Paris, France | AFP | mardi 03/12/2019 - La "colline du crack" peut-elle disparaître du jour au lendemain ? A Paris, un espace de repos novateur pour les accros au crack vient d'ouvrir près de leur principal repaire récemment évacué, mais des doutes émergent déjà sur l'efficacité du projet.
Des conteneurs avec lits picots, douches, sanitaires, et un suivi médico-social assuré par une quinzaine de salariés: cette salle de repos pour les consommateurs de crack a ouvert mardi dans le nord de Paris.
Situé sous le périphérique, à quelques encablures de la "colline", l'endroit ouvert cinq jours sur sept de 9H30 à 15H30, doit permettre de "se reposer pour sortir de la spirale, car pour le crack il n'y a pas de produit de substitution", explique à l'AFP Anne Souyris, l'adjointe (EELV) à la santé.
Une manière de "mettre un pied dans la porte, pour commencer à parler, entamer des démarches, sortir de la quête perpétuelle de la prochaine dose."
Doté d'un budget annuel d'un million d'euros, le dispositif fait partie du plan anti-crack adopté en juin par la mairie, l'Agence régionale de santé (ARS), la préfecture de police de Paris et celle d'Ile-de-France.
Le projet a pourtant vacillé ces derniers jours: l'ouverture a été repoussée de presque deux semaines car la situation à la colline a complètement changé début novembre.
Le démantèlement du camp de migrants voisin, porte de la Chapelle, a provoqué l'évacuation de ce terrain insalubre, haut-lieu de la consommation de crack pour des centaines de personnes en errance.
Dans la foulée, la promesse du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner de faire disparaître "d'ici Noël" ce mini-bidonville dédié à la défonce a semblé sonné le glas de la salle de repos.
Mi-novembre, le préfet de région, Michel Cadot doutait publiquement de la pertinence du dispositif.
"Ce territoire va être suivi avec une présence policière plus régulière", assurait-il. "Ce n'est sans doute pas là qu'il faut placer l'espace de repos et on pourra en avoir besoin peut-être de manière plus itinérante, et autour d'autres lieux."
Maintes fois évacuée ces dernières années, la "colline" s'est toujours reformée.
Les associations gestionnaires, Aurore et Gaïa, insistent sur la nécessité de pérenniser cette salle.
"Que les gens ne se réinstallent pas sur la Colline, d'accord, c'était un endroit complètement indigne", acquiesce Élisabeth Avril, directrice de Gaïa. "Mais il ne faut pas les empêcher d'avoir un accompagnement médico-social. Il y a environ 300 usagers SDF au minimum qui fréquentent le quartier, ils ne vont pas disparaître."
Une quarantaine de toxicomanes ont été mis à l'abri dans des hôtels sociaux début novembre. Mais si la Colline reste déserte depuis l'évacuation, c'est surtout parce que les "crackeurs" ont été repoussés dans les rues adjacentes et le métro par la forte présence policière maintenue dans le quartier.
Dans ce contexte, ouvrir une salle de repos risque-t-il de favoriser le retour des dealeurs et la reformation de ce campement de fortune? Ces derniers jours, les différentes autorités ont multiplié les réunions pour arrêter un protocole: seuls les toxicomanes accompagnés par des maraudes pourront accéder à l'espace.
"On a bien vu qu'il y avait une difficulté de compréhension entre les tenants de la logique sanitaire et ceux de l'ordre public", reprend Mme Souyris, en regrettant les "contradictions" de la législation française, qui oppose répression et réduction des risques.
"Pourtant, nous sommes tous dans le même camp. On veut éviter d'avoir une décharge remplie de tentes et des gens emprisonnés dans un mouroir", soupire-t-elle.
Pour cela, Paris s'inspire de la Suisse et de l'Allemagne, où les salles de consommation à moindre risque et les espaces de repos sont monnaie courante depuis des dizaines d'années.
"Les Suisses et les Allemands n'ont pas fait ça parce qu'ils aiment les drogués, ils l'ont fait par souci de l'ordre public", plaide l'adjointe, "satisfaite" que tous les acteurs aient finalement donné leur feu vert pour appliquer le plan anti-crack, tel qu'ils l'avaient signé.
