Singapour, Singapour | AFP | mercredi 09/01/2019 - Pour attirer encore plus de visiteurs, Singapour s'est lancée dans la construction d'une vaste zone écotouristique. Mais le projet essuie les foudres des écologistes en raison de dégâts irrémédiables sur les écosystèmes et d'un bilan déjà négatif pour la faune locale.
On l'ignore souvent, mais la cité-Etat asiatique n'est pas seulement une place financière hérissée de gratte-ciel. Avec un climat tropical humide, une partie de son territoire est couverte d'une forêt abritant une faune riche, dont des singes et des pangolins.
C'est dans l'un des secteurs les plus verts que se trouvent notamment le zoo de Singapour et deux attractions - un safari nocturne et un safari fluvial - depuis longtemps prisées des touristes étrangers comme des habitants.
Mais la jungle à proximité est en train d'être défrichée pour laisser la place à un parc ornithologique ainsi qu'à un parc dédié à la forêt pluviale et à un complexe hôtelier de 400 chambres, le tout formant un "pôle de tourisme vert" censé attirer plusieurs millions de visiteurs par an.
Ce projet dans le secteur de Mandai est loin de convaincre les organisations écologistes qui entrevoient déjà des atteintes irrémédiables à la biodiversité et l'environnement. Elles l'estiment trop imposant pour la zone et destructeur pour les habitats naturels. Toutes les précautions n'ont pas été prises autour du chantier, déplorent les défenseurs de l'environnement, notamment sur les routes d'accès où nombre d'animaux ont déjà été écrasés.
Cette controverse illustre les inquiétudes que génèrent dans un Etat qui manque d'espace le développement urbain trop rapide et la disparition de ses derniers refuges de vie sauvage.
- Lémurs volants -
"Il est évident qu'on fait fausse route si on substitue au patrimoine naturel de l'élevage en captivité", explique à l'AFP Subaraj Rajathurai, un expert singapourien des questions de faune sauvage. En l'occurrence, "la priorité était de faire de l'argent plutôt que de trouver un équilibre et de préserver la biodiversité", dénonce-t-il.
Mandai Park Holdings, qui supervise le programme, assure au contraire que son projet est raisonné et qu'il sera un facteur de progrès. Adossé à une réserve naturelle protégée, le site était depuis des années voué à un projet de développement: il est principalement constitué de villages et de terres agricoles abandonnés qui ont depuis été colonisés par la jungle.
Les travaux sont déjà bien avancés dans cette zone qui abrite des lémurs volants et des cerfs. Certaines collines défrichées sont déjà dominées par d'imposantes grues.
Mais l'inquiétude croît autour du nombre d'animaux décédés sur la route menant au zoo en raison de la déforestation. Parmi les victimes recensées par les organisations de protection de la nature, figurent des cerfs, un chat-léopard mais aussi un pangolin de Malaisie, animal classé comme étant en danger critique d'extinction.
Subaraj Rajathurai dénonce un manque de précaution, pointant notamment le fait de ne pas avoir mis suffisamment tôt des barrières de part et d'autre de la route.
"C'est fou. Il aurait été tellement simple d'éviter que cela ne se passe", dit-il.
- "Zones perdues" -
Mandai Park Holdings explique faire son maximum pour éviter que des animaux ne soient fauchés. Des barrières sont désormais en place, une passerelle de cordages a été installée pour permettre aux singes de traverser la route et des panneaux de signalisation indiquent aussi la présence d'animaux aux automobilistes.
Dans quelques mois, sera également achevé un pont permanent recouvert d'arbres et d'arbustes pour permettre aux bêtes de traverser cette route qui coupe en deux le chantier.
"Nous avons travaillé avec les associations, vraiment dès le début, pour déterminer ce que nous devions faire pour protéger les animaux et les tenir à l'écart de la route", a déclaré à l'AFP Mike Barclay, patron de Mandai Park Holdings. "Est-ce que c'est parfait? Non. Mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour minimiser" l'impact, assure-t-il.
Le nouveau parc ornithologique se substituera à un parc existant ailleurs et comptera neuf gigantesques volières. Le parc dédié à la forêt pluviale comptera un parcours pédestre dans la canopée. L'hôtel est quant à lui développé par la chaîne hôtelière singapourienne Banyan Tree.
Le projet de 126 hectares doit être achevé en 2023, soit six ans après le début des travaux. Mandai Park Holdings, filiale du fonds souverain singapourien Temasek Holdings, n'a pas dévoilé son coût.
Les animaux fauchés ne sont pas la seule source de préoccupation des organisations écologistes, qui dénoncent aussi la pollution sonore et lumineuse.
Mais les défenseurs du projet rétorquent qu'un parc d'écotourisme vaut mieux qu'une nouvelle forêt de gratte-ciel.
Pour le vice-président de la Nature Society à Singapour, Ho Hua Chew, l'ampleur même du projet constitue un revers pour l'environnement.
"Nous ne disons pas qu'il ne faut aucun développement. Nous demandons juste qu'on laisse un peu plus d'espace à la faune sauvage", dit-il à l'AFP.
