cet ouvrage est le fruit de vingt années de travail. Il est un livre de vulgarisation et d’espoir qui présente des clés de compréhension d’un milieu mal connu.

Cela fait 20 ans que je suis dessus”, explique Caroline Blanvillain à propos de son Guide des oiseaux de Polynésie française paru aux éditions Haere Pō. “J’ai mis à profit vingt années d’expérience sur le terrain, décrit des choses surprenantes, livré des résultats originaux que je n’ai pas encore publiés.” Docteure vétérinaire, elle travaille en Polynésie au sein de la Sop Manu, la Société d’ornithologie de Polynésie. Elle a été sélectionnée en 2019 et 2023 pour le prix Indianapolis, un prix international qui récompense celles et ceux qui consacrent leur vie aux espèces menacées.

Avec cet ouvrage, l’auteure veut “remettre les oiseaux dans le cœur des Polynésiens”. En effet, elle a constaté que nombre d’oiseaux endémiques sont finalement peu ou mal connus, qu’ils ont été oubliés. “Certaines personnes s’imaginent désormais que les oiseaux introduits sont des oiseaux endémiques, il y a eu un glissement.” Elle veut redonner toute sa place aux ptilotes, aux salanganes, aux martins-chasseurs ou bien encore aux rousserolles.

L’ouvrage, qui est un guide naturaliste, se découpe en plusieurs parties. Il traite des oiseaux terrestres endémiques de Polynésie, des oiseaux terrestres à large répartition, des oiseaux introduits, des oiseaux de mer nichant en Polynésie. Chaque espèce a sa fiche illustrée de photographies avec : l’aspect, la voix, la distribution, l’habitat et le comportement, l’alimentation, la reproduction, la longévité mais aussi sa place dans la culture polynésienne.

En annexe se trouvent des données sur les habitats de l’avifaune polynésienne décrits par Jean-François Butaud, consultant en foresterie et botanique, un texte sur les oiseaux disparus, un lexique et bien sûr une riche bibliographie pour celles et ceux qui auraient l’envie d’aller plus loin.


Alopecoenas erythropterus mâle ou Gallicolombe érythroptère. Cet oiseau vit aux Tuamotu. Crédit : Caroline Blainvillain.
Un livre porteur d’espoir

Caroline Blanvillain connaît bien la Polynésie et ses problématiques. Elle a un rêve. Celui d’avoir, un jour, une île par archipel qui soit un refuge pour les oiseaux terrestres. “Cet eden pourrait être utilisé à des fins pédagogiques et touristiques”. En attendant, elle estime qu’elle ne peut pas donner des conseils de préservation sans offrir d’indispensables clés de compréhension. Même si “la situation est grave dans bien des cas”, cela n’est pas une raison pour “ne rien faire et se laisser aller”, les oiseaux sont “précieux”.

Pour elle, les livres sont comme des sortes de petits soldats qui participent à la lutte pour sauver les oiseaux, leur milieu et donc, indirectement la planète. Son ouvrage est “porteur d’espoir”. Il permet de déterminer ce qui est important et ce qu’il faut faire pour le préserver. Il montre également qu’avec peu de moyens, il est possible de changer les choses. “Mon histoire le prouve”. Avec peu de monde, parfois deux ou trois personnes seulement, “on peut changer le destin de certaines espèces qui semblaient condamnées. Rien n’est fixé, tout peut arriver !


Caroline Blanvillain travaille en équipe sur le terrain. Ici à Fatu Hiva où une bataille est en cours pour sauvegarder le monarque victime d’une maladie. Il ne reste que cinq couples vivants en liberté, le chiffre est critique.
Travaux en cours

Caroline Blanvillain n’a pas abandonné des travaux sur le terrain pour autant. Elle reste occupée par différents projets au long cours. À Tahiti “on est toujours empêtré dans la petite fourmi de feu”, regrette-t-elle. Le monarque se porte bien, 136 individus ont été recensés et le chiffre est en augmentation ces dernières années. Mais une alerte à la fourmi de feu a été sonnée au niveau de Te Maruata. L’année dernière un épandage a été réalisé sur 50 hectares, “il faut maintenant attendre trois ans pour voir si cela va porter ses fruits”.

Ailleurs, à Fatu Hiva, l’urgence concerne le monarque. Cet oiseau, –il ne reste que cinq couples–, est victime du paludisme aviaire. Des solutions à long terme pourraient être mises en œuvre si les financements se confirment, mais en attendant les équipes se tournent vers l’élevage pour que l’espèce ne s’éteigne pas.


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 20 Décembre 2022 à 21:08 | Lu 1887 fois