Une première évaluation du dispositif doit avoir lieu en janvier et décidera de sa reconduction ou non. Contactée, la préfecture de police n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Des conteneurs avec lits picots, douches, sanitaires, et un suivi médico-social assuré par une quinzaine de salariés: cette salle de repos pour les consommateurs de crack a ouvert mardi dans le nord de Paris.
Situé sous le périphérique, à quelques encablures de la "colline", l'endroit ouvert cinq jours sur sept de 9H30 à 15H30, doit permettre de "se reposer pour sortir de la spirale, car pour le crack il n'y a pas de produit de substitution", explique à l'AFP Anne Souyris, l'adjointe (EELV) à la santé.
Une manière de "mettre un pied dans la porte, pour commencer à parler, entamer des démarches, sortir de la quête perpétuelle de la prochaine dose."
Doté d'un budget annuel d'un million d'euros, le dispositif fait partie du plan anti-crack adopté en juin par la mairie, l'Agence régionale de santé (ARS), la préfecture de police de Paris et celle d'Ile-de-France.
Le projet a pourtant vacillé ces derniers jours: l'ouverture a été repoussée de presque deux semaines car la situation à la colline a complètement changé début novembre.
Le démantèlement du camp de migrants voisin, porte de la Chapelle, a provoqué l'évacuation de ce terrain insalubre, haut-lieu de la consommation de crack pour des centaines de personnes en errance.
Dans la foulée, la promesse du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner de faire disparaître "d'ici Noël" ce mini-bidonville dédié à la défonce a semblé sonné le glas de la salle de repos.
Mi-novembre, le préfet de région, Michel Cadot doutait publiquement de la pertinence du dispositif.
"Ce territoire va être suivi avec une présence policière plus régulière", assurait-il. "Ce n'est sans doute pas là qu'il faut placer l'espace de repos et on pourra en avoir besoin peut-être de manière plus itinérante, et autour d'autres lieux."
Maintes fois évacuée ces dernières années, la "colline" s'est toujours reformée.
- "Contradictions" -
Les associations gestionnaires, Aurore et Gaïa, insistent sur la nécessité de pérenniser cette salle.
"Que les gens ne se réinstallent pas sur la Colline, d'accord, c'était un endroit complètement indigne", acquiesce Élisabeth Avril, directrice de Gaïa. "Mais il ne faut pas les empêcher d'avoir un accompagnement médico-social. Il y a environ 300 usagers SDF au minimum qui fréquentent le quartier, ils ne vont pas disparaître."
Une quarantaine de toxicomanes ont été mis à l'abri dans des hôtels sociaux début novembre. Mais si la Colline reste déserte depuis l'évacuation, c'est surtout parce que les "crackeurs" ont été repoussés dans les rues adjacentes et le métro par la forte présence policière maintenue dans le quartier.
Dans ce contexte, ouvrir une salle de repos risque-t-il de favoriser le retour des dealeurs et la reformation de ce campement de fortune? Ces derniers jours, les différentes autorités ont multiplié les réunions pour arrêter un protocole: seuls les toxicomanes accompagnés par des maraudes pourront accéder à l'espace.
"On a bien vu qu'il y avait une difficulté de compréhension entre les tenants de la logique sanitaire et ceux de l'ordre public", reprend Mme Souyris, en regrettant les "contradictions" de la législation française, qui oppose répression et réduction des risques.
"Pourtant, nous sommes tous dans le même camp. On veut éviter d'avoir une décharge remplie de tentes et des gens emprisonnés dans un mouroir", soupire-t-elle.
Pour cela, Paris s'inspire de la Suisse et de l'Allemagne, où les salles de consommation à moindre risque et les espaces de repos sont monnaie courante depuis des dizaines d'années.
"Les Suisses et les Allemands n'ont pas fait ça parce qu'ils aiment les drogués, ils l'ont fait par souci de l'ordre public", plaide l'adjointe, "satisfaite" que tous les acteurs aient finalement donné leur feu vert pour appliquer le plan anti-crack, tel qu'ils l'avaient signé.
Une première évaluation du dispositif doit avoir lieu en janvier et décidera de sa reconduction ou non. Contactée, la préfecture de police n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.