Rurutu, le 23 juin 2021 – À Rurutu, la fin de l'année scolaire rime avec festivités culturelles. Lors des fêtes de l'école primaire et du collège, élèves, parents et enseignants ont ainsi célébré les traditions polynésiennes. L'école primaire, qui a adopté un programme bilingue rurutu/français, a pu faire la démonstration du travail accompli, en chants, danse ou encore art oratoire.
À Rurutu, en fin d’année scolaire, les cours d'école vibrent au rythme des pa'u (tambours) et autres percussions. C’est l’heure des fêtes, tant en primaire qu’au collège. L’ambiance est festive et les parents se pressent pour voir les prestations des élèves. Si l’apprentissage de la langue rurutu est surtout à l’honneur au primaire, une transmission culturelle et une identité forte sont véhiculée pendant ces événements.
Depuis le début de l’année scolaire, l’école primaire de Rurutu s’est inscrite au dispositif bilinguisme à parité d’horaires, un programme d’enseignement dont la moitié des cours est en langue polynésienne, l'autre en français. Actuellement à titre expérimental, l'initiative cherche à faire vivre les langues polynésiennes, pour assurer leur transmission et celle du patrimoine culturel. À l'issue de cette première année à Rurutu, si le bilan officiel n’a pas encore été rendu, la fête de l’école témoigne clairement du travail accompli et du plaisir que les enfants ont pris à démontrer les savoirs acquis aussi bien en art déclamatoire, danse, chant ou percussions.
Pour la survie de la langue
Nuupure Riveta, la directrice de l’école, est enthousiasmée par le programme, qu’elle estime nécessaire pour assurer la survie de la langue et des coutumes. Elle travaille avec son équipe pédagogique et des référents culturels comme des membres du conseil des sages. Leurs échanges permettent aux uns d’apprendre des techniques pédagogiques, et aux autres d’approfondir les savoirs culturels. Pour les enseignants, le nouveau programme a demandé beaucoup de motivation et travail, surtout pour ceux ne maîtrisant pas la langue rurutu. Les obstacles actuellement sont d'une part la formation du personnel, d'autre part le développement d'outils pédagogiques nécessaires. Un travail lexical approfondi, la création d’un corps littéraire et des supports éducatifs sont en cours.
La volonté de la directrice de participer au programme s’inspire de l’exemple de l’enseignement de la langue maori en Nouvelle-Zélande, une autre langue polynésienne minoritaire. Là-bas, depuis 1987, le reo maori est reconnu comme une langue officielle, même si n'est parlé couramment que par 4% de la population. En Polynésie française, 28.2% de la population recensée en 2012 déclarait parler une langue polynésienne en famille, et 73.5% déclarait savoir lire, écrire et parler une langue polynésienne, pourtant aucun des sept langages parlés dans la région ne sont reconnus comme langue officielle. Ailleurs en France, le breton est parlé par 5.5% de la population bretonne, et reconnu comme langue régionale. Toute comme le tahitien ou le rurutu, le maori et le breton étaient des langues formellement interdites en classe autrefois, mais qui aujourd’hui vivent un engouement gratifiant. Ainsi, suivant ces exemples de langues minoritaires, des initiatives comme le bilinguisme à parité d’horaires semblent un premier pas essentiel pour assurer l’avenir des langues polynésiennes.
À Rurutu, en fin d’année scolaire, les cours d'école vibrent au rythme des pa'u (tambours) et autres percussions. C’est l’heure des fêtes, tant en primaire qu’au collège. L’ambiance est festive et les parents se pressent pour voir les prestations des élèves. Si l’apprentissage de la langue rurutu est surtout à l’honneur au primaire, une transmission culturelle et une identité forte sont véhiculée pendant ces événements.