"Ces dix dernières années, les projets de développement se sont accélérés. Nous nous sommes battus mais beaucoup de zones ont été perdues."
On l'ignore souvent, mais la cité-Etat asiatique n'est pas seulement une place financière hérissée de gratte-ciel. Avec un climat tropical humide, une partie de son territoire est couverte d'une forêt abritant une faune riche, dont des singes et des pangolins.
C'est dans l'un des secteurs les plus verts que se trouvent notamment le zoo de Singapour et deux attractions - un safari nocturne et un safari fluvial - depuis longtemps prisées des touristes étrangers comme des habitants.
Mais la jungle à proximité est en train d'être défrichée pour laisser la place à un parc ornithologique ainsi qu'à un parc dédié à la forêt pluviale et à un complexe hôtelier de 400 chambres, le tout formant un "pôle de tourisme vert" censé attirer plusieurs millions de visiteurs par an.
Ce projet dans le secteur de Mandai est loin de convaincre les organisations écologistes qui entrevoient déjà des atteintes irrémédiables à la biodiversité et l'environnement. Elles l'estiment trop imposant pour la zone et destructeur pour les habitats naturels. Toutes les précautions n'ont pas été prises autour du chantier, déplorent les défenseurs de l'environnement, notamment sur les routes d'accès où nombre d'animaux ont déjà été écrasés.
Cette controverse illustre les inquiétudes que génèrent dans un Etat qui manque d'espace le développement urbain trop rapide et la disparition de ses derniers refuges de vie sauvage.
- Lémurs volants -
"Il est évident qu'on fait fausse route si on substitue au patrimoine naturel de l'élevage en captivité", explique à l'AFP Subaraj Rajathurai, un expert singapourien des questions de faune sauvage. En l'occurrence, "la priorité était de faire de l'argent plutôt que de trouver un équilibre et de préserver la biodiversité", dénonce-t-il.
Mandai Park Holdings, qui supervise le programme, assure au contraire que son projet est raisonné et qu'il sera un facteur de progrès. Adossé à une réserve naturelle protégée, le site était depuis des années voué à un projet de développement: il est principalement constitué de villages et de terres agricoles abandonnés qui ont depuis été colonisés par la jungle.
Les travaux sont déjà bien avancés dans cette zone qui abrite des lémurs volants et des cerfs. Certaines collines défrichées sont déjà dominées par d'imposantes grues.
Mais l'inquiétude croît autour du nombre d'animaux décédés sur la route menant au zoo en raison de la déforestation. Parmi les victimes recensées par les organisations de protection de la nature, figurent des cerfs, un chat-léopard mais aussi un pangolin de Malaisie, animal classé comme étant en danger critique d'extinction.
Subaraj Rajathurai dénonce un manque de précaution, pointant notamment le fait de ne pas avoir mis suffisamment tôt des barrières de part et d'autre de la route.
"C'est fou. Il aurait été tellement simple d'éviter que cela ne se passe", dit-il.
- "Zones perdues" -
Mandai Park Holdings explique faire son maximum pour éviter que des animaux ne soient fauchés. Des barrières sont désormais en place, une passerelle de cordages a été installée pour permettre aux singes de traverser la route et des panneaux de signalisation indiquent aussi la présence d'animaux aux automobilistes.
Dans quelques mois, sera également achevé un pont permanent recouvert d'arbres et d'arbustes pour permettre aux bêtes de traverser cette route qui coupe en deux le chantier.
"Nous avons travaillé avec les associations, vraiment dès le début, pour déterminer ce que nous devions faire pour protéger les animaux et les tenir à l'écart de la route", a déclaré à l'AFP Mike Barclay, patron de Mandai Park Holdings. "Est-ce que c'est parfait? Non. Mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour minimiser" l'impact, assure-t-il.
Le nouveau parc ornithologique se substituera à un parc existant ailleurs et comptera neuf gigantesques volières. Le parc dédié à la forêt pluviale comptera un parcours pédestre dans la canopée. L'hôtel est quant à lui développé par la chaîne hôtelière singapourienne Banyan Tree.
Le projet de 126 hectares doit être achevé en 2023, soit six ans après le début des travaux. Mandai Park Holdings, filiale du fonds souverain singapourien Temasek Holdings, n'a pas dévoilé son coût.
Les animaux fauchés ne sont pas la seule source de préoccupation des organisations écologistes, qui dénoncent aussi la pollution sonore et lumineuse.
Mais les défenseurs du projet rétorquent qu'un parc d'écotourisme vaut mieux qu'une nouvelle forêt de gratte-ciel.
Pour le vice-président de la Nature Society à Singapour, Ho Hua Chew, l'ampleur même du projet constitue un revers pour l'environnement.
"Nous ne disons pas qu'il ne faut aucun développement. Nous demandons juste qu'on laisse un peu plus d'espace à la faune sauvage", dit-il à l'AFP.
"Ces dix dernières années, les projets de développement se sont accélérés. Nous nous sommes battus mais beaucoup de zones ont été perdues."