A Washington, la planète économique face au scepticisme américain sur le climat


Washington, Etats-Unis | AFP | samedi 22/04/2017 - Le scepticisme de l'administration Trump sur le climat a jeté un froid cette semaine sur la grand-messe de l'économie mondiale de Washington, inquiète du sort de l'accord de Paris de 2015 et d'un possible retrait américain.

Ces dernières années, les assemblées du FMI et de la Banque mondiale qui s'accompagnent systématiquement d'une réunion des pays du G20-Finances résonnaient d'appels à la mobilisation financière contre le réchauffement climatique.
Mais le grand raout qui s'achève samedi dans la capitale américaine a confirmé le changement impulsé par l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis: le climat n'est plus un sujet consensuel.
A la mi-mars à Baden Baden (Allemagne), les Etats-Unis avaient déjà obtenu le retrait de toute mention du réchauffement climatique dans le communiqué final du G20-Finances. 
Et vendredi, la conférence de presse de clôture de la nouvelle réunion des ministres des Finances des principales économies mondiales n'a quasiment pas fait mention de ce thème cher à la précédente administration Obama.
Désormais, la Maison Blanche doute de la réalité du changement climatique et n'exclut pas de se retirer de l'accord de Paris de 2015, négocié de haute lutte pour obtenir une réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L'hypothèse d'un retrait de la première puissance mondiale --et du deuxième pollueur du globe après la Chine-- était samedi au coeur d'une manifestation pro-environnement et pour la défense de la science, à Washington donnant quelques sueurs aux ministres et responsables présents cette semaine dans la capitale américaine.
La ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, a ainsi estimé à 50/50 le risque que l'administration Trump ne mette à exécution cette menace.
L'ancien vice-président américain Al Gore, prix Nobel de la Paix pour son action sur le climat, s'est montré plus optimiste en jugeant qu'il y avait d'"excellentes chances" que les Etats-Unis restent dans les accords de Paris, pour une bonne et simple raison: l'économie.
"Les emplois dans le secteur de l'énergie solaire sont en train de croître à un rythme dix-sept fois supérieur à celui des créations d'emplois en général", a assuré M. Gore.
Mme Royal a elle renchéri en assurant que les Américains, aussi sceptiques soient-ils, commençaient à prendre conscience du "vrai potentiel de développement économique" dans le renouvelable ou dans les transports propres.
  - "Frilosité" -  
Minimisant la frilosité américaine, la Banque mondiale qui sonne régulièrement l'alarme sur l'impact économique du réchauffement du globe a assuré que la mobilisation financière ne devait pas faiblir. 
"Le consensus scientifique sur le changement climatique n'a pas changé avec une quelconque élection", a estimé le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim en référence à l'arrivée au pouvoir de M. Trump.
Evoquant la nécessité d'investir dans les technologies propres du futur, le dirigeant a assuré qu'une des "principales questions" reste toujours et encore le coût du financement.
"D'importants détenteurs de capital investis de manière très prudente pourraient être intéressés dans le climat mais ils auront besoin de garanties, d'atténuation des risque pour investir dans des activités liées au changement climatique dans les pays pauvres", a assuré M. Kim.
La Banque mondiale a d'ailleurs annoncé vendredi le lancement avec la société de gestion d'actifs européenne Amundi d'un fonds doté de 2 milliards de dollars destiné à émettre des obligations "vertes" pour financer des projets environnementaux.
Selon certains, la mise en retrait américaine sur le climat pourrait d'ailleurs paradoxalement intensifier la mobilisation contre le climat en déplaçant l'attention sur le secteur privé.
"Avec ce qui vient de cette administration américaine, il va y avoir encore plus de pression sur les entreprises pour qu'elles ne s'impliquent pas financièrement dans des projets néfastes pour l'environnement", explique à l'AFP Heather Coleman, directrice d'Oxfam USA pour le climat.
La France, qui avait poussé pour la conclusion de l'accord de Paris, veut en tout cas croire que M. Trump n'aura pas raison de la mobilisation sur le climat.
"Il ne faut pas qu'il y ait une personnalité, que je ne vais pas nommer, qui tout à coup jette le trouble et le doute sur cet objectif. Car c'est une évidence: il faut lutter contre le réchauffement", a assuré le ministre français Michel Sapin samedi.

le Lundi 24 Avril 2017 à 04:57 | Lu 338 fois