Depuis le début de l’année scolaire, l’école primaire de Rurutu s’est inscrite au dispositif bilinguisme à parité d’horaires, un programme d’enseignement dont la moitié des cours est en langue polynésienne, l'autre en français. Actuellement à titre expérimental, l'initiative cherche à faire vivre les langues polynésiennes, pour assurer leur transmission et celle du patrimoine culturel. À l'issue de cette première année à Rurutu, si le bilan officiel n’a pas encore été rendu, la fête de l’école témoigne clairement du travail accompli et du plaisir que les enfants ont pris à démontrer les savoirs acquis aussi bien en art déclamatoire, danse, chant ou percussions.
Pour la survie de la langue
Nuupure Riveta, la directrice de l’école, est enthousiasmée par le programme, qu’elle estime nécessaire pour assurer la survie de la langue et des coutumes. Elle travaille avec son équipe pédagogique et des référents culturels comme des membres du conseil des sages. Leurs échanges permettent aux uns d’apprendre des techniques pédagogiques, et aux autres d’approfondir les savoirs culturels. Pour les enseignants, le nouveau programme a demandé beaucoup de motivation et travail, surtout pour ceux ne maîtrisant pas la langue rurutu. Les obstacles actuellement sont d'une part la formation du personnel, d'autre part le développement d'outils pédagogiques nécessaires. Un travail lexical approfondi, la création d’un corps littéraire et des supports éducatifs sont en cours.
La volonté de la directrice de participer au programme s’inspire de l’exemple de l’enseignement de la langue maori en Nouvelle-Zélande, une autre langue polynésienne minoritaire. Là-bas, depuis 1987, le reo maori est reconnu comme une langue officielle, même si n'est parlé couramment que par 4% de la population. En Polynésie française, 28.2% de la population recensée en 2012 déclarait parler une langue polynésienne en famille, et 73.5% déclarait savoir lire, écrire et parler une langue polynésienne, pourtant aucun des sept langages parlés dans la région ne sont reconnus comme langue officielle. Ailleurs en France, le breton est parlé par 5.5% de la population bretonne, et reconnu comme langue régionale. Toute comme le tahitien ou le rurutu, le maori et le breton étaient des langues formellement interdites en classe autrefois, mais qui aujourd’hui vivent un engouement gratifiant. Ainsi, suivant ces exemples de langues minoritaires, des initiatives comme le bilinguisme à parité d’horaires semblent un premier pas essentiel pour assurer l’avenir des langues polynésiennes.
Une identité culturelle bien marquée
Un point fort du spectacle de l’école d’Avera était la belle mise en scène par la classe SP/SM, d’une légende de Rurutu, ‘Ina l’ogresse cannibale, qui vivait dans une grotte sous les crêtes du Manureva, un site qui surplombe l’école aujourd’hui. Une transmission ludique de l’histoire populaire, réussie grâce au travail de la maîtresse originaire de l’île et son équipe.
Au collège, en contraste marqué avec le primaire, la langue rurutu ou le tahitien n’est enseignée qu’une heure par semaine en 6e, et devient un choix à partir du 5e, en tant que deuxième langue vivante, comme l’espagnol. Cependant, à travers les présentations de chants, danses, théâtre en anglais, espagnol et tahitien, une identité culturelle polynésienne bien marquée se faisait ressentir. Autant dans le 'ori tahiti accompagnant les chansons en anglais ou espagnol, que dans le haka réalisé par les élèves internes de Rimatara.
Pour Jacqueline Hiro, professeur de langues au collège, la journée est “un moyen pour faire comprendre aux élèves que la communication ne passe pas seulement par les langues, aussi diverses et belles soient-elles, les gestes, les messages d'auteurs, de chanteurs mais surtout par l'acceptation et le respect de la culture de l'autre”.
Impliquer les familles
L’enseignement de la langue rurutu au collège n’est pas forcément une priorité pour Jacqueline Hiro, c’est plutôt l’acquisition des outils de base, un niveau de littératie permettant aux élèves de passer leurs examens : “À mon humble avis, il faudrait renforcer la langue française que nous ne maîtrisons pas suffisamment. Les concours nationaux proposent surtout des sujets en français.” Un avis partagé par le principal de l’établissement, Christian Pethieu. En revanche, elle garde espoir pour l’avenir des langues polynésiennes : “Je fais partie de cette génération où l'on ne devait pas du tout parler en tahitien dans la cour de l'école au risque de recevoir des coups de règles sur les doigts. Très tard, j'ai appris ma langue par nécessité et pour assurer mon appartenance à mon peuple polynésien. Il n'est jamais trop tard pour apprendre.” Elle pense que c’est la responsabilité de la famille d’assurer la transmission culturelle, en impliquant les enfants dans la vie traditionnelle, comme la célébration du heiva, la préparation du umuai (four traditionnel) et l’apprentissage de la langue.
Pourtant, comme pour la journée des langues, l’expression d’une identité culturelle s’intègre informellement dans le programme du collège en divers sujets et ceci avec succès, un bel exemple est la participation des élèves du collège au JIJ2021 (Jeux Internationaux de la Jeunesse) en EPS, un concours sportif à distance, entre les collèges du monde francophone. L’école s'est hissée à la quatrième place sur 68 collèges pour sa prestation de danse, bien sûr du 'ori traditionnel, filmé sur des lieux culturels incontournables, comme les grottes et les tarodières de l’île.
Un point fort du spectacle de l’école d’Avera était la belle mise en scène par la classe SP/SM, d’une légende de Rurutu, ‘Ina l’ogresse cannibale, qui vivait dans une grotte sous les crêtes du Manureva, un site qui surplombe l’école aujourd’hui. Une transmission ludique de l’histoire populaire, réussie grâce au travail de la maîtresse originaire de l’île et son équipe.
Au collège, en contraste marqué avec le primaire, la langue rurutu ou le tahitien n’est enseignée qu’une heure par semaine en 6e, et devient un choix à partir du 5e, en tant que deuxième langue vivante, comme l’espagnol. Cependant, à travers les présentations de chants, danses, théâtre en anglais, espagnol et tahitien, une identité culturelle polynésienne bien marquée se faisait ressentir. Autant dans le 'ori tahiti accompagnant les chansons en anglais ou espagnol, que dans le haka réalisé par les élèves internes de Rimatara.
Pour Jacqueline Hiro, professeur de langues au collège, la journée est “un moyen pour faire comprendre aux élèves que la communication ne passe pas seulement par les langues, aussi diverses et belles soient-elles, les gestes, les messages d'auteurs, de chanteurs mais surtout par l'acceptation et le respect de la culture de l'autre”.
Impliquer les familles
L’enseignement de la langue rurutu au collège n’est pas forcément une priorité pour Jacqueline Hiro, c’est plutôt l’acquisition des outils de base, un niveau de littératie permettant aux élèves de passer leurs examens : “À mon humble avis, il faudrait renforcer la langue française que nous ne maîtrisons pas suffisamment. Les concours nationaux proposent surtout des sujets en français.” Un avis partagé par le principal de l’établissement, Christian Pethieu. En revanche, elle garde espoir pour l’avenir des langues polynésiennes : “Je fais partie de cette génération où l'on ne devait pas du tout parler en tahitien dans la cour de l'école au risque de recevoir des coups de règles sur les doigts. Très tard, j'ai appris ma langue par nécessité et pour assurer mon appartenance à mon peuple polynésien. Il n'est jamais trop tard pour apprendre.” Elle pense que c’est la responsabilité de la famille d’assurer la transmission culturelle, en impliquant les enfants dans la vie traditionnelle, comme la célébration du heiva, la préparation du umuai (four traditionnel) et l’apprentissage de la langue.
Pourtant, comme pour la journée des langues, l’expression d’une identité culturelle s’intègre informellement dans le programme du collège en divers sujets et ceci avec succès, un bel exemple est la participation des élèves du collège au JIJ2021 (Jeux Internationaux de la Jeunesse) en EPS, un concours sportif à distance, entre les collèges du monde francophone. L’école s'est hissée à la quatrième place sur 68 collèges pour sa prestation de danse, bien sûr du 'ori traditionnel, filmé sur des lieux culturels incontournables, comme les grottes et les tarodières de l’